Chère L*,

La discussion en cours sur l'écriture inclusive me rappelle ton mail personnel d'avant le vote pour le nouveau nom des EAT. Et comme ma réponse s'inscrit dans ce débat...

J'y ai longuement réfléchi, la preuve ;-) Tu me demandais si ça me dérangeait de passer à "Les écrivaines et les écrivains associés". Oui, mais pas plus que cela. Et beaucoup moins que ça ne m'a, disons, amusé.

Les femmes, du moins celles qui étaient pour ce changement de nom, se sont fait rouler dans la farine.

C'est que les hommes veulent bien que les femmes soient l'égal des hommes. Mais ils ne veulent pas que les hommes soient l'égal des femmes.

La preuve ? Pourquoi n'a-t-on pas changé l'intitulé par "Les écrivaines du théâtre" ? Moi, ça ne m'aurait pas dérangée.

Examinons toutefois la formulation en question...

"Les écrivaines et les écrivains" : bien, voilà qui commence bien, semble-t-il, du moins pour celles qui veulent être appelées ainsi. Remarquons toutefois que c'est faire violence à toutes celles qui ne veulent pas être appelées ainsi. Il serait donc plus juste de dire "Les femmes écrivaines et les femmes et hommes écrivains".

Et c'est là que des femmes sont roulées dans la farine, c'est là que le principe masculin finit par l'emporter sur le principe féminin, in cauda venenum : "associés".

Car il eût été plus juste de dire : "Les femmes écrivaines associées et les femmes et hommes écrivains associés". Ç'eût été chargé la mule ? Et pourquoi pas le mule ?

Alors que faire pour avoir un titre qui soit plus juste (mis à part celui de départ) ? Qu'importe. On ne va pas changer à nouveau. Parce que notre indolence l'emporte.

Et de toute façon, ce "combat", et cette controverse, d'une minorité de gens au sein d'une seule langue (!!) elle-même minoritaire, est déjà dépassé.

Car à l'heure où certaines sont tout fières d'avoir genrés, on dégenre de tous côtés. Enfin, parmi les minorités. Autrement dit, le sexe n'a plus beaucoup d'importance. Sauf qu'il reste beaucoup à gagner pour les dominés contre les dominants. Et les dominantes.

Bien à toi,

Papy.