Auditrice homo,
Auditeur hétéro,

Excuse-moi de t'interpeller aussi brutalement, mais d'où sort cette séparation soudaine des désirs et des rôles ?

La préférence sexuelle est une préférence, justement, pas une assignation à vie. Le désir ne fonctionne pas comme un interrupteur mais plutôt comme un curseur.

Chez certains, ce curseur est bloqué sur le sexe opposé, chez d'autres, il tape dans le genre identique. Mais pour beaucoup de gens au cours d'une courte vie, il arrive que le curseur se déplace.

Même chez les adorateurs du minou ou les exaltées de la zézette, on se souvient d'avoir parfois sauté la frontière. Fait le mur. Trahi sa patrie. On a goûté, on s'est égaré, on y reviendra - ou pas. Demandez aux scouts, aux militaires et aux rugbymen s'ils n'ont jamais tâté du collègue - en toute amitié virile bien sûr.

Notre désir est impalpable, fluctuant, imprévu, ce qui fait tout son charme. On désire parfois une personne au-delà du genre, parfois un sexe détaché d'une personne. Notre reportage "Maman, sa femme et moi" montre que l'identité sexuelle peut évoluer avec le temps.

Et voilà des gens qui défilent par centaines de milliers pour se mêler de nos fesses, leur petit oeillet pourpre crispé de terreur au fond du pantalon. Ils ne sont pas homophobes, oh non : juste préoccupés de l'Humain avec une grande hache qui sépare de toute éternité les prises mâles et femelles.

On est ravis que l'avenir de l'homme les inquiète à ce point, mais que disent-ils quand la pollution chimique menace la fertilité ? Quand Monsanto cancérise la nature ? Quand les nanotechnologies fabriquent le post-humain ? Où sont leurs manifs chaque fois que l'Homme en majuscule est méprisé, avili, menacé dans son humanité même ?

Combien de ces bons chrétiens sont partisans de la peine de mort ? Et quel avenir réservent-ils à nos enfants, puisqu'ils n'ont que cette formule à la bouche, que de grandir sans affection, sans ouverture, sans désir, avec toute l'hypocrisie convenable des couples névrosés et des placards honteux ?

Enfants de curés, badernes réactionnaires, vrais fachos peints en rose : vous seriez cinq millions de plus que vous auriez perdu quand même. Rentrez dans vos caves et laissez-nous jouer au papa, à la maman, à l'infirmier avec la cow-girl.

Laissez-nous explorer le vertige infini des amours multiples, les joies de la monogamie consentie, les aventures du mariage pour tous.

En deux mots, laissez chacun être ce qu'il est au fond.

Bonne écoute,
Bonne semaine,

Silvain Gire (non mais c'est vrai à la fin quoi)
Chloé Assous-Plunian (t'énerve pas)
Sara Monimart (reste calme)
Samuel Hirsch (détends-toi)
Arnaud Forest (respire)

LE BI SÉLECTIF (ARTE Radio à partir du 16 janvier)

- Actualité : Clameurs pour Marseille.
Un reportage de Pascale Pascariello (2 min) Au lancement de "Marseille-Provence 2013" Pascale Pascariello croise un chef tyrannique, des minots déçus et la chorale de Berrnard Tapie : bienvenue dans la capitale de la culture. http://www.arteradio.com/son/616183/

- Jte dérange ? Non non (8) : l'URSS c'était pas à droite.
Un feuilleton de Jean-Charles Massera (5 min) "Servies par des comédiens subtils, ces pastilles portent le fer dans la plaie avec une ironie mordante" écrit Télérama. Démonstration par le grand Slimane Yefsah. http://www.arteradio.com/son/616179/

- Braquage à La Poste.
Un reportage de Nicolas Ruffault (13 min) Comment La Poste des gens modestes est devenue la Banque Postale de la finance. Reportage au guichet d'un ex-service public. http://www.arteradio.com/son/616185/

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