Chère futurette,

Je ne vous ai pas écrit depuis une semaine, alors que je pense souvent à vous, oui, à vous, plusieurs fois par jour.

Vous n'existez pas et pourtant vous existez.

Depuis ma première lettre, depuis que je vous ai rencontrée, sur ce site en quelque sorte, j'ai déjà deux vies de plus : celle que je vous raconte et celle que je vous imagine.

Je pourrais vous écrire des pages et des pages tant j'aurais à vous dire sur cette époque fracassante que je traverse avec six milliards de gens.

J'essaie de me limiter.

Sans limites à l'écriture, on décourage.

Pourtant, Twitter, un système d'échanges publics sur internet de courts messages écrits, a doublé ce matin le nombre de caractères autorisés.

De 140, on est passé à 280 ; et certains analystes financiers y voient le signe du déclin, la fin prochaine et certaine de cette société "qui ne fait pas de bénéfices".

Aujourd'hui, tout ce qui ne fait pas de "bénéfices" est suspect.

Que faire avec ces bénéfices ?

D'autres bénéfices.

C'est ainsi que chaque jour, nous creusons l'immense déficit des ressources de la Terre.

Plus nous faisons de bénéfices monétaires, plus nous faisons de déficits naturels.

Mais bon, vous me lisez, c'est donc que l'espèce humaine a survécu.

A moins que vous ne soyiez une extra-terrestre ? Ou une robotte ?

J'aimerais tant vous connaître !

Philippe Jean