Voici pourquoi la police et l'AFP ont exceptionnellement refusé de donner leurs estimations, alors que les journaleux trompettaient avec complaisance les chiffres UMP en ajoutant (parfois) "mais ce chiffre n'est pas vérifiable". Ce n'était pourtant pas très compliqué, voici comment les journalistes de Médiapart ont découvert et prouvé le mensonge. Enfantin ! Vous trouverez le lien en bas de l'article.

100.000 personnes, s'est vanté dimanche Jean-François Copé en accueillant sur la place de la Concorde « la majorité silencieuse » venue soutenir Nicolas Sarkozy. «120.000 personnes !», a même triomphé le président sortant, ce lundi matin. «150.000 personnes !», clame son site de campagne. Calmons-nous. Il y avait certes du monde, ce dimanche. Mais 25.000 personnes tout au mieux. Démonstration.

«La vague» du peuple de France, de cette «majorité silencieuse opprimée» par les affreux bien-pensants et les socialistes, comme dirait Jean-François Copé, aurait donc submergé la place de la Concorde, dimanche 15 avril. Un sursaut, un réveil, une réédition de l'exploit gaulliste qui avait avec la grande manifestation des Champs-Elysées mis fin à l'épisode Mai 68… Le président sortant veut y croire mais ce ne fut pas vraiment ce film qui a été projeté dimanche. Car les 100.000 ou les 120.000 personnes n'étaient pas là.

Il y avait certes du monde mais en aucