Mot-clé - Papy´s Papers

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lundi 13 février 2023

Vite !

Je me sens complètement à la ramasse.

Je suis encore endormi alors que je suis réveillé depuis trois heures. J'ai pourtant dormi assez, près de huit heures ininterrompues, comme une masse.

Puis j'ai bu deux grandes tasses de café, rédigé la critique ci-dessous et un long mail analytique à un ami qui souffre des relations avec son fils.

J'ai l'impression d'avoir été projeté butalement hors d'un monde. Quel monde ? Le monde des images, le monde de la tétine.

Vite, vite, des images, un déferlement d'images, de la musique, une bande sonore, un B.O. frénétique, du bruit, que je retouve une cohérence interne dans l'incohérence des fragments de ma vie intérieure.

samedi 21 janvier 2023

Betipul = psychothérapie.

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BETIPUL saison 2, série israëlienne de 35 épisodes de 30' environ, est diffusée sur Arte à partir de ce samedi !

Quand j'ai vu cela, j'ai laissé tomber tout le reste. La saison 1 était tellement intelligente et bienfaisante de bout en bout que j'étais impatient de découvrir si ce serait encore le cas avec la suite.

Le dispositif est très simple. Le lundi, l'analyste (un monstre sacré de sensibilité) reçoit une ancienne patiente d'il y a quinze ans. A l'époque, elle avait 24 ans, elle l'avait consulté car elle était tombée enceinte et se demandait si elle allait garder l'enfant ou pas.

Le mardi, c'est un couple séparé et en instance de divorce. Ils viennent avec leur unique enfant, un garcon de 12 ans qui a des problèmes alimentaires depuis leur rupture.

Le mercredi, c'est un élégant patron d'une grande entreprise. Il a 63 ans et des crises d'angoisse terrifiantes.

Le jeudi, c'est, mon dieu, c'est, ah la la, c'est terrible, c'est une étudiante en avant-dernière année d'archi aux Beaux-Arts de Tel Aviv. Elle est canon, intelligente, belle. Mais elle, alors là, c'est elle qui m'a fait sangloter le plus, car elle.

Le vendredi, c'est sa psy qui le supervise. C'était l'une de ses profs de fac et puis directrice de thèse. Elle le trouvait très doué ; et elle ne se trompait pas. Quel mec !

>cliquer ici pour betipuler tout de suite<

Le remake américain de la saison 1 est très bien. La saison 2 est laborieuse. Quant aux saisons 3 et 4, c'est la cata. Tant et si bien que je n'ai jamais pu regarder complètement la 3 et qu'après deux épisodes, j'étais écoeuré de la 4.

Le remake francais de la saison 1 est très bien. Frédéric Pierrot, Mélanie Thierry, Reda Kateb, Clémence Poésy, Carole Bouquet sont à fond dans leur rôle. Mais Céleste Brunnquel crève l'écran.

La saison 2 est indigeste, j'ai arrêté après quelques épisodes. Eye Haïdara n'est pas crédible. Charlotte Gainsbourg est complètement perchée, ça ne nous change pas. Et puis Jacques Weber, que ce soit au cinéma ou au théâtre, c'est pareil, toujours le même sous-texte simpliste : Moa, Moa, Moa.

vendredi 20 janvier 2023

rencontre sympa

Je ne vois pas son visage. Elle a un masque. Cette fille a une coiffure très belle, comme de courts cordons, d'un centimètre de diamètre environ.

Comme si elle concentrait avec ce bouquet d'antennes des forces telluriques. Il lui a fallu des années de patience pour arriver à ce résultat.

Elle me laisse la photographier mais je ne lui ai pas demandé l'autorisation de publier ces photos. Je pense qu'elle n'aurait pas voulu risquer de diluer son pouvoir magique.

jeudi 19 janvier 2023

...

grève du vieillissement

mercredi 18 janvier 2023

FNAC. Retrait gratuit.

- Non mais ils sont crétins mais alors crétins de chez crétins ! Vous vous rendez compte ? Vous commandez dans un magasin, et on vous dit que, si vous allez chercher votre marchandise, en ayant payé d'abord, vous pourrez la retirer gratuitement. Gra-tui-te-ment.

- Profitez-en. Pour une fois qu'il y a quelque chose de gratuit. Toujours à se plaindre et à râler. Je ne vous demande pas ce que vous diriez si on vous annonçait que c'est payant.

mardi 17 janvier 2023

Marcel Proust, La fabrique de l'oeuvre, exposition à la BNF.

- Marcel ! Non, mais allô, quoi ! Qu'est-ce qui peut y avoir de commun entre un type qui s'appelle Marcel et Proust ! Marcel !! Ne me dites pas que ça ne vous fait pas penser à Ginette, au camembert et aux valses musettes de chez Gégène ! Et pourtant, voilà, c'est bien ça, c'est pas une erreur, c'est Marcel Proust. Sans accordéon et sans saucisson.

- Et La fabrique de l'oeuvre, c'est chauffe Marcel.

lundi 16 janvier 2023

patraque

pas tracks

dimanche 15 janvier 2023

au restaurant les Cent Kilos

  • TheFork annonce.

Les Cent Kilos de Paris By Les Cantiniers • 7,1/10

2 Rue de la Folie Méricourt, 75011 Paris

Prix moyen 20 €

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  • J'y vais, je pars, j'écris.

15 janvier 2023 • 2/10

A éviter. Arrivé à 13h30, servi à 14h20 ! Tartare "thaï préparé" ? A peine quelques oignons cuits saupoudrés sur le dessus. Frites froides donc je demande à ce qu'elles soient changées : on m'en rapporte des... tièdes, et la moitié a disparu. Eau ? pas de carafe. Pain ? pas de pain. Cent kilos ? plus de Cent kilos. A fuir.

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  • Je me surprends, je m'interroge.

C'est comme s'il y avait une petite zone de colère. En dehors, c'est froid, c'est cool. En dedans, c'est brûlant, c'est colère. Ma propre critique me met en colère plus que la situation elle-même. Pourtant, elle est juste.

Mais.

C'est comme si, peut-être, obligé par le système de TheFork, je devais ne pas parler du reste : les deux serveuses qui courent en terrasse, courent à l'intérieur, courent au premier étage. Et elles grimpent les escaliers et les dévalent, car la cuisine est au premier étage. Et au comptoir, un seul mec pour les aider, tout petit, tout maigre, qui ne cesse de courir aussi. Quelquefois un client râle, descend, réclame le verre de vin qu'il a commandé depuis un quart d'heure. Voilà monsieur. Tout de suite. Et puis l'un des cuisiniers descend aussi. Il lui faut ceci, cela. C'est un Noir. J'imagine que les autres sont des Paki, comme à peu près partout. Des étudiants, des Noirs et des Pakis. Sous-payés. Alors le patron n'est pas là, bien sûr, ou alors il se cache bien. Son restaurant est plein. Il faudrait deux fois plus de personnel. Et alors on râle, et alors je râle. Et comme il faut bien râler contre quelqu'un, on râle contre les esclaves, et on ajoute encore de la douleur à leur condition. Eux, elles, ils aimeraient bien aller plus doucement, avoir le temps de parler au client. Non. Rien. Pas un mot. Rester concentré, concentré. Pas de plateau. Courir, courir, hop, hop, hop, hop.

Cent Kilos de colère.

samedi 14 janvier 2023

Prince Harry, le Suppléant.

C'est bizarre. Tout nous sépare, et pourtant, je ressens un lien profond avec lui. Peut-être est-ce nos situations principales qui sont similaires.

Sa mère était divorcée, la mienne aussi. Elle avait deux enfants, la mienne aussi. Elle est morte à 36 ans, la mienne aussi. Son père l'a rendue malade et à moitié folle, la mienne aussi. Sa mère était une Princesse, la mienne aussi.

C'est écrit simplement, sans embarras de littérature, mais au plus proche de ses émotions et sentiments. Son écriture est sans recherche d'effets, et j'ai senti plusieurs fois poindre les larmes ; surprise.

Meghan Clarke et le Prince Harry ont beaucoup de chances de s'être rencontrés. Et ne me dites pas que c'est à cause de leur statut de star. La plupart d'entre elles ont un grand nombre de ruptures à leur actif ; ou passif.

