A la télévision ce soir, nouvelles consignes covidesques, par un ministre qui remplace le président fiévreux, malade et alité.

Chers cons… compatriotes,

Complices, please, écoutez-moi,

Chers cons…vives, vive la République !

Chers cons… condisciples,

C’est avec discipline et subornation, je veux dire subordination, que me voici déjanté… diligenté, pour vous enfoncer… vous informer, vous entuber, je veux dire pour vous enturlupiner.

Turlupinés, nous le sommes tous par les derniers événements. Et vainement, votre gouvernement a dû mettre en place beaucoup d’audace pour partir à la chasse de ce virus dégueulasse.

Car il l’est, fi de la langue de bois, qui, d’ordinaire, nous laisse cois, enfin, surtout vous, ma foi.

L’autre fois, c’est le patron qui vous a parlé. Ce n’est pas pour me vanter, mais c’est moi qui avais rédigé son élocution. Et il était si satisfait de son élocution qu’il avait promis de me renvoyer l’ascenseur. Mais voilà, il est resté coincé dedans.

C’est pourquoi, c’est moi, son sbire qui suis devant vous, ce jour. Bien entendu, il s’agit là d’une exception, loin de moi l’idée de prendre la place du grand chef, il est hors de question de tomber dans la spirale des sous-fifres.

Si notre vénérable, notre honoré père de la nation m’a fait l’honneur de me reléguer, je veux dire de me déléguer, auprès de vous, c’est qu’il a, et je n’en pense pas moins, une fière opinion de vous.


J’ai opiné du chef en apprenant la décision de la direction. Une direction est toujours bonne à suivre quand elle est bien indiquée.

J’ai d’ailleurs, ici, devant moi, plusieurs index de bonne conduite qui sauront, mieux que moi, vous donner le bon exemple de la marche à suivre. Une bonne marche en avant est le symptôme évident d’une bonne direction. Ceux qui prendraient le parti de reculer seraient immédiatement mis à l’index.

A propos d’index, je vais poser le mien sur les statistiques. Comme vous le savez déjà, à cause des différentes fuites, que j’ai d’ailleurs moi-même initiées, pour cause d’incontinence primaire, les statistiques sont statistiquement nulles. Nulles de chez nulles. Donc équivalentes à zéro. Zéro chiffre, zéro. Zéro blabla, zéro tracas.

Voilà, CQFD, rentrez chez vous, braves gens. Oyez, oyez, ouille, ouille, ouille. Croyez-moi, sauvez ce qui peut encore l’être. Sauvez-vous. Sauve qui peut ! Sauve qui veut. Personnellement, je m’en fiche. Faites ce que vous voulez, mais restez chez vous, ce sera plus facile à gérer.

Comme dit l’adage : pour vivre heureux, vivez cachés. Pour mourir heureux, mourez cachés.

Et il n’y paraîtra rien. Ce que l’on ne voit pas n’existe pas.

Chers cons, chers concitoyens, soyons concis, soyons dignes de nos doyens, je veux dire soyons dignes de nos moyens. Aux grands maux, les grands moyens. Au bas mot, les moyens excusent la fin. A toutes fins utiles, je clôturerai donc ce début, ce débat, ce débit, bref, ce beau… rebut par une rebuffade : tous aux abris.

Abracadabra, et tout ce qui s’en suivra.

Amen.

© Nicole Desjardins