Mot-clé - de Philippe Dohy

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samedi 21 janvier 2017

beauté

Les plus jolies filles se trouvent des défauts physiques que personne ne voit et ne reconnaîtrait même pas à pouvoir les examiner de près, dans le détail et doctoralement. Ce qui cloche, ce n'est évidemment pas leur corps. C'est le langage. Le langage est mal fichu, plein de brics et de brocs, de mémoire et d'émotions, de rires et de conflits, de rêves et de normes, de mensonges et de plaisirs.

Chacun compare ainsi son corps et des bouts de son corps à d'autres corps "parfaits" mais toujours par l'intermédiaire de ces mots qui les manquent. Chacun essaie de forcer son corps à entrer dans le langage de la perfection, alors que ce langage n'existe pas.

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Ainsi Stefani, ravissante jeune fille, pense devoir se faire opérer du nez pour y enlever une très légère inclinaison, pas même de l'épaisseur d'un ralentisseur d'une poussette pour bébé qui ne dévalerait pas l'escalier d'Einsenstein. Ce détail, qui ajoute pourtant à son charme par sa légère courbe sensuelle, elle voudrait le faire disparaître dans une clinique esthétique, formidable escroquerie en général qui n'exploite comme toujours que les failles du langage - chirurgie qui ne devrait être permise que pour celles et ceux qui ont déjà tout perdu.

Elle envisage cette opération maléfique pour le printemps. Elle a déjà économisé pour cela (3000 € en France, 1500 en Bulgarie). Elle est prête à courir le risque d'avoir ensuite le visage complètement déformé, puisque les accidents ou les erreurs médicales dans ce domaine ne sont pas rares. Ainsi, elle se soumet à la dictature de la (fausse) beauté, celle des silicones et de la tromperie.

Bientôt, les pauvres Américains aussi s'apercevront avoir été leurré par un programme politique purement cosmétique. M. Trompeur leur a dit qu'ils seraient écoutés, que les laissés-pour-compte ne seraient plus ignorés, qu'avec lui le pouvoir était à eux et entrait à la Maison Blanche. Où aussitôt entré, hier, sans eux, M. Trompeur leur fit savoir qu'il parlait des pauvres, bien sûr, mais pas des pauvres qui sont malades, puisqu'il annula aussitôt diverses dispositions du plan Obamacare susceptible de leur apporter des soins.

Ainsi les mots "de toute beauté", de chirurgiens sans éthique ou de politiciens sans scrupules, détruisent les corps, lentement mais sûrement.

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© Photos Philippe Dohy

http://jeanpierredacheux.blogspot.fr/2011/01/mal-nommer-est-meurtrier.html

vendredi 20 janvier 2017

Washington DC, vendredi 20 janvier 2017, midi.

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Obama est intelligent. Il a fui en hélicoptère. Beaucoup de gens aimerait désormais fuir la Terre en hélicoptère. Avec une belle vue, pleine de paix et de couleurs. Bleu, blanc, rouge, noir, jaune.

Les milliardaires ont pris frontalement le pouvoir politique. Plus besoin de rester dans l'ombre pour tirer les ficelles de politiciens aimables et polis. Allons-y carrément les gars, on dira au peuple que c'est pour lui, haha.

Le pouvoir est là, brut et nu. Ce monsieur à la Maison Blanche, c'est comme un obèse très laid qui se déshabillerait dans la rue. Regardez. Touchez le réel, la matérialité du corps, son poids, sa force d'outrance, la puissance de son existence.

La beauté cache cette rudesse des corps. La beauté est spirituelle. La jolie fille toute nue élève l'âme, et le reste, je dois dire. La spiritualité, c'est assez bandant.

Mais il ne faut pas trop accuser Trump. Il n'est que le résultat de l'Histoire. Le produit de la convergence entre les forces du capitalisme financier cupide et de la téléréalité misérable avide.

Toujours plus d'argent, toujours plus de laideur. Toujours plus de pouvoir, toujours plus d'intimité. La finalité idéale de l'ultracapitalisme, c'est la sodomie douloureuse. La finalité idéale de la téléréalité, c'est la coloscopie en direct.

Belle journée pour le peuple américain ? Belle journée pour les peuples ?

Joa arrive ce soir à Paris, pour la première fois.

Céline fête le huitième anniversaire de ses jumeaux.

Nous avons de la chance, nous sommes des poissons qui avons beaucoup de distractions et de mouvements dans le bocal. Je suis un peu content un peu triste. Je ne suis qu'un peu, et ma perplexité frise la mélancolie.

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Premier billet d'une nouvelle série à suivre jusqu'en janvier 2021, si...