Une belle histoire d'amour avec la volonté de surmonter les obstacles ; nombreux.

Je suis assez pataud pour "critiquer" ce livre. Je ne suis pas habitué à une expression aussi simple et pas du tout simplette. Au contraire : profonde, intelligente, amicale ; et avec une sorte d'élan vital joyeux mais solide.

Un homme qu'on a envie de connaître. Encore mieux.

vendredi 13 janvier 2023

les Iraniennes en débat à la Société des Gens de Lettres

La première Iranienne à exiger sa liberté le fit au milieu du XIXè siècle, en montrant son visage, dans une assemblée composée exclusivement d'hommes. Cet évènement fut tellement suprenant que certains tombèrent dans les pommes.

Et la femme fut arrêtée, baillonnée, jetée en prison, puis, sans le moindre procès, même pas factice, fut étranglée, lacérée et jetée aux ordures.

Voilà du moins l'histoire que nous a racontée une écrivain iranienne qui vit en France.

Femme, Vie, Liberté.

Ce qui est un peu "rassurant" dans le mouvement actuel de rébellion, c'est que le rejoignent les gens qui en ont assez du régime sur le plan économique alors qu'ils le soutenaient sur le plan de la religion - et de la place minime et injuste où il parque les femmes.

Femme, Vie, Liberté.

mercredi 11 janvier 2023

Encore le Dixième.

(voix intérieure)

... je me demande comment ça se passe... ce n'est pas la même chose si on est la première victime ou l'une des suivantes... ou la dernière... avoir la responsabilité de pousser le premier cri... qu'il soit assez fort pour alerter tout le monde... audible de partout malgré ce brouhaha matinal... est-ce possible ?... ou faut-il qu'il y ait plusieurs cris de nature forcément différentes ?... la Gare du Nord, la principale gare d'Europe... et voir tout à coup un poignard surgir... ou ne même pas le voir... ou le voir trop tard avec stupeur... comme ça... sortant du bruit ambiant... fendant la foule... j'imagine que cela se passe au rez-de-chaussée... du côté des RER et des trains de banlieue... 700.000 personnes par jour... jamais de problèmes... enfin, pour nous... des problèmes à notre portée en quelque sorte... et puis... le cri le noir...

mardi 10 janvier 2023

Tant qu'on a du vocabulaire, tout n'est pas perdu.

épuisé
brisé
cassé
laminé
foutu
pressuré
défait
battu
vaincu
terrassé
endormi
mort
fatigué
grelu

lundi 9 janvier 2023

les maths sont à nous

Depuis samedi soir, je broyais du noir jusqu'à un trou noir, et un trou-trou, pas un trou-tuyau.

Je n'avais toujours aucune réponse du gardien disparu mystérieusement.

J'avais vu une pièce de théatre au Rond-Point mais très médiocre malgré l'excellence de Manon Clavel, le jeu intéressant mais un peu figé d'Isabelle Carré et Yannick Choirat qui s'en sortait bien malgré son mauvais rôle.

C'est une mise en scène tirée au cordeau de Sylvain Maurice. Et justement, c'est là le principal péché de la pièce, seule Manon Clavel arrivait avec beaucoup d'énergie à se tirer de ce carcan. De ce fait aussi, le texte de Martin Crimp paraissait un peu vieillot.

Il eût fallu laisser les acteurs plus libres plutôt que de les obliger à jouer autour d'une table rectangulaire qui devenait ainsi le principal personnage de la pièce et la lestait de son inertie.

J'avais déjeuné tardivement, vers 18h, chez Ilyes. J'étais seul avec lui et Nadir. Leur patron a augmenté tous les plats... sauf eux. Ils travaillent pour des salaires de misère six jours sur sept.

Après, il y a bien eu le regard intéressant de la jolie Libanaise. Mais bon, nous savons tous deux qu'il est là pour tout ce qu'elle voudrait me dire (de banal) mais ne peut car ne comprend guère le français.

Je m'étais aussi déconnecté de la série Gomorra, interminable chapelet de traîtrises et coups fourrés, de coups de feu et meurtres divers. Mais les acteurs ont une telle présence et la photo sont si belles qu'il n'y a pas moyen de s'en détacher.

Voilà sept jours que cela durait, et je n'en étais pas encore à la moitié. Alors, j'ai actionné le bouton d'éjection de la série, j'ai regardé le dernier épisode, et, ouf, délivrance accordée.

Alors, ce matin, j'avais encore envie de mourir ; encore et plus fort que jamais. Et j'ai décidé de me remettre aux maths après grosso modo vingt ans d'interruption, et j'ai tout de suite été mieux.

Sauf que j'ai été très triste d'apprendre la disparition en même temps que son existence de la brillantissime Maryam Mizrakhani, mathématicienne iranienne. A 40 ans. D'un cancer du sein.

C'est la première fois qu'un documentaire biographique me fait pleurer.

Dix ans d'activité, seulement. Bien qu'elle ait commencé à publier alors qu'elle était encore étudiante. Première femme à avoir reçu la médaille Field, on a baptisé le théorème qu'elle a inventé le "Théorème magique".

Vous pouvez retrouver ce film, "Les secrets de la surface - Les mathématiques selon Maryam Mirzakhani" sur arte.tv . Une femme lumineuse : bonheur de ceux qui l'ont connue, douleur de l'avoir si tôt perdue.

ici

dimanche 8 janvier 2023

Temps Universel

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Des fois, je suis écrasé par ce mystère. Heure d'été ? Heure d'hiver ? Quelle est la bonne heure sur laquelle l'autre se régle, en plus ou en moins ? Alors, j'ai réglé mon four sur l'heure universelle. Comme ça, l'heure des repas est assurée. Pour le reste, eh bien...

© photo NASA James Webb

samedi 7 janvier 2023

chez Nicolas

Il y a trois jours, le mercredi soir, j'avais une dette de 0,2 € sur 8,95, une bouteille extra-dry. Le vendeur, à contre-coeur, ayant déjà enregistré l'achat, avait accepté de me laisser partir. Vraiment à regret. Tout en lui témoignait de la perte kooloossaalee qu'il venait de subir sans espoir de restauration intégrale. Car quand bien même je lui réglerai, dès le lendemain, promis, je ne pourrai pas, jamais, l'indemniser pour la douleur de l'attente peut-être interminable, peut-être vaine. Si malgré ce que j'avais dit, je ne revenais pas. Ou si j'attendais 20 ans pour le régler, 1 centime par an ?

Pauvre homme !

Conscient de la laurde responsabilité que j'avais prise en contractant, conscient que la vie d'un homme étéi entre mes mains, je décidai de partir chez la kinée une demi heure plus tôt le lendemain afin de pouvoir faire un détouur par mon bureau de poste ou j'irai chercher de l'argente frais? Pourvu que je lui demancde de relier tout de suis mon billet à un incnnu, ou, miueux à quelqu'un qui figurerait en bonne place sur sa liste de personnes peu amicales voirer franchement hoostiles?

Conscient de la lourde responsabilité que j'avais prise en contractant cette dette, conscient que la vie d'un homme était entre mes mains, je décidai de partir chez la kiné une demi heure plus tôt le lendemain, afin de pouvoir faire un détour par mon bureau de poste, où j'irai chercher de l'argent frais.

(Voilà une expérience d'écriture intéressante. Relisant cela que j'ai écrit hier soir dans un état de grande fatigue, je n'y comprends absolument rien. Rien. "Pourvu que je lui demande de relier tout de suis mon billet à un incnnu, ou, miueux à quelqu'un qui figurerait en bonne place sur sa liste de personnes peu amicales voirer franchement hoostiles?". Continuons, si je comprends, un jour, je vous le dirai.)

Après quoi, j'allai le régler, mettre fin à ce dérèglement que j'avais introduit dans l'ordre du monde.

C'était fermé.

Mer. !

Pendant la semaine, Nicolas est fermé l'après-midi. Pitin ! Et ce soir, je ne pourrais pas passer, je vais aux Voeux du maire du XIè. Tant pis, je ne pourrais pas tenir parole. Heureusement, je suis bien équipé, d'un stylo-bille et d'un bloc. Je laisse un message.

"Je suis venu comme promis vous régler les vingt centimes. Hélas, j'ignorais que c'était fermé l'après-midi. Je repasserais dans les prochains jours. Papy Duchmoll."

Le vendredi, j'y pense parfois.

Le samedi, impossible de retarder plus longtemps, le gars va devenir fou, j'y vais.

- Bonjour ! Oui, monsieur, je peux vous aider ?
- Bonjour. C'est pour les vingt centimes que je vous dois.

- Ah, les vingt centimes ! C'est très correct de votre part d'être passé. Et j'avais trouvé votre petit mot sous la porte glissé d'une main ferme, ni trop près ni trop loin. C'était très courtois. Alors c'est pour moi.
- Ah non !

- Si, si, j'insiste
- Mais non, j'apprécie votre geste mais écoutez espèce de cornichon à triple vessie édulcorée, ne croyez pas que vous allez vous offrir autant de noblesse à si peu de frais. Vous m'avez fait quitter mon domicile uene demi-heure plus tôt pour ne pas risuq risquer d'a d'e d'être en retard chez ma kiné au cas om où o il u i t u y aurait des clients, vous m'avez on on on- ol oc ox c v nb oblid obligé à prendre de l" l'art l'arh l'argent o oi ici ^m ^p plutôt que làç- li lç l! là) là-n lç là-bas, vous m'é m'avr m'avi m'ac m'avez obligé à imaginer l'horrue absoul a l'j l'horrue l'i l'horru l'horru l'horra l'j ' l'j 'l l'horreur climatique qui attendi attend toute cette jeuness jeunesse, des milliers d'enfts d'enfntas enfants promis à une précoce desturction destri destruction, vous ' m'avez obligé à vous laisser un mot, nou vous m'avez obligé à me culpabiliser hier, vous m'avez obligé à passer ce matin, et tout cela, ce serait pour rien ?

(Eh bien, l'être qui a suivi cette discussion jusqu'au bout, en souriant, est exceptionnel.)

- Bon, bon, d'aiccord d'accord, j'aixx accpte accpete accepte.

vendredi 6 janvier 2023

Sauver les détails, SLD.


## Jeudi

Rue Traversière

  • Des dizaines, des centaines d'enfants, en rangs par deux ou trois, qui se tiennent par la main. Deux colonnes qui se rejoignent à hauteur du Laboratoire sans s'arrêter et prennent la rue Traversière. Ils parlent, ils pépient, ils sont enchantés. Ils nous enchantent. En CP. De petites flûtes insouciantes.

- Ils vont du 15/20 à une cérémonie du 15/20, m'explique une grande brune qui les accompagne.

Je n'y comprends rien mais elle est déjà partie, emportée par le flux enfantin.

La Poste

  • Un bref instant, la grosse dame me regarde. Suis-je un client ou un malfrat ? Vais-je lui demander des choses faciles ou pas ? Je me dirige vers le distributeur. Je ne lui parle pas, elle ne me parle pas. C'est le temps de la raréfaction de la parole.

Rue Traversière

  • Les rues semblent vides sans tous ces enfants qui ont disparu. Où ? Il faudrait faire un spot publicitaire pour les grandes causes.

Des dizaines, des centaines d'enfants, en rangs par deux ou trois, qui se tiennent par la main. Et ils marchent, ils marchent. Ils parlent, ils pépient, ils sont enchantés. Ils nous enchantent. De petites flûtes insouciantes. Nous nous rapprochons de la tête du défilé, et nous voyons qu'elle disparaît au fur et à mesure sans un cri, en continuant à papoter, dans le vide. Et l'abyme dévore, dévore, les enfants jusqu'au dernier. Slogan de fin du monde.

Ce que vous ne faites par pour eux aujourd'hui, vous n'aurez plus le temps de le faire demain.

Chez Nicolas

  • La boutique est éteinte, ah zut ! J'étais allé chercher de l'argent à la Poste, cette Poste-là, sinon cela aurait pu attendre, spécialement pour lui. Hier, il me manquait 0,20 euros pour une bouteille de spumante à 8,95. On aurait dit que je lui arrachais le coeur.

- Vous comprenez, s'il manque vingt centimes à ma caisse, c'est retranché directement sur mon salaire.

Je lui dis qu'il n'a pas à s'en faire, que je ne vais pas me brouiller avec un voisin pour vingt centimes. Il me regarde, les mots lui manquent, supplication muette.

Ne partez pas, monsieur... Ne partez pas avec ma bouteille... Cherchez bien... Dans toutes vos poches... Non ?

J'aurais pu lui donner ma carte bleu mais bon quand même pour vingt centimes...

On voit bien que ce ne sont pas les vôtres !

Je ne peux pas revenir aujourd'hui. Je lui laisse un mot.

Je repasserai dans les prochains jours.

C'est peut-être un obsessionnel. Cela va le tracasser. De plus en plus. Il va ne plus penser qu'à cela. Il ne va plus manger.

- Qu'est-ce que tu as mon chéri ?
- Rien... Rien...
- C'est ce client ?

Pas de réponse. Blanc. Comme le petit papier que je glisse sous la porte de la boutique éteinte.

Métro

  • Une jeune Américaine, disons 15 ans, qui se prépare, non sans souffrir, à être rondelette comme sa mère à ses côtés. Déjà, de profil, son visage semble gagné par la graisse. Elle se tient droite. Son profil lui a échappé en quelque sorte.

Cabinet Kiné

  • Je suis content de la revoir. Elle aussi. On parle, on parle. Elle m'offre un chocolat en partant.

Truck Food

  • Ah, je respire, ouf, je suis content, enfin, ça fait du bien, je bois ses paroles, oh, ah, mon Dieu, quel bonheur, c'est pas vrai, mais si, un Paki qui parle français, et bien ! C'est le premier que je rencontre à Paris. Le-pre-mier !!

Boulangerie Mamiche

  • Une longue queue de diabétiques (actuels ou bientôt) déborde de la boutique, de quatre à cinq mètres. C'est la file des addict aux succulentes sucreries de ce spécialiste de la farine et du sucre.

Bibliothèque Parmentier

  • La femme qui range les livres, une blonde fâcheuse, me répond en aboyant quand je lui demande où sont les Lucky Luke.
  • La camionneuse annonce la fin en tonitruant. Sa voix écrase tous les petits bruits comme un hélicoptère.
  • Un homme me fait peur en chuchotant qu'Il faut partir, monsieur.

Mairie XIè

  • Il a peut-être deux ou trois centimètres de plus que moi mais j'ai l'impression qu'il en a trente. C'est un policier municipal. Pourtant sympathique, athlétique et souriant, il ne m'inspire confiance qu'à moitié, il a un revolver, il pourrait devenir soudain fou, le tirer et tirer.

- Ah, les voeux du maire, c'est pas ici, monsieur. C'est à la salle Olympe de Gouge. Vous connaissez ?

- Non.

- Alors, c'est au 15, rue Merlin. Vous prenez là, à gauche, vous remontez, et à 200 mètres, vous avez la rue de la Roquette, juste après le square. Vous voyez le square ?

- Oui.

Ne pas trop en dire mais laisser un bon souvenir en ajoutant :

- Alors, Bonne Année à vous.

- Merci ! A vous aussi !

Pour une fois, cette formule passe-partout sert à quelque chose, peu de chances qu'il me tire dessus après cela.

Rue de La Roquette

  • 200 mètres ! Pour les policiers municipaux au pas athlétique, sans doute. 200 ? 400 ? 600 oui. Si ce n'était pas aussi loin, je retournerais le lui dire !

Salle Olympe de Gouges

  • Olympe habite en enfer au milieu d'un parc désert. Seul un vieux couple avance lentement, très lentement. Pour eux, la mairie doit être à 6 kilomètres. Quand ils y arriveront le gentil policier sera parti. Ah ! j'ai oublié de lui demander son prénom.

- On n'a jamais vu ça, un type qui demande son prénom à un policier.

- On n'a jamais vu ça, on n'a jamais vu ça ! Et alors ? Comme ça vous l'aurez vu ! Bon sang ! Non mais c'est vrai quoi. On court toute la sainte journée après ce qui est nouveau, ah nouveau, oh nouveau, et à côté de cela, il faudrait que rien ne change.

Olympe est en enfer. On descend, on n'arrête pas de descendre. Premières personnes à l'accueil, avec des listes par nom.

- Pas la peine, entrez tout de suite.

Encore un couloir. Puis encore une pièce assez grande où l'on s'agite. Puis un immense gymnase, immense. De quoi faire des compétitions de char à voile, bruit mélodieux de la mer, cris des mouettes, et le vent, le vent... Mais sur la scène, une centaine de personnes entourent l'élu des dieux, vox populi, vox dei. Le maire est un homme encore jeune, à la voix ferme et bien posée.

Je l'écoute environ dix minutes.

Je m'en vais.

Gomorra

La Camora organise le marché interdit.

Ce n'est pas elle qui commande.

C'est le client.

Eux s'entretuent pour le servir.

jeudi 5 janvier 2023

croyance et croyances

Je suis sonné. Trop d'émotions. Gomorra, la série. Personnages très forts. Acteurs très forts. Meurtres, meurtres, meurtres. Meurtres. Réalisation parfaite. Si bien que nous ne voulons pas en manquer une seconde, même s'ils ne parlent pas pendant des plombes, ce qui est le plus fréquent.

Qu'est-ce qui agit dans la fiction ? Nous savons que ce sont des acteurs, qu'il y a des micros et caméras partout, que beaucoup de plans sont tournés en studio, et pourtant nous y croyons ; comme dans les histoires écrites. D'ailleurs, nous sommes furieux ou du moins arrêtons le film ou la lecture quand cela devient trop peu crédible (sauf poésie s'entend).

Qu'est-ce qui agit dans la fiction ? C'est une question banale mais personne n'y a encore répondu de manière satisfaisante (que je sache).

Et c'est pourtant une question radicale car

NOUS CROYONS À NOTRE PROPRE PASSÉ.

mercredi 4 janvier 2023

la mère appelle

Hantes-Wihéries

La mère appelle la nuit. Une fois ou deux, trois, quatre fois. Elle a perdu sa petite croix. Ou elle ne retrouve plus une page de son livre. Celui qu'elle écrit depuis des années. Celui qui va nous sortir de là. Lame de fond.

La mère appelle faiblement. Jean, Jean. Il faut beaucoup de temps à Jean pour réaliser. Quelquefois, c'est Pierre qui l'appelle Jean ! Jean ! maman appelle.

Je me lève puis je m'éveille, tant j'ai sommeil. Je vais comme une machine. Mode somnanbule. Qu'est-ce qu'il y a maman ?

Elle grommelle, elle balbutie, elle attend les mots, elle les appelle, il ne viennent pas, alors elle n'a plus qu'un mot en mémoire qui vaudra bien tous les autres, un mot magique, Jean, Jean. Je suis le mot magique de ma mère.

Je me lève puis je m'éveille, une fois, quatre fois. Ça recommence toutes les nuits.

Je suis deux. Je suis ce somnambule vu par moi. Je suis celui qui vais comme dans un rêve et celui qui veille tout le temps. C'est encore confus, pardonnez-moi. Il faut que je clarifie tout cela, que je m'acharne à évider cette terre massive qui nous sépare de vous.

Ce qui a détruit ta vie, c'est l'histoire que tu n'as pas racontée, dit un auteur écossais qui eut une enfance misérable, mais qui ?

mardi 3 janvier 2023

Anniversaire à l'italienne.

Je suis encore choqué. Depuis hier, je ne sais pas s'il faut rire ou pleurer. C'est terrible. Je me demande combien de personnes âgées vivent cela. Ou est-ce propre à l'époque ? Ou tout simplement, est-ce le fait d'une seule personne ?

Franchement, c'est très traumatisant. Est-ce que je n'exagère pas ? Devrais-je prendre cela plus à la légère ? Ce n'est pas grand chose finalement. Quoique, symboliquement...

Bon, alors, voilà les faits.

Ma filleule de 32 ans vit en Italie. Elle est bac+14, elle a un bon poste, un CDI, et elle vient d'acheter son appartement : deux chambres, une large cuisine entièrement équipée, un large séjour, une salle de bains avec baignoire et jacuzzi, toilettes séparées, buanderie, double-vitrage et climatisation, chauffage central pour l'immeuble plus chauffage individuel d'appoint ; bar ouvert avec vodka, gin, prosecco, aperol (spritz), aquarium et musique d'ambiance ; vue imprenable ; situé dans le centre historique, donc le quartier le plus cher, de cette petite ville très prospère du nord de l'Italie.

En 2020, elle m'a fait un cadeau : un sac en coton, sans autre particularité que d'être publicitaire et offert gratuitement aux bons clients ; tout simple, standard, comme on en voit des millions actuellement, enfin c'est passé de mode, heureusement, c'est le cheap du cheap, le cheaptel pour ainsi dire, ça ne veut rien dire, mais c'est pour dire.

Bon. Admettons. Elle n'était pas encore en CDI. Bon. Elle risquait pas grand chose. Mais admettons. Soyons cool, soyons Raoul. Elle est de nature très inquiète, contrôle maximal, avenir incertain, précarité générale, fascistes au pouvoir, pape chancelant, mafias grandissantes, la N'Dranghetta à Milan et dans tout le Nord de l'Italie, et dans toute l'Europe, d'ailleurs. Passe pour un sac en tissu, son deuxième cadeau.

Le premier cadeau, c'était il y a quatre ans. Quand elle était venue faire un stage à Paris. Un magnet qui ne permet de rien magnetter avec. Trop fragile. Ouais. Bon. Etudiante, Raoul. Une étudiante ayant loué tout un appart. Mais bon, c'était ses parents qui payaient, disons. De plus, c'était un magnet Cézanne, Les fumeurs de pipe, genre 3,75 € sur eBay. Bon, OK, sur eBay. Disons 5 € en boutique de musée, d'autant qu'il était minuscule et de mauvaise qualité. Après quelques mois, cassé.

Deuxième cadeau, ce tote bag, nom officiel, trois ans plus tard.

Troisième cadeau, arrivé hier. Mais annoncé depuis près d'un mois avec ce mail :

"Joyeux anniversaire Papy ! Comme je t'avais peut-être déjà dit, dans le nord de l'Italie le 13 décembre, Sainte Lucie apporte des cadeaux aux enfants. Je ne sais pas si elle arrivera à Paris à l'heure aujourd'hui, mais même si seulement pour une petite pensée, je sais que elle viendra chez toi. Bacio"

Et cela vaut tellement la peine que le lendemain, elle m'envoie un autre mail :

"La commerçante qui m'a vendu le petit cadeau, lorsqu'elle a appris qu'il se dirigeait vers Paris, m'a demandé de lui envoyer une photo du propriétaire avec son objet dans un contexte franchement parisien. si tu veux la rendre heureuse, je lui tirerai la photo. en espérant que le colis arrive bientôt."

Mignon. Ça doit être bien. Mais ça n'arrive pas. Sept jours plus tard... mail du 20 décembre :

"Est-ce que tu as reçu mon petit paquet ?"

Hé non. Le 30 décembre, je lui écris :

"Toujours rien reçu. Tu l'avais posté quand ?"

Elle me répond huit minutes plus tard,

"C'est vraiment triste ça :( si après un mois il ne va pas arriver on va réessayer"

Et le 2 janvier, ah, enfin, le paquet est arrivé, ah, tiens, c'est une grande enveloppe toute molle, qu'est-ce que ça peut bien être ?

Un tote bag publicitaire pour la même librairie !!

Non mais c'est pas vrai !! Elle m'a offert deux fois le même objet stupide !! En un an !!

Tandis que moi, je lui offert, rien que l'an dernier : deux splendides albums de Proust ; les Cahiers du Cinéma spécial Godard en deux exemplaires à sa demande ; les Inrocks spécial Godard, Dieu est mort ; un livre japonais en italien ; d'innombrables photos... Ce n'est pas pour comparer, c'est normal que son parrain lui offre des choses. Mais alors, qu'elle ne m'offre rien plutôt que DEUX FOIS rien !! Damned, ça m'énerve, et de plus, elle a fait monter la sauce ! J'en reviens pas. Je reste coi. Je suis bouche bée.

Ce n'est pas possible, elle se moque de moi. Non, elle a oublié la première fois. Mais quand même ! Un tote bag qui ne lui a rien coûté... C'est clair, je la déshérite.

Bon, Raoul, c'est peut-être la mode en Italie. Bhein non, les Italiennes sont les femmes les plus élégantes du monde, toutes les Italiennes de moins de 90 ans ; plus que les Parisiennes - à l'exception de la riche bourgeoisie. Mais comme la riche bourgeoisie italienne s'habille comme la riche bourgeoisie parisienne... Autrement dit, il n'y a qu'en Italie que le prêt-à-porter est luxueux et pas cher du tout.

Bon sang, que s'est-il passé ?

M'enfin !

Oh la la, mais c'est terrible cela.

Je vais lui dire ce que je pense.

Non, parce que je ne pense plus, je fulmine, même pas, je n'ai plus de mots (vous voyez ce n'est qu'un mal passager).

Et si...

Voilà, je vais lui écrire en lui demandant ce que cela veut dire. C'est évident, ça veut dire quelque chose... Oui, voilà, je vais lui écrire, et pour bien annoncer que je ne suis pas fâché (que je ne veux pas me fâcher), je vais l'appeler, pour la première fois de ma vie, ma chérie.

"Hello ma chérie, c'est touchant, c'est bizarre, c'est comique. J'ai reçu ton cadeau tout à l'heure. C'est le deuxième sac que tu m'offres, de la même librairie qui l'offre à ses clients, semble-t-il, sans doute après un certain nombre de livres achetés. Je me demande ce que cela veut dire, psychanalytiquement parlant. Un sacco di cose ; faire son sac, signe que tu achètes beaucoup de livres ; que tu veux vider ton sac mais qu'il est vide, que tu dois donc continuer à m'offrir des sacs vides jusqu'à ce que tu puisses vider le tien ; ou bien que c'est à moi de vider mon sac ; ou que tes parents ont eu une violente dispute lorsque tu étais enfant et que ton père aurait fait son sac ; ou ta mère... Etc. Bref, si la valeur de ce sac est matériellement insignifiante, tu vois que l'acte lui-même est autrement plus signifiant. Bises, ton parrain, Papy."

Et alors là, la douche froide, l'estocade, la mise à mort, sa réponse, cinq minutes plus tard...

"Très heureux que tu l'as apprécié. Souviens toi de faire un photo avec le sac dans un coin "très parisien" pour la vendeuse :)"

Ce à quoi j'ai répondu aussitôt :

"Ma ! Ce n'est pas du tout ce que j'ai écrit."

Et depuis, plus de nouvelles.

Suis-je trop hypersensible ?

lundi 2 janvier 2023

le journaliste

- Je suis de mauvaise humeur.
- Qu'est-ce qu'il y a Papy ?

- Ah, c'est bon quoi ! Lâchez-moi ! Je suis de mauvaise humeur, c'est tout. Depuis ce matin et ce grand journaliste dadais qui nous souhaitaient de la part de toute la rédaction, du fond du coeur, une belle et heureuse année.
- Oui, cela, ils ont tous la bouche en coeur, bonne année, bonne année.

- Mais celui-là, en plus, c'était sucré, vous voyez, sucré.
- Oh je vois très bien. Des gens qui n'ont jamais connu la misère, le froid, la faim.

- Et qui n'ont pas su, ne savent même pas, que ce que ça existe.
- Incroyable !

- Et ça se dit "journaliste" ! Mais mon ami, le premier devoir d'un journaliste est d'aller au contact des autres.
- Exact.

- Et de parler avec eux, de se renseigner, de s'informer, de comprendre... Pas de rester dans sa tour d'ivoire ! Alors, seulement, on peut expliquer aux autres, les informer de ce qui s'est passé.
- C'est la base du métier ! Notez que c'est ce que je fais avec vous, Papy.

- Mais vous n'etes pas journaliste.
- Bhein non... C'est pour cela.

dimanche 1 janvier 2023

Les morts n'ont pas de pays.

NON

Alors là je dis NON.

Mais indignez-vous quoi !

Sortez, protestez, révoltez-vous.

NON, NON, NON, et NON !! Ils ne peuvent quand même pas interdire aux gens de venir en Europe se faire soigner alors qu'ils leur volent tous leur médecins.

"La France va donner une carte de séjour spéciale aux médecins étrangers."

- Vous êtes Gabonais mais vous êtes médecin ? Oh, mais je vous en prie Monsieur, venez ! Vous êtes un frère pour moi. Tenez, voilà, installez-vous. A Paris ou ailleurs. Ou vous voulez, d'ailleurs, il en manque partout, pardon, vous manquez partout. Avec votre famille, bien sûr, il n'y a pas de raison. Sans sa famille, un homme est un peu perdu.

Et bien sûr...

- Vous êtes malade mais vous êtes Gabonais. Désolé. Vous n'êtes pas assez malade. Si vous étiez plus malade, alors là d'accord. Enfin, disons, si vous étiez plus malade au point d'être mort. Mais alors pourquoi voudriez-vous vous venir chez nous ? Quand on est mort, c'est pour la vie, hein. Et c'est mondial. Vous êtes mort là-bas, c'est comme si vous étiez mort ici, kif-kif bourricot. Nous, la France, Liberté, Egalité, Fraternité, nous promouvons l'internationalisation des morts.

Cela dit, quand les médecins étrangers seront engagés, il leur suffira de faire grève pour leurs compatriotes.

Bon, on a le temps de voir venir. Vous pourrez vous indigner plus tard. Bonne, Belle et Joyeuse Année !

vendredi 30 décembre 2022

au petit restaurant algérien

Le cuisinier Ilyes passe la tête et son sourire lumineux par le passe-plat. Il me tend le poing, je lui tends le mien. Nos deux poings restent en contact.

- Papy !
- Ilyes !

- Tu vas bien ?
- Ça va. Et toi ?

- Ça va.
- Et la famille ?

- Rien à dire, ça va. Et toi, la famille ?
- Pas de famille.

- Pas de famille ?
- Pas de famille.

- Célibataire ?
- Célibataire.

- Toujours ?
- Bhein oui, célibataire, c'est pour toujours, enfin, sauf si ça change demain.

- Demain.
- Plutôt jamais.

- Aïe ! Aïe ! Jamais de femme ?
- Ah si ! Beaucoup de femmes.

- Combien ?
- Houpfff ! Beaucoup, beaucoup... Et toi, marié ?

- Bientôt.
- Ah bravo ! Avec qui ?

- Bah avec une femme !
- Tu ne sais pas encore qui.

- Non, mais elle non plus.
- Ah.

Ils lâchent le contact des poings.

- Bientôt.
- Elle a de la chance.

- Beaucoup de chance.
- En tous cas, bravo !

- Toi aussi, il faut t'y mettre Papy.
- Oui, oui... Bientôt... Mais.

- Mais ?
- Si elle ne cuisine pas aussi bien que toi, qu'est-ce que je fais ?

- Aïe... Vous venez manger tous les deux.
- Chaque jour ?! Ça va faire cher.

- Sauf le lundi.
- Ah, oui, sauf le lundi, hum... Ouais, ouais. Je vais y réfléchir... D'un autre côté, si elle fait mieux la cuisine...

- Tu ne viens plus.
- Je ne viens plus. Sauf pour te dire bonjour, bien sûr.

- Oui mais c'est pas pareil.
- C'est pas pareil. Pitin ! Les bonnes femmes ! Elles sont pas encore là qu'elles te prennent déjà la tête !! Pffff...

- Ouais, là on est coincés.
- Ou alors.

- Ou alors ?
- Ou alors... toi, tu viens dîner chez nous !

- Ah bhein oui !! Ah c'est très bien ! Ça alors ! Mais oui ! Merci Papy !!
- Et tu pourrais venir le lundi.

- Ah mais bien sûr, le lundi !
- Vive le lundi !

- Ah vive le lundi, ça c'est sûr, vive le lundi !
- ...

- Mais dis-moi Papy...
- Oui ?

- Est-ce que je pourrais venir avec ma femme ?
- Oui, oui, trois fois oui. Evidemment ! Comment pourrais-tu venir sans ?

- Bhein, si elle était chez ses parents.
- Ah non ! Pas quand je vous invite ! Pas le lundi. Ces femmes quand même ! Toujours des problèmes, des problèmes. Prends-en une sans parents.

- Bon, bon, on s'arrangera, on s'arrangera.
- ...

- C'est formidable, cette histoire.
- Et ça finit bien. Un vrai conte de Noël.

Marcher sur des e !

Chère L*,

La discussion en cours sur l'écriture inclusive me rappelle ton mail personnel d'avant le vote pour le nouveau nom des EAT. Et comme ma réponse s'inscrit dans ce débat...

J'y ai longuement réfléchi, la preuve ;-) Tu me demandais si ça me dérangeait de passer à "Les écrivaines et les écrivains associés". Oui, mais pas plus que cela. Et beaucoup moins que ça ne m'a, disons, amusé.

Les femmes, du moins celles qui étaient pour ce changement de nom, se sont fait rouler dans la farine.

C'est que les hommes veulent bien que les femmes soient l'égal des hommes. Mais ils ne veulent pas que les hommes soient l'égal des femmes.

La preuve ? Pourquoi n'a-t-on pas changé l'intitulé par "Les écrivaines du théâtre" ? Moi, ça ne m'aurait pas dérangée.

Examinons toutefois la formulation en question...

"Les écrivaines et les écrivains" : bien, voilà qui commence bien, semble-t-il, du moins pour celles qui veulent être appelées ainsi. Remarquons toutefois que c'est faire violence à toutes celles qui ne veulent pas être appelées ainsi. Il serait donc plus juste de dire "Les femmes écrivaines et les femmes et hommes écrivains".

Et c'est là que des femmes sont roulées dans la farine, c'est là que le principe masculin finit par l'emporter sur le principe féminin, in cauda venenum : "associés".

Car il eût été plus juste de dire : "Les femmes écrivaines associées et les femmes et hommes écrivains associés". Ç'eût été chargé la mule ? Et pourquoi pas le mule ?

Alors que faire pour avoir un titre qui soit plus juste (mis à part celui de départ) ? Qu'importe. On ne va pas changer à nouveau. Parce que notre indolence l'emporte.

Et de toute façon, ce "combat", et cette controverse, d'une minorité de gens au sein d'une seule langue (!!) elle-même minoritaire, est déjà dépassé.

Car à l'heure où certaines sont tout fières d'avoir genrés, on dégenre de tous côtés. Enfin, parmi les minorités. Autrement dit, le sexe n'a plus beaucoup d'importance. Sauf qu'il reste beaucoup à gagner pour les dominés contre les dominants. Et les dominantes.

Bien à toi,

Papy.

jeudi 29 décembre 2022

restaurant kurde

J'ai été salué Houssine. Je lui ai remis mes condoléances pour la communauté kurde. Je ne le savais pas, il a nourri deux des Kurdes tués, une heure environ avant leur mort. Il connaissait aussi la troisième assassinée.

mercredi 28 décembre 2022

(au gardien)

Cher Monsieur,

Vous êtes un mystère entier ;-)

Vous me laissez entendre que vous allez être seul pendant quinze jours, et que vous êtes ouvert à toute invitation. Je vous invite à visiter la maison de Victor Hugo, toute proche et bien chauffée. Pas de réponse !! Ni "J'ai foot" ou "Je l'ai déjà vue". Rien. Silence complet.

Je vous propose de l'argent pour la sorte de petit service que vous me rendez chaque semaine, recevoir un sms attestant que je suis vivant, vous refusez. "Ce ne serait pas noble. On ne peut pas recevoir de l'argent pour cela", me dites-vous. Je conviens que c'est un peu délicat, je n'insiste pas.

Mais depuis, à nouveau, pas de nouvelles.

Nous nous quittons bons amis et hop, vous voilà à nouveau disparu.

Je ne vous juge pas. Quelles que soient vos raisons, elles sont les vôtres.

Je vous ne juge pas, j'aimerais seulement comprendre ; en tant qu'écrivain et en tant qu'être humain.

Sinon, ma foi, eh bien tant pis, je serais obligé de faire appel à Arsène Lupin.

Le Père Noël est passé pour vous, mais j'ai bien été obligé de lui dire que je ne pouvais plus transmettre vos messages. Il est parti tout triste. Moi aussi.

Papy/.

mardi 27 décembre 2022

Ne pas me m' ej ej ek endi jnd ene zd enzarezqsd endormir au c volanr von j vk vd f vok vole vk volant.

Je suj suis dand dans la panade.

Pour une fois, je j n'ai quasiment mal lu lul l ln nj nk j k nul paz pae part mais je somnal soma m j soma somnola sol j ji j ki j f r ds somnd d s si son sin sd sonml sol jklm se qsdfg si so son son sonsjo j somnole sans d ca cesse; de d cesse/ / / . d dc cesse / /. ;: : ,, ,;:= .;..... d cesse; d cesse.

Y r rt t Trop ce cd cf creva ce ce crevkjm cd crevz ce crevé, je contine ci ciu continue demain? ? ;i,nde deman demz demain.

lundi 26 décembre 2022

l'anxiété numérique de ces crétins de chatbots et de ceux qui les installent

  • Je suis un peu anxieux ce soir. Je ne sais pas trop pourquoi. Il me semble que c'est à cause de ce livre merveilleux de Michiko Aoyama, La bibliothèque des rêves secrets, titre traduit en italien en mieux : Jusqu'à ce que tu ouvres ce livre. Je le lis très lentement, laborieusement, et je suis vite épuisé. En fait, j'analyse, mais avec une telle acuité que cela finit par me fatiguer, une telle concentration pendant environ 7 heures. De plus, le contenu me montre à quel point je suis ignorant, ici, de la cuisine, du Japon, du jardinage, du japonais, du go, des mangas, du dessin (j'aime tellement dessiner !). Comment ai-je pu perdre autant de temps toute ma vie ?
  • Je ne suis pas sorti de toute la journée. Il fait froid, gris, pluvieux. Mais surtout je n'ai pas le temps. C'est peut-être cela la source de mon anxiété diffuse : estimer que je n'aurai jamais assez de temps pour "tout faire". Même les simples trucs quotidiens sont chronophages : vérifier les comptes téléphones qui ont augmenté de... 50%, comprendre les nouveaux tarifs mutuels Audiens - Pleyel (augmentation de près de 30% en deux ans et déremboursement de plus de 15% ; alors que leur PDG gagne des dizaines de millions par an ; écoeurant) et tant d'autres encore qui nous noient tous dans d'incessants allers-retours appli, pages ordi, téléphone, scanner, imprimante, courrier, sms, code, code du code...). C'est bien cela, une charge mentale permanente qui ne nous permet plus de penser clairement. L'embrouille générale.
  • J'ai écrit à B*. J'ai reçu un mail toujours formidable de L*. C'est un Gênois que j'ai rencontré à Londres, Oxford, Paris, Gênes. Et c'est un grand voyageur. Après avoir monté la Traviata en Sibérie, il va mettre en scène Attila à Oulan-Bator (capitale de la Mongolie) (j'ai regardé pour vous sur le web) (merci Papy). L* m'écrit tous les trois mois, voire plus, mais c'est chaque fois d'un nouveau lieu, d'une nouvelle aventure. Peut-être devrais-je moi aussi profiter de mes dernières années et courir le monde plutôt que de consolider mes liens avec ma Sainte-Famille médicale ? Mais comment faire ? Je n'ai déjà pas le temps de sortir une heure, une seule, à Paris. Bon, bref, disons que cela ira mieux demain.

dimanche 25 décembre 2022

Noël, ma Sainte-Famille.

Jour de Noël 2022, vers 20h.

Cher B*,

Merci pour ton bon mail, amical et chaleureux.

Hélas, c'est chaque année la même chose. Quand on n'a plus de famille, mais qu'on eut la chance douloureuse de passer dans l'enfance des Noëls enchantés, avec de proches parents aimants, des histoires et des cadeaux, tous les autres Noëls semblent mornes et tristes.

J'ai pourtant tout essayé. J'ai organisé des réveillons chez moi avec des amis esseulés. J'ai été chez les parents de mon ex. J'ai rejoint des inconnus. Etc.

Mais chaque fois s'abattait sur moi la mélancolie la plus terrible, et malgré mes efforts pour la cacher, je n'étais pas un convive très joyeux, souffrant aussi, ainsi, de devoir feindre que tout allait bien.

C'est finalement la solution la plus simple qui m'est la moins désastreuse : rester seul avec mes souvenirs, du champagne, quelques machins Picard et, si possible, le plus difficile à trouver, une bonne série qui parfois nous invente une nouvelle famille.

C'est aussi le sort de beaucoup de papys et mammys. Mais heureusement, nous les seniors, qui survivons au temps qui passe et à ses problèmes de santé croissant, nous nous reconstituons en parallèle, sans l'avoir voulu ni même pensé, une nouvelle famille, aimable, bienveillante, compatissante.

Elle serait parfaite si elle se réunissait toute ensemble. Hélas, j'ai essayé, j'ai envoyé des invitations vainement.

Pourtant, elles, ils, sont vraiment formidables ! Oui, oui, de vrais saints, qui font des miracles : mon généraliste, ma cardiologue, mon pneumologue, mon urologue, mon gastro-entérologue, mon proctologue, mes deux oto-rhino-larynglougloulogues, mes trois dentistes, mon parodontologue, mon endodontologue, mon radiologue, mes quatre ophtalmologues, mon opticien, ma podologue, mon dermatologue, mon lymphologue (le seul qui me fasse peur, sans le vouloir), ma contentiologue, et bien sûr, ma régulière, la kiné.

Cela ferait une fête de 25 personnes. Ils pourraient enfin se voir. 31 personnes ! car il serait quand même normal que mes quatre pharmaciennes et mes deux pharmaciens viennent aussi.

En attendant ce jour, ce soir, qui n'arrivera jamais, à moins que je ne réussisse à gagner au Loto auquel je devrais jouer pour organiser un grand Congrès Médical Global à Saint-Barth, qui s'appellerait : "Les experts se parlent entre eux", en attendant, je puis au moins inventer une réunion symbolique.

Après tout, Noël n'est qu'une fête symbolique où l'imaginaire déborde le réel qui en profite pour faire de nombreux dégâts chez beaucoup de gens : suicides accrus, mains en sang des amateurs ouvreurs d'huîtres, disputes familiales et règlements de comptes insoldables, pleurs des enfants déçus par leurs cadeaux, colères rentrées des adultes dans le même ou qui découvrent s'être ruînés pour des radins, bagarres d'ivrognes qui finissent aux urgences, indigestions géantes...

Je me demande si l'on pourrait un jour mesurer les vrais Noëls joyeux à tous ces faux semblants de fête.

"Fêtons au grand Congrès Médical Global". Ne serait-ce pas une belle occasion de montrer à nos si dévoués soignants à quel point nous les aimons ?

A trente ans, je ne voyais un médecin qu'une fois tous les deux ou trois ans. Preuve que je ne suis pas hypochondriaque mais que mes propres souffrances grandissent avec le nombre de médecins. Quand il me faudra tout un hôpital, j'espère que l'on me mettra sous morphine.

Merci à ma Sainte-Famille de me rendre l'espoir de renaître un jour à une vie meilleure (si possible dans une crèche numérique éternelle).

Amitiés,

Papy.

PS - J'oublie les laborantines et les nombreux employés de la Sécurité Sociale et de la Mutuelle. Dois-je déjà consulter un gérontologue ou un neurologue ? Ou un psy ? Qu'en penses-tu, franchement ?

samedi 24 décembre 2022

Celui qui voit le verre

Celui qui voit le verre à moitié vide a soif.

Celui qui voit le verre à moitié plein a trop bu.

No aile

- No aile, no aile, no aile, no aile !

- Ils n'ont que ça à la bouche !!

- Heureusement que la reine aile Isabeth n'est pas morte en même temps.

- Ô Dieu du si aile, ne leur pardonne pas, ils savent très bien ce qu'ils font.

vendredi 23 décembre 2022

mal de dos, normal de dos

L'étudiante en cinquième année d'ostéopathie est toute fluette. Je suis deux fois plus grand et quatre fois plus lourd qu'elle. Si j'étais côté passager dans sa voiture qu'elle conduirait, la voiture pencherait à droite.

- Somme toute, j'ai le format Chabal ?

(Elle est passionnée de rugby et soigne à chaque match une épuipe de l'Essonne.)

- Hum... la morphologie est différente.

- Hahaha... vous êtes diplomate.

Je suis sur sa table. Elle me prend dans ses bras et me soulève. Pas mal... Même pas mal.

- Ne soyez pas surpris si vous entendez un bruit. Je vais vous faire craquer mais pas vous casser.

Elle me tord lentement le buste, et hop, une brutale dernière torsion.

- Ça n'a pas craqué...

- Des fois, ça ne craque pas. Mais ce n'est pas grave, cela a quand même de l'effet.

On continue divers tests et exercices. Elle termine :

- Eh bien, comment vous sentez-vous maintenant ?

- Honnêtement ?

- Bien sûr.

- Très franchement ?

- Surtout ! Les retours sont très importants pour moi.

- Eh bien, ne vous vexez pas, mais...

- ...

- ...mais j'ai encore plus mal qu'en arrivant. J'avais juste une pointe au bas du dos, maintenant, ça me fait mal dans tout le dos.

- Mais c'est normal, c'est normal !

- C'est normal de dos ?

- Hahaha ! Vous êtes un spécial, vous ! Votre corps était figé, je l'ai bougé, remodelé, fait craquer ; alors là, il est tout dérangé. Et dans les prochains jours, vous continuerez à avoir mal.

- Alors je repasse au Doliprane ?

- Surtout pas. Il ne faut pas habituer le corps à ne plus avoir mal. Vous attendez que ça passe, et dans quelques jours, vous vous sentirez bien mieux.

- Le corps doit avoir mal ?

- C'est un signal. La douleur est un thermomètre.

- Et si le thermomètre est en surchauffe pendant un mois ?

- Revenez-me voir.

- Pour que vous me refassiez mal pour un mois ?

- Hahaha ! Vous êtes vraiment un spécial, vous !!

jeudi 22 décembre 2022

le Gaulois est un râleur

Non mais alors là quoi, c'est pas possible, les gens n'ont aucune logique, moi non plus, en fait dans les faits, mais je le sais, je suis un type absurde, OK, mais je distingue entre les deux, vous comprenez, il y a le rationnel d'une part et l'irrationnel d'autre part, bon, c'est tout, c'est simple, non, la vie est absurde, OK, parfait, mais c'est pas une raison pour agresser les autres, y compris avec du langage injuste, d'autant plus que le langage n'est déjà pas très juste à lui tout seul, même s'il en a l'air, putain, non, mais c'est pas vrai ! me faire insulter par une cheffe de supérette, franchement, les vieux, c'est pas en Occident qu'on les respecte le plus !

Ah oui, on ne doit pas dire les vieux, mais les seniors ! Mais moi, oui, je peux dire vieux puisque je le suis, ah ah, na ! C'est comme quand une Femme parle de sa meilleure amie en disant que c'est une pétasse. Ou qu'un Noir parle de ses voisins en disant que ce sont des bougnoules, même s'il y a des Blancs dedans. C'est complètement idiot ? Mais non, c'est ce que je vous disais plus haut, le langage n'est pas juste. Dès qu'on parle, on fait de l'injustice, madame la cheffe de supérette.

Et on ne devrait pas dire les vieux, ni les seniors, mais dire comme en Afrique, les Anciens. Ça c'est bien, c'est classe. Ancien, wouaaah. Encore quelques années, et on pourra m'exposer dans un musée. C'est quand même autre chose que les aînés du président de la République. "Nos aînés." !!

"Nous devons prendre soin de nos aînés, c'est pourquoi l'amélioration des conditions de vie dans les Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, ou les épads, ces conditions de vie, enfin de fin de vie qui ne fait pas envie, sera l'une des priorités de mon quinquenat, avec les femmes battues et les handicapés. Nous commencerons immédiatement avec une aide de un euro par jour pour les femmes battues dans les épads par des handicapés, puis deux euros, etc."

Voilà d'ailleurs un parfait contrexemple du SuperU, les épads (personnellement, je préférerais m'achever moi-même que d'être achevé en épad) (please, please, laissez-moi inachevé) (même si je râle) (rarement). Quand dans un épad, les actionnaires traite mal le directeur, le directeur traite mal le personnel, et celui-ci traite mal les vieux. Point barre.

Bon, alors, je retourne au SuperU voisin. J'y vais environ une fois par mois car c'est moins cher, c'est possible d'être livré, et le personnel est serviable. Normal, il est assez nombreux et il semble bien traité par la direction. Les gens bossent dur, c'est des palettes et des palettes, et des kilos et des kilos. Une caissière a fait le calcul : en moyenne, les caissières manient une tonne par jour.

Vous imaginez ? Vous allez dans un supermarché où il y a dix caisses, vous êtes déjà en face d'un dix-tonnes. Tu parles que les caissières sont belles comme des camions, à traîner des vertèbres abîmées dans leur semi-remorque. Il n'empêche que si on est gentil avec le personnel, le personnel est gentil avec les clients, même dans les travaux durs, surtout dans les travaux durs.

Comme ça, toutes mes courses sont faites en une fois, et je ne dois plus rien porter, pour le moment, c'est pas possible, j'en suis à un à trois grammes de Doliprane par jour, c'est pas bon pour le foie. Dès que je porte un mouchoir, j'ai les épaules qui grillent, comme si on leur collait un radiateur électrique qui commence à chauffer, oui, c'est bizarre, c'est comme s'il y avait des lignes ondulées de douleurs horizontales, j'aurais pu être caissier.

Et pendant ce temps-là, monsieur le président de la République, vos gardes du corps vous portent dans leurs bras jusqu'à votre voiture pour vous éviter les heurts du temps et des cailloux. Je me demande simplement combien de fois ils doivent vous porter pour une tonne par jour. Si je savais votre poids, je le calculerais.

Mais évidemment, on ne peut pas compter sur wikipédia pour nous donner le poids des gens ni des renseignements sur la beauté du visage et ce que l'on peut lire dessus. Ce sont pourtant les premières choses que l'on regarde chez une inconnue, non ? les volumes et les lignes. Alors là, s'il vous plaît, je ne vous parle pas de la cheffe, vous irez voir vous-même, ne comptez pas sur moi pour médire des gens. C'est pas le genre de la maison.

Bon alors, je rapporte au SuperU un brumisateur défectueux. Ouais, je sais, c'est quoi un "brumisateur défectueux" ? Comment un brumisateur peut-il défectuer ? Eh bien réfléchissez un peu, je vous prie. Non, si, sérieux ! Allez chercher votre brumisateur, regardez, cherchez, examinez... Quelles sont toutes les pannes possibles, à l'achat comme à l'usage. Alors ? (à suivre)

mercredi 21 décembre 2022

Ô mon coeur !

La docteure de mon coeur, et chirurgienne excellente, m'a envoyé un mail hier matin, en réponse à celui que je lui avais envoyé la veille au soir.

"Cher monsieur bonjour et merci pour votre message et vos PJ!
Le bilan lipidique notamment les triglycérides sont très perturbés. Il faut améliorer votre hygiène de vie, perdre du poids et faire une activité physique régulière.
Je laisse votre médecin traitant gérer cela jusqu’à notre prochaine consultation.
Cordialement
Dr M."

Y'a plus qu'à.

Le ciel est gris, les grandes grosses teufs toffes fêtes obligatoires se rapprochent.

Beaucoup de gens regrettent que leur train de ce prochain Noël n'ait pas été annulé. C'était leur dernière chance pour ne pas aller souffrir en famille et ricaner sur les souffrances de la Sainte Famille.

"Ô mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné", dit le petit Jésus dès qu'il naquit, tombé du Paradis, le Ciel angélique et le ventre si doux de la Vierge, dans une bergerie misérable poursuivi par des serial-killers de bébés.

Ô grévistes cruels, gens de peu de coeur, pourquoi vouloir ainsi fuir les cardiologues intelligentes, spirituelles et belles ? Pourquoi laisser deux-tiers des voyageurs aller se gaver de triglycérides ?

Bande de gras ingrats ! Vos patrons se moquent de vous, et alors ? Aussitôt vous vous moquez de nous ? Vous nous prenez pour des dindes, ou quoi ?

C'est pour tout le monde pareil, mes petits chéris des chemins de fer que je connais bien car mon grand'père était contrôleur et chef de train.

Bon bhein comme ça, je ne regretterai plus de ne pas aller voir la famille que je n'ai plus ; et je ne serai plus le seul à passer le réveillon de Noël tout seul avec du champagne et des somnifères, hop, à sept heures, couché, sautons cette nuit avec de doux rêves de ventres doux et vierges, où poser la tête en se faisant caresser les cheveux, bien loin de tous ces triglycérides de banquets à s'en péter la ceinture.

Ô cheminots de mon coeur brisé, que les dindes soient avec vous et avec votre esprit, amen.

mardi 20 décembre 2022

Le Journal de Papy

- Je me demande quand ils vont arriver.
- Pourquoi vous me demandez cela ?

- Je ne vous demande rien, je me demande. Je me demande à voix haute. Je ne parle pas de vous.
- Vous parlez tout seul, quoi ?!

- Ça ne vous arrive jamais de vous poser des questions ?
- Si. Mais à voix basse.

- ...
- Qu'est-ce que vous dites ?

- Rien. Je chuchote. Je grommelle en chuchotant. Ça ne vous dérange pas trop ? "A voix basse", m'avez-vous dit.
- Bah... Savoir que vous grommelez me chagrine un peu. Surtout sans comprendre vos grommelements, vous me comprenez.

- Oh que oui. Et j'imagine sans peine que c'est pour cela qu'ils n'arrivent pas. L'un des deux grommelle, ou plutôt a grommelé, et l'autre, le chauffeur s'est arrêté au bord de la route pour tirer cela au clair.
- Eh bien moi je dis que le grommellement devrait être interdit pendant le travail. Cela désorganise toute la vie professionnelle. Le patron passe, l'ouvrier grommelle, le patron s'arrête, regarde l'ouvrier :

  • Qu'est-ce que vous dites ?
  • Rien monsieur.
  • Rien ? Vous attendez que je passe pour ne rien dire ?!
  • Bien monsieur, je ne dirai plus rien quand vous passez.
  • Plus rien ?
  • Exact.
  • Vous ne direz plus rien ?
  • Exact.
  • Donc, c'est que vous avez dit quelque chose ? Je ne boirai plus, cela veut dire que j'ai bu.
  • Eh bien moi, je n'ai pas bu, et je ne boirai pas car je ne bois pas.

- Bon, bon, d'accord, on a compris. Pas de grommellements dans la vie professionnelle. Plus de grommellements, devrais-je dire.
- On a assez grommellé comme ça... Qu'est-ce qu'on fait ?

- Quoi ?
- Pour empêcher le grommellement... On fait
une loi ?

- Une loi ? Hum... Un décret suffira.
- Oui, c'est vrai. Du moment que vous le dites...

- Du moment que je le dis, c'est vrai, c'est dit, c'est dit, cochon qui s'en dédit.
- Reste à préciser les sanctions.

- Oh, c'est très simple. Premier grommellement, un blâme public.
- Public ?

- Deuxième grommellement, un bâillon pendant une semaine, tout le temps, nuit et jour.
- Et pour boire et manger ?

- Les gens qui grommellent ne boivent pas, vous venez de le dire. Et ma foi, ne pas manger pendant sept jours, c'est quand même pas le Ramadan.
- Ils mangent la nuit.

- Ah, ils mangent la nuit... ? Ils ne dorment pas, alors...? Je me demande s'il ne vaut pas mieux dormir que manger.
- Vous avez tout à fait raison. "Qui dort dîne". Ce qui permet de faire deux choses à la fois.

- Trop bien, trop bien ! C'est de cela que Lepays a besoin ! De mettre les bouchées doubles.
- Hahahaha. Bien dit. Vous avez retrouvé votre bonne humeur, cela me fait plaisir.

Paris, 20/11/22, 12h16 T.U. Date de création. (WIP, Work In Progress, TEC, Travail En Cours)

Paπ

Critique - Où sommes-nous ? Qui parle ? Deux hommes ? Un homme, une femme ? De quoi ? De grommellement du troisième âge ? Cela méritait-il ce long dialogue, beaucoup trop long ? Que veulent-ils ? Avoir raison ? Avoir raison de l'autre ? Seulement arriver à supporter, dans les deux sens du terme, les jeux de mots vieillots de l'auteur ? Qui sera tué ? Par qui ? Mais surtout : pourquoi ?