Mesdames et Messieurs, chers spectateurs.trices, amis journalistes, journellement sollicités par l’actualité,

J’ai une importante communication à vous faire, une covidication de taille. Une coronication d’envergure.

Je m’explique.

J’ai été convoquée manu medicinali par Sa Majesté Coronavirus et son associée Covid dix-neuf.

Comme tous les documents, captations, reportages, interviews ont été égarés - si ce n’est détruit - comme tous les témoins ont disparu, happés dans la tourmente médiatique et médiatisée, je vais tâcher de vous rapporter les quelques bribes dont je me souviens de cet entretien au sommet.

Heu… en fait, je ne me souviens pas de grand-chose car il y avait trop de choses pour que je m’en souvienne. Mais j’ai retenu l’essentiel :

Covid and co sont étonnés, stupéfaits. Mais aussi peinés, vexés et mortifiés par vos manies de classification, vos réflexes de catégorisation, votre obsession de hiérarchisation. Votre maladie de nomenclature et de rangement.

Les deux cocos, Corona et Covid, sont déçus par la propension humaine à tout stigmatiser.

Mais dans sa folie de tout classifier, l’être humain a omis le principal, surtout en France. Soyons précis : Covid en a marre d’être un coup masculin, un coup féminin. Du coup, il.elle ne sait plus où habiter. Il.elle se sent confondu.e. Désorienté.e, il.elle frappe au hasard, avec maladresse. Changer de sexe ou de genre, selon les individus qui parlent de vous, avouez qu’il y a là de quoi perdre son latin.

Alors, Covid, appuyé.e dans sa démarche par son géniteur, Corona, a décidé de porter plainte. L’être humain va être traîné, dans un premier temps, devant les tribunaux, pour atteinte à intégrité physique et, même, morale.

Les deux cos, ces cocos, ont décidé de mettre au point une stratégie d’attaque, et ils m’ont demandé d’ores et déjà de vous en faire part.

Pour commencer, Covid veut obtenir le statut de neutralité. Il refuse tous vos articles sexués, qui sont désuets. Covid exige l’article neutre, comme en Allemagne, le « das », bien différencié du « der » ou du « die ».

Covid ne veut plus être appelé ni le Covid ni la Covid. Covid, ne se faisant aucune illusion sur les capacités d’invention de l’être humain, se propose « de soi-même » de vous faire quelques suggestions au sujet de son futur article.

Et c’est à moi qu’il est dévolu la mission de vous faire l’article.

Covid aimerait se faire appeler ly Covid. Pourquoi ly avec un y bien grec ?

Parce que l’y grec possède deux jambes, et de ce fait, on peut imaginer une juste répartition du genre, entre une jambe féminine et une jambe masculine, ce qui couperait court à tous les problèmes de parité ou même de discrimination.

Pour ce qui est des qualificatifs, Covid accepte d’être qualifié, mais à une condition, très intrusive… Covid veut être inclusif… inclusive… bref, Covid exige l’inclusion totale.

En résumé, ly Covid demande à être adopté.e dans sa nouvelle entité. Ly souhaite que sa nouvelle identité soit reconnue par le peuple français. Ly exige que son nouveau signalement soit entériné.e par l’Académie française. Ly ordonne que sa souveraineté soit admise par le gouvernement français.

Enfin, au niveau mondial, ly Covid vous emmerde parce que de toutes façons, ly aura raison de vous tous. Mais ly veut y mettre les formes. Par déontologie médicinale et médicamenteuse. Sans mentir, parce que son ramage se rapporte à son plumage, ly est le futur Phénix des hôtes de cette terre.

Vive ly Covid - et merci à Corona de nous avoir aidé avec sa logistique de communication et de propagation, même si cette dernière a été quelque peu modifiée et déformée dans le feu de l’action. Mais l’essentiel ne réside-t-il pas dans la fin et non dans les moyens ?

C’est ainsi que, Mesdames et Messieurs, chers spectateurs.trices, amis journalistes, journellement sollicités par l’actualité, je vous remercie d’être venus ici vous renseigner, pour pouvoir, à votre tour, contaminer, pardon, je veux dire informer le reste de la population qui meurt d’impatience de connaître les dernières nouvelles de la solution finale qui mettrait un terme à la situation globale.

Chacun pour soi, et Cocos à gogo !

Nicole Desjardins

1er décembre 2020