Une maison dans les bois. On sonne.
Une femme ouvre la porte.
C'est un facteur.

- Bonjour !

- Ah, du courrier. Enfin !

- C'est pour le calendrier des Postes.

- Le calendrier des Postes ? Et pourquoi je vous achèterais encore votre calendrier ? Je vous l'ai acheté l'année dernière, et depuis, vous n'êtes plus jamais venu.

- Cela n'est pas de ma faute si personne ne vous écrit.

- Mais on m'écrit, monsieur !

- Non.

- Haha. Je dois aller chercher mon courrier moi-même à l'épicerie chaque mois.

- Ha, vous voyez ! Mais je ne travaille pas à l'épicerie, moi, je suis facteur.

- Bien sûr... Et il est où le Bureau de Poste ?

- Loin, très loin. Vous le savez bien. Tous les bureaux de Poste ont été regroupés à Paris. Vous imaginez le chemin que j'ai dû faire pour venir vous proposer notre calendrier ?

- Non mais je rêve...

- Regardez au moins, il est super. On a mis des photos de toutes les explosions des centrales nucléaires en surchauffe. Une nouvelle chaque mois. Douze... la coïncidence était trop belle. Et pourtant, personne d'autre n'y a pensé !

- Formidable. Voilà qui va nous rendre le moral.

- Mais oui, madame, mais oui. Tout ce qui a explosé ne peut plus exploser. Et ici, vous ne risquez rien. Pas vrai ?

- NON.

- Bon, bon, très bien. Si vous voulez, j'ai aussi le calendrier des Pompiers. Mais bon... Ils sont tous en scaphandre biologique, c'est pas franchement sexy, je trouve. On ne pourait même pas reconnaître une Pompière.

- Pompiers, pompières !! Il y a deux ans, notre maison a brûlé, on les attend toujours !

- Mettez-vous à leur place. Vous habitez au milieu des bois... C'est dangereux.

- Dangereux... Et leur... enfin, bon... Désolée, ni l'un ni l'autre. Et vous pouvez ranger votre troisième calendrier, j'imagine que c'est pour les Inspecteurs du télétravail ?

- Oui... oui.... Mais, madame, si vous vous coupez des dates, vous vous coupez des jours, vous vous coupez du temps. Et si vous vous coupez du temps, vous vous coupez du monde...

- Le monde, je lui claque la porte au nez !

- Personnellement, je trouve que le monde d'après est encore plus impoli qu'avant.

© Dr Groucho Duchmoll