Sur la scène d'un théâtre, un homme seul regarde souvent sa montre. Soudain surgit un cheval essoufflé, monté par une ravissante cavalière. Elle lui sourit, il lui dit...

- Je remercie les dieux pour cette apparition.
Vous voir ainsi perchée sur votre Percheron,
Offre à votre beauté le ciel en arrière-fond.
Vous découvrir si proche d'un corps sans selle ? Je fonds.

- Ami, ami, tant de temps sans votre grand amour,
pour me réchauffer les pieds froids au fond des bois !

- Mais si souvent, ma mie, j'ai transgressé la loi !
Je finis assommé, en prison, chaque jour.
Je voulais vous rejoindre pour urgence familiale,
J'ai tout tenté, volé moi aussi un cheval.

- Je ne l'ai pas volé, mon père me l'a offert,
Pour que je puisse garder la distance sociale.

- Bravo pour son choix, c'est un fort bel animal.

- Et rarement je chois les quatre fers en l'air !

- Haha, mon amie, votre esprit n'a pas faibli.
Mais vos baisers et votre étreinte m'ont tant manqué.

- Hé... c'est plus que mes pieds qu'il faudrait réchauffer...

- Descendez donc que je vous fasse quelques guilis...

- Hélas, c'est un adieu, je fus testée porteuse.

- Mon Dieu ! Rage ! Peu m'importe, amour de ma vie.
Je mourrai de vous savoir si malheureuse !

- Vous devez vivre, je suis venue vous le dire.

- Trop tard ! Des postillons, les postillons sont pires.

- Oh mon chéri, vous aurais-je contaminé ?
Alors qu'avec ce cheval, je voulais vous protéger ?

- De la tristesse, vous aimer, me protégera...

- Oui, sautons le pas, attrapez-moi dans vos bras !
Que m'importe ce cheval qui m'a fait moins forte !

- Oh ! sans selle, elle chute, s'écrase, Dieu cruel, elle est morte !

© Dr Groucho Duchmoll