Les plus jolies filles se trouvent des défauts physiques que personne ne voit et ne reconnaîtrait même pas à pouvoir les examiner de près, dans le détail et doctoralement. Ce qui cloche, ce n'est évidemment pas leur corps. C'est le langage. Le langage est mal fichu, plein de brics et de brocs, de mémoire et d'émotions, de rires et de conflits, de rêves et de normes, de mensonges et de plaisirs.

Chacun compare ainsi son corps et des bouts de son corps à d'autres corps "parfaits" mais toujours par l'intermédiaire de ces mots qui les manquent. Chacun essaie de forcer son corps à entrer dans le langage de la perfection, alors que ce langage n'existe pas.

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Ainsi Stefani, ravissante jeune fille, pense devoir se faire opérer du nez pour y enlever une très légère inclinaison, pas même de l'épaisseur d'un ralentisseur d'une poussette pour bébé qui ne dévalerait pas l'escalier d'Einsenstein. Ce détail, qui ajoute pourtant à son charme par sa légère courbe sensuelle, elle voudrait le faire disparaître dans une clinique esthétique, formidable escroquerie en général qui n'exploite comme toujours que les failles du langage - chirurgie qui ne devrait être permise que pour celles et ceux qui ont déjà tout perdu.

Elle envisage cette opération maléfique pour le printemps. Elle a déjà économisé pour cela (3000 € en France, 1500 en Bulgarie). Elle est prête à courir le risque d'avoir ensuite le visage complètement déformé, puisque les accidents ou les erreurs médicales dans ce domaine ne sont pas rares. Ainsi, elle se soumet à la dictature de la (fausse) beauté, celle des silicones et de la tromperie.

Bientôt, les pauvres Américains aussi s'apercevront avoir été leurré par un programme politique purement cosmétique. M. Trompeur leur a dit qu'ils seraient écoutés, que les laissés-pour-compte ne seraient plus ignorés, qu'avec lui le pouvoir était à eux et entrait à la Maison Blanche. Où aussitôt entré, hier, sans eux, M. Trompeur leur fit savoir qu'il parlait des pauvres, bien sûr, mais pas des pauvres qui sont malades, puisqu'il annula aussitôt diverses dispositions du plan Obamacare susceptible de leur apporter des soins.

Ainsi les mots "de toute beauté", de chirurgiens sans éthique ou de politiciens sans scrupules, détruisent les corps, lentement mais sûrement.

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© Photos Philippe Dohy

http://jeanpierredacheux.blogspot.fr/2011/01/mal-nommer-est-meurtrier.html