Mot-clé - critiques de Philippe Dohy

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vendredi 10 juillet 2020

WestWorld Saison 3

Note : 1/10.

L'esthétique de la Bêtise. Fascinant de voir comment un scénario aussi indigent peut devenir captivant par la réalisation, la conviction des acteurs à dire n'importe quoi, et surtout la B.O. C'est hypnotique. Coupez le son, vous sortirez de la sidération, et vous découvrirez, si votre cerveau n'a pas encore été grillé par Big Machine A Sensations, vous découvrirez à quelle point c'est bête, sans logique aucune, ni de personnage, ni du récit. C'est le fake du fake du fake de la manipulation de la manipulation de la manipulation du mensonge du mensonge du mensonge. Etc. Cette perpétuelle mise en abyme met toute intelligence au fond du trou. Une histoire ? Hahahaha, mais dans le Nouveau Monde d'Après, c'est complètement out, mon petit gars. Ça n'a ni queue ni tête, comme un poulet sans tête et un serpent sans queue. J'avais beaucoup apprécié la S1 qui commençait à radoter dans la S2, et là, on est en pleine démence précoce des scénaristes qui oublient à chaque séquence ce qu'ils avaient tenté de raconter dans la précédente. Un gâchis de toute splendeur, compte-tenu des effets purement visuels et sonores produits. Un grand clip de concepts philosophiques totalement incompris par les auteurs. Plus nul, il y a quand même les deux derniers épisodes de la dernière saison du Bureau des Légendes, puis l'horrible NU produit par OCS. C'est vous dire le niveau...

Philippe Dohy

vendredi 29 novembre 2019

mes critères critiques de théâtre

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Mes critères critiques : une bonne histoire, des répliques pleines d'esprit, de l'humour sans ficelle ni démagogie ni vulgarité, de l'émotion sans effets et non forcée, une véritable voix, une écriture fine et subtile, une structure solide et discrète, des personnages complexes mais intéressants, des comédiens, des techniciens et un metteur en scène au service du texte, du spectateur et de l'auteur, un théâtre aimable, accueillant et soucieux du public, des attachés de presse pas pressants, une unité et une énergie d'ensemble qui rendent le tout inoubliable et qui nous changent, pour plus d'humanité.

©lic > http://www.theatrotheque.com/web/ma... > "Recherche avancée" > "Choisir un chroniqueur" > "Philippe Dohy" (en noir)

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puis cliquer sur une chronique (par exemple "Représailles")
puis sur "Philippe Dohy" (en rouge)

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vendredi 25 octobre 2019

Piège pour Cendrillon


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     Vertigo chaud show
A star is born. Twice.

Les troubles du double et les glissements d'identité sont fréquents au théâtre : sosie, jumeaux, doublure, hérédité surprise, permutation de noms, déguisement en l’autre sexe… C’est sa mise en abîme puisque le double est l’identité même du théâtre divisé entre acteurs et personnages. Et « meilleur est le méchant », plus le fil est tendu, plus la représentation captive, « meilleur est le film », première règle d’Hitchcock. Dont on traduisit le titre Vertigo, encore une histoire de double, par Sueurs froides. Il s’agit ici de Sueurs chaudes, et nous voilà retombés sur nos pieds.

Car il y eut incendie où furent piégées deux jeunes filles. Laissez-moi vous dire qu’elles pètent le feu ! Diable, quelle flamme !! Elles brûlent les planches. La rousse, Alyzée Costes ; la brune, Nassima Benchichou. Une star est (re)née. Laquelle ? Les deux.

L’une est morte, l’autre presque. Elle ne sort du coma qu’après de longs mois d’opérations et de greffes de peau, aux mains et au visage. Celui-ci a-t-il changé ou pas ? Pas d’empreintes digitales utiles. Qui est-elle ? Elle ne s’en souvient pas, elle ne se reconnaît pas, elle a perdu la mémoire, les photos n’ont plus son visage non plus. Ses proches lui disent qu’elle est Mi (Micky ou Michèle Isola), récente héritière de sa marraine florentine, Midola Raffermi, richissime industrielle italienne.

Mais au fur et à mesure où des bribes de son passé lui reviennent, à travers de fluides flash-backs - remarquable mise en texte de Sébastien Japrisot par Aïda Asgharzadeh et élégante mise en scène de Sébastien Azzopardi - Mi est de plus en plus convaincue d’être Do, son amie d'enfance Domenica Loï. Elle serait simplement instrumentalisée par « sa » raide gouvernante (Aurélie Boquien) et « son » fiancé avocat (David Talbot) qui ne voudraient pas perdre un tel héritage.

Mais oui, c’est bien cela, elle est Do ! Quoi que, au fur et à mesure où des bribes de son passé lui reviennent, non, non, elle n’est pas Do, elle est Mi ! Mais oui, Mi, Mi, et pas à moitié !

Quoi que, fur, mesure, bribes, passé, non, pas, mais, oui, quoi que fur, bribes, reviennent… Et le tempo s’accélère, chaque fois avec de véritables révélations que nourrissent l’entourage, enchères, en chair, enchérissements, livre de mains, de visage, de peau, de corps contre de l’argent, surenchères shakespearienne, aller au pire, aller au sang. Jusqu’au vertige, de la raison. Attention, les spectateurs trop sensibles pourraient finir par en défaillir. Je ne saurais trop conseiller à la Direction d’installer une Cellule Psychologique d’Urgence dans le hall du théâtre.

L’art est évidemment de rendre très surprenantes, saisissantes, ces oscillations d'identité auxquels on s’attend. Toute la troupe la joue avec virtuosité (un brin tantinet chouïa trop à la toute fin, cela mériterait d’être délicatement retravaillé). La bande son frissons de Romain Trouillet est à la manière de celles de Truffaut ou de son mentor Hitchcock, encore, glissendo et staccato.

Mais après tout, à supposer que vous sachiez qui vous êtes, si demain vous découvriez que vous êtes un autre, et chaque jour pris pour un autre encore, vous pourriez aller revoir Psychose ou relire le meilleur des polars, « La Dame dans l’auto avec un fusil » de Sébastien Japrisot, où une femme est reconnue dans des lieux où elle n’est jamais passée, jamais.

Peut-être réussirez-vous, vous, à vous sortir des pièges brûlants de l’identité ?

Philippe Dohy

Paris, vendredi 25 octobre 2019.


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lundi 21 octobre 2019

Watchmen / OCS / HBO

Après le premier épisode de la série Watchmen, produite par HBO et diffusée sur OCS ce matin...

...Encore beaucoup de pub pour rien.

Encore beaucoup de bruit pour une enfilade interminable de pan-pan boum-boum. Les incohérences se multiplient dans un scénario affligeant de bons-bons contre méchants, si méchants, le pire. Les acteurs sont aussi "monoblocs" que les personnages. La réalisation est lourde et paresseuse.

Lire les dithyrambiques critiques de la presse américaine nous révèle le quotient intellectuel américain moyen, clairement en baisse. Pas étonnant qu'ils aient élu le trumpeur ! Qui à son tour les abrutit jusqu'à acclamer avec frénésie ce genre de daube. Plus personne ne veut sauver l'espèce humaine ? Grâce aux Watchmen, on comprend pourquoi.

Tant de dizaines de millions de dollars pour fabriquer de tels navets anti-cerveaux, alors que des millions d'enfants n'ont ni livre, ni cahier, ni crayon ni même école. Grrrrrrrrrrrrr.

Ô mondieu, délivrez-nous de la bêtise exponentielle !!

< AlloCiné > http://www.allocine.fr/series/ficheserie_gen_cserie=22289.html

dimanche 15 septembre 2019

les Zoufris Maracas à l'Huma

Impossible d’écouter deux morceaux de Zoufris Maracas sans se mettre à danser. Si vous arrivez à tenir bon, vous gagnez une décongélation au micro-ondes. A la Fête de l’Huma, ce samedi soir 14 septembre, devant la Petite Scène, mon corps s’est détaché de ma tête, ce qui a un effet beaucoup plus vivant que l’inverse. Et quel corps !

Les Zoufris Maracas ont commencé à deux dans le métro en 2007 en faisant bouger les rames et les rameurs. Depuis, ils ont donné des centaines de concerts, parfois à neuf (un chanteur, deux cuivres, deux percussions, quatre cordes).

Ils se définissent comme "des ouvriers de la chanson, des zoufris, des ouvriers célibataires algériens venus travailler à la reconstruction en 1950 ; et maracas pour symboliser la musique ». (facebook.com/ZoufrisMaracas)

Celui que mon corps préfère : "Pacifique" > deezer.com/fr/track/93382394

Docteur Duchmoll

Paris, 15 sept 2019

©
A la Fête de l'Huma > https://bit.ly/2mgOO71
Au Cabaret Sauvage, Paris > https://bit.ly/2khlEE3
Sur deezer.com/fr/artist/1376678

mercredi 11 septembre 2019

Le cours classique : 20/20.

Qui a eu cette idée folle un jour d'inventer l’école ?

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C'est ce sacré Dionysos, sacré Dionysos.

Un homme nous surplombe et nous parle. Il expose, explique, nous questionne, éveille notre intelligence, du moins celle de ceux qui ne l’ont pas rangée dans leur smartphone. Nous sommes assis, attentifs, patients et silencieux, souvent captivés. Certains prennent des notes.

Ainsi Dionysos et ses prêtres fondèrent le théâtre grec. Ainsi celui-ci fit école.

« Le cours classique » remet l’école en scène, et nous sommes ravis.

Cela commence par une blague de collégien. La veille nous étions à la piscine, et monsieur Pipota, le prof d’anglais, est arrivé. Non mais à l’eau quoi ! Il ne vient jamais, il ne sait même pas nager. Le gardien a dû lui prêter un bonnet rouge (alors qu’il est chauve comme un galet breton) et des brassières pleines d'air pour pas qu’il coule. Nous nous sommes un peu moqué de lui, sifflets, cris, ouech-ouech… comme si c’était une fille, quoi.

Mais bon, Stéphane et Michaël ont poussé le bouchon rouge trop loin. Ils ont escaladé l’Angleterre, à deux sur son dos, comme deux BoJo, la cata certaine. Qui a bu boira.

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Quand le maître-nageur a sorti M. Pipota de là, il avait avalé la moitié de la piscine.

On était bien embêtés, on s’est excusés, notre professeur principal (Grégoire Œstermann le Délicieux Lettré, à droite sur la photo) a bien compris que nous voulions juste faire du bruit et mouiller l’eau en la secouant. Le résultat est grave mais bon, 'y a pas mort d’homme. Fin de l’affaire.

Ah mais non, pas du tout ! (Oh non pas lui !!). Le censeur des études débarque dans notre classe comme un tank normand. Il n’est pas du tout, du tout, d’accord. La piscine ? lieu du crime. Le censeur reste poli mais avec minutie. Il accuse mais avec précision. Il est joué par Philippe Duclos, le Procureur Impitoyable, à gauche (le juge François Roban dans le feuilleton Engrenages de C+).

Le ressort est lâché, le combat est lancé, entre l’Ange bienveillant et le Méchant crucifiant. Elèves, direction, autres profs, parents d’élèves… Tout le monde s’amène et la ramène ! Vagues, vagues, houle, ouragan. De la tempête dans un verre d’eau au raz-de-marée final. De manière sobre et feutrée, pas de cris, pas de larmes, pointes hypocrites ou cordiales. Luttes de classe, lutte des places. Parole pleine ou langue de bois, qui flotte le mieux ?

Résumons : les deux acteurs sont parfaits, la mise en scène est parfaite, le texte est une merveille.

J’aime bien aller à l’école, et vous ?

Pr Talma Doinysos.

Paris,
11 septembre 2019.

A Thelma & Cie, avec sympathie.

Texte : Yves Ravey
Adaptation : Joël Jouanneau, Sandrine Lanno
Mise en scène : Sandrine Lanno
Avec : Philippe Duclos, Grégoire Œstermann

© Théâtre du Rond-Point >
theatredurondpoint.fr/spectacle/le_cours_classique
theatredurondpoint.fr/spectacle/le_cours_classique/#gallery-6

vendredi 2 février 2018

Comment écrire une série comme Bankerot ?

Recette.

1 Prendre un groupe de marginaux qui veulent réussir un truc sympa (un resto, un strip-tease, un concert, un calendrier...).

2 Multiplier les obstacles et montrer comment les personnages les surmontent grâce à leur bon coeur et à leurs nobles valeurs universelles politiquement correctes.

3 Quels que soient leurs conflits, à la fin, le scénario prévoiera qu'ils réussissent et redeviennent tous potes, amis, amants, couples...

4 Ajouter une bonne sauce mélo, notamment avec la musique, de longs silences pleins d'émotions et des répliques définitives.

© Bankerot (coup de feu en cuisine), série danoise de 2014 rediffusée sur Arte > https://www.arte.tv/fr/videos/058862-001-A/bankerot-1-8/

samedi 25 novembre 2017

Conférence de choses, en 9 numéros.

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- Sympa.
- Sympa, superficiel, à la mode.
- Intéressant. Beaucoup d’informations sérieuses. Scientifiques.
- Oui, dans le retour actuel au « Théâtre des Savoirs ». Retour mou, sans se mouiller. Avec le bout de l’orteil qui tâte l’eau froide.
- C’est quand même une performance ! 53'33’’ sans notes et sans papier.
- Ouais. Le vieux principe de la digression continue, comme surfer sur des bouts de wikipédia®. Il n’y a pas de propos comme chez Diderot, il n’y a pas de folie comme chez le Professeur Rollin, pas de jubilation comme chez Desproges, pas d’anarchie comme chez les Marx Brothers, pas même d’histoire comme chez Calvino.
- On voyage. Il raconte bien ! Il est enjoué ! Il fait des gestes, des grimaces, des mimes, des yeux qui roulent !
- Oui, on voyage. Derrière la vitre, au train, bien au chaud. Avec un jeune homme poli et souriant, mal habillé avec de grosses ficelles.
- C’est vrai qu’un jeans et une bouée d’amour, cela manque un peu de tenue.
- Je dirai même plus : négligé. Manque de respect du public. Et du Théâtre.
- Le « Théâtre » n’est plus une église, un temple, un espace sacré.
- Mais si, mon cher, et ce sera ainsi tant qu’il y aura une frontière claire entre acteurs et spectateurs, entre paroles et oreilles…
- C’est quand même une performance.
- Non. Des dizaines de milliers de profs en font autant chaque jour.
- Moi, cela m’a fait plaisir.
- Oui, je vous ai vu sourire. Moi, cela m’a ennuyé.
- Oui, je vous ai vu dormir.
- Sa diction n’est pas très bonne. Franchement. Le premier quart d’heure était pâteux comme si on venait de le sortir du lit. Cela m’a sonné.
- J’avoue avoir été parfois gêné par ses parasitages de langage, hein, hein, hein, hein, heu, heu, heu, heu.
- N’est-ce pas, n’est-ce pas ? Voilà, voilà...
- Ce n’était que la conférence n°4. Peut-être que les cinq numéros suivants seront mieux.
- Avec ce vendredi-ci, cela me suffit.
- Ah… Vendredi… Robinson, les îles, le Pacifique…
- Aucune chance avec lui d’en arriver aux paradis fiscaux.
- Ecoutez, on ne peut quand même pas pratiquer partout le Rire de résistance de Ribes !
- N’est-ce pas, n’est-ce pas ?
- C’était sympa.
- Voilà, voilà. Sympa.

Philippe Dohy
Paris 25 novembre 2017

Infos sur ce spectacle du Rond-Point de Paris > https://www.theatredurondpoint.fr/s...