"Alors qu’une majorité de femmes n’y trouvent pas leur compte en termes de plaisir, nous persistons à accorder à la pénétration vaginale une place centrale dans notre répertoire sexuel, constate Maïa Mazaurette, chroniqueuse de « La Matinale »."

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"Si nous investissions cette même énergie, cette même créativité, dans l’élaboration de rapports sexuels différents, dans la stimulation de la libido et du clitoris des femmes, on n’aurait plus d’embêtements sexuels depuis longtemps.

Seulement, comme l’écrit Martin Page dans son ouvrage Au-delà de la pénétration (éditions Monstrograf, janvier 2020, 160 pages, 12 euros) :

« La pénétration vaginale est une pratique symptomatique du génie humain : ça marche mal, ce n’est pas la meilleure manière d’avoir du plaisir, et pourtant c’est la norme. »

Pourquoi un tel acharnement ?

Déjà, parce que notre imaginaire de la sexualité « légitime » tourne encore aujourd’hui autour de la reproduction.

Ensuite, parce qu’il est difficile de changer les normes quand elles sont anciennes, intériorisées… et que le sujet est tabou.

Enfin, parce que si certains hommes sont clairement égoïstes, alors certaines femmes acceptent cet égoïsme.

Socialisées dans l’art de négocier, biberonnées au sacrifice amoureux, elles privilégient la solution qui favorise leur conjoint. (Quitte à ce qu’il en paie le prix plus tard, quand elles auront perdu tout intérêt pour le sexe.)

Notre problème, ce n’est pas que les stratégies pro-pénétration existent (certaines produisent des résultats intéressants), mais qu’elles prennent la place d’une redéfinition du rapport sexuel.

Tant que la pénétration vaginale sera synonyme de « vrai sexe », notre répertoire restera limité et relativement inefficace.

C’est aux pratiques de s’adapter à nos corps. Pas l’inverse.

D’ici à la mise en œuvre de ce renversement, nous resterons les princesses Bonaparte des temps modernes.

Retrouvez toutes les chroniques de Maïa Mazaurette dans « La Matinale »

Maïa Mazaurette

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