Texte présenté par Marcel Zang, écrivain de théâtre.

"Il me démangeait de faire découvrir ce texte d’Etta-Palm d’Aelders à ceux qui ne le connaissent pas.

Depuis "La femme eunuque" de Germaine Greer (...) je n'avais plus lu de plaidoyer aussi pertinent, émouvant et doux pour la cause des femmes.

Un beau texte, assurément. Tout y est dit.

C'est le Discours sur l'injustice des Lois en faveur des hommes, aux dépends des Femmes, lu à l'Assemblée Fédérative des Amis de la Vérité, le 30 septembre 1790, par Etta-Palm née d'Aelders, Hollandaise ; et lu le 25 mai 1791 au Club des Amis de la Liberté.


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Extrait

Appel aux Françoises sur la régénération des moeurs,
et nécessité de l'influence des femmes dans un gouvernement libre.

"La justice doit être la première vertu des hommes libres, et la justice demande que les lois soient communes à tous les êtres, comme l'air et le soleil ; et cependant partout, les lois sont en faveur des hommes, aux dépends des femmes, partout le pouvoir est en vos mains.

Quoi ! Des hommes libres, un peuple éclairé consacreraient-ils, dans un siècle de lumière et de philosophie ce qui a été l'abus de la force dans un siècle d'ignorance ?

Soyez justes envers nous, Messieurs, vous que la nature créa bien supérieurs en forces physiques, vous avez gardé pour vous toute la facilité du vice, tandis que nous, qui avons une existence si fragile, dont la somme des maux est énorme, vous nous avez donné toute la difficulté de la vertu en partage ; et cette formation délicate de la nature a gravé plus profondément votre injustice, puisqu'au lieu d'y suppléer par l'éducation et par des lois en notre faveur, il semble que l'on nous forme uniquement pour vos plaisirs, tandis qu'il serait si doux, si facile, de nous associer à votre gloire !

Les préjugés dont on a environné notre sexe, appuyés sur des lois injustes, qui ne nous accordent qu'une existence secondaire dans la société, et nous forcent souvent à l'humiliante nécessité de vaincre l'acariâtre ou féroce caractère d'un homme, qui, par la cupidité de nos proches, étant devenu notre maître, a fait changer pour nous le plus saint des devoirs, celui d'épouse et de mère, dans un pénible et affreux esclavage.

Oui, Messieurs, rien de plus humiliant que d’exiger comme un droit, ce qu’il serait glorieux d’obtenir par son choix ; de surprendre, par adresse, ce qu’il est si doux de ne devoir qu’au sentiment ; d’acquérir votre cœur, votre main, l’association d’un compagnon de la vie, d’un autre nous-même, par ce qui n’est pas nous, par une soumission aveugle aux volontés de nos parents, et faire une étude particulière de la coquetterie, pour adoucir notre captivité ; car, il faut le dire, M.M. ce sont le plus souvent des minauderies, des petits riens, l’attirail de la toilette, j’ai presque dit des vices mêmes, qui nous obtiennent vos suffrages et la préférence sur une âme élevée, un vaste génie, un cœur vraiment sensible, mais délicat et vertueux. "

Texte complet

clic > Discours sur l'injustice des Lois en faveur des hommes,
aux dépends des Femmes

© discours publié par la Confédération des amis de la Vérité, Paris 1791.