Jean-Pierre Le Goff, sociologue, pour Marianne : Cette réforme du collège signe la mise à mort de l’école républicaine.

- Avant les attentats de Charlie Hebdo, le débat sur l’école portait sur la question assez superficielle des ABCD de l’égalité, mais après les attentats, on a cru brièvement que l’école pourrait redevenir un enjeu politique majeur. Or la question n’est en rien le rôle de l’école mais une énième refonte des programmes au nom de la pédagogie…

- Une morale de bons sentiments liée à une vision angélique des droits de l’homme, le féminisme et l’écologie transformées en nouveau moralisme tiennent de plus en plus lieu d’instruction morale et civique. Pendant un court moment, on a pu effectivement croire que l’Éducation nationale allait changer de discours et de pratiques.

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Les grandes déclarations générales et généreuses sur la République, le discours incantatoire sur l’« esprit du 11 janvier » ne peuvent masquer la réalité d’une déstructuration de l’école et du terreau éducatif qui ne date pas d’aujourd’hui. La « refonte des programmes » est un pis-aller, en même temps qu’il prolonge ce processus de déstructuration.

Nous sommes arrivés à un point limite où le discours sur la modernisation et les réformes qui s’entassent ne sont plus crédibles et audibles par une bonne partie de la population, ce qui n’empêche pas les responsables de faire comme s’il n’en était rien. On ne s’en sortira pas par une « énième réforme » en continuant à charger l’école de multiples objectifs.

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C’est l’ensemble du système éducatif et de l’enseignement qui est à reconstruire, comme cela s’est fait au lendemain de la guerre, autour de grands axes que sont la socialisation, le développement de l’apprentissage et de l’enseignement professionnel, la culture générale qui allie les connaissances scientifiques et techniques avec une claire définition de l’enseignement des « humanités » aujourd’hui, en redonnant toute sa place à la littérature, à l’histoire, à la philosophie...

C’est cet ensemble qu’il s’agit de rendre clair et cohérent, ce dont se montrent incapables les nouveaux idéologues de l’Éducation nationale. CES “PETITS IDÉOLOGUES” INCULTES QUI GRAVITENT AUTOUR DE VALLAUD-BELKACEM SE SERVENT DE L’ÉCOLE POUR INSTAURER UN “MEILLEUR DES MONDES” À LEUR MESURE.

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Jean-Pierre Le Goff est sociologue, auteur notamment de La Barbarie douce et de Mai 68. L’héritage impossible (La Découverte). Dernier ouvrage paru : La fin du village. Une histoire française (Gallimard).