- J’ai une bonne nouvelle.

- Quelle bonne nouvelle !

- Tu veux dire : Quelle bonne nouvelle ?

- Non. Quelle bonne nouvelle ! Exclamation. Pas interrogation.

- Ah. Donc, tu t’en fiches !

- Je me fiche de quoi ?

- De connaître la nouvelle ?

- Bien sûr que non. Mais avant de savoir, j’apprécie cet instant rare, l’instant où je pense que la bonne nouvelle en est vraiment une, et où je ressens la même excitation que l’enfant qui ouvre le paquet-cadeau avant d’être définitivement déçu.

- Déçu ! Mais pourquoi serais-tu déçu ?

- Parce que le degré d’importance des bonnes nouvelles n’est pas le même pour tout le monde. Ce que tu estimes être une bonne nouvelle ne l’est peut-être pas pour moi.

- Une bonne nouvelle qui me concerne te concerne forcément, non ?

- Détrompe-toi !

- Comment ça ? Je croyais que nous faisions cause commune !

- Cause commune ! Cause commune ! Mais ça n’existe pas !

- C’est toi qui me dis ça ! On a acheté cet appartement ensemble, on s’est mariés, et maintenant, tu me dis que ça n’existe pas, les causes communes, le partage, la communauté?!

- Un individu n’est lié à un autre que dans la mesure où cela lui apporte un bénéfice quelconque. Je ne me fais aucune illusion sur le degré d’égocentrisme du genre humain.

- Je rêve ! Tu m’accuses de n’être avec toi que par intérêt !

- Voilà encore une preuve d’égocentrisme : qui te dit que je parle de toi ?! Non, je parle de moi.

- Tu n’es avec moi que par intérêt ?!

- Moi, toi, lui, nous. Nous sommes tous ensemble par intérêt.

- Tous ensemble, tous ensemble ! Moi, je ne veux pas être tous ensemble avec tout le monde. Moi, je veux être avec toi, c’est tout.

- Moi, moi, moi. Pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’ai de plus que le voisin, après tout ?

- Le voisin ?! Mais beaucoup plus que le voisin, beaucoup plus !

- Voilà ! CQFD ! A tes yeux, je présente plus d’avantages que le voisin.

- Ok. Mais si tu veux, je peux te prouver que je suis une femme particulièrement désintéressée.

- Ah ! voilà une bonne nouvelle !

- Ravie que cela te plaise !

- Bien sûr ! On le serait à moins.

- Soit ! Dans ce cas, oublie la première bonne nouvelle que je voulais t’annoncer !

- Pourquoi ?

- Parce qu’elle était collective. Je veux dire qu’elle nous concernait tous deux.

- Et alors, elle ne nous concerne plus tous deux ?

- Non, car je vais aller m’installer chez le voisin.

© Nicole Desjardins

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