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Nous sommes comme l'eau.

Nous sommes légers, nous sommes fluides.

Ici une rivière, là un lac, là une source, là un océan.

Nous avons un cap, celui de notre âme.

Nous avons un horizon, celui d'être ensemble.

Nous partageons, nous échangeons, nous pensons, nous parlons, nous inventons.

Nous ne croyons plus les promesses vides de vos chefs avides.

Nous pouvons travailler en coopérant, en coopératives.

Nous n'avons plus besoin de vos "capitaines d'industries", qui n'ont pas de boussole, qui n'ont pas de carte de la terre qu'ils détruisent, qui n'ont pas de rêve, qui ne veulent pas voyager mais seulement mettre les bateaux en pièces pour les revendre au plus cher.

Nous ne voulons plus soutenir la pyramide, nous n'avons plus besoin de hiérarchies verticales.

Nous n'avons pas de Dieu de recours ou de consolation, nous n'avons pas de vie au-delà de notre amour pour la vie.

Nous sommes comme l'eau.

Nous ne sommes pas les premiers, nous ne sommes pas les derniers.

Nous avançons.

Nous n'avons pas besoin de vos investisseurs prédateurs, ils nous volent le meilleur, ils nous jettent au pire, arrêtez-les, chassez-les, qu'ils partent.

Vos immigrés millardaires nous appauvrissent alors que les immigrés pauvres agrandissent notre humanité, nos métissages, notre histoire.

Nous n'avons plus besoin de vos combats marchands, de vos guerres de pouvoirs et de territoires.

Nous ne voulons plus de vos formatages, nous sommes singuliers.

Nous construisons autrement.

Nous sommes chacun, nous sommes des gouttes d'eau, nous sommes l'océan.

Nous noierons votre violence permanente, votre terrorisme financier, votre faillite immense et frauduleuse dans l'histoire du monde.

Nous n'avons plus besoin de vous.

Nous vous inonderons de nos rêves, nous ferons autre chose, nous ferons autrement, nous nous ferons les uns les autres.

Notre intelligence vaut mieux que votre cupidité.

Notre bienveillance vaut mieux que vos armes.

N'importe quel enfant affamé vaut mieux que votre argent qui le tue.

Les justes font avancer l'humanité que vous avez écrasée, même en vous.

Nous pensons par nous-mêmes, nous décidons par nous-mêmes, nous nous défendrons par nous-mêmes.

Nous ne cesserons plus de revenir.

Nous sommes la pluie de ce monde que vous avez asséché.

Nous sommes les femmes et les hommes debout.

Nous sommes l'eau, nous avancerons dans chacune de vos fuites, nous vous poursuivrons.

Nous vous sauverons de vous-mêmes et de vos méfaits sur notre maison commune, puis nous vous porterons aussi.

Nuits debout.

Nous sommes debout la nuit.

Philippe Dohy


7 avril 2016, Paris République, lors de Nuit Debout.


© photo Bozena Lukazik

Réédition de ce billet paru ici en avril 2016. Trois ans déjà, trois ans seulement. "Comme un bruit qui court" (excellente émission de France Inter), à nous de faire bouger le monde, avec la patience de l'eau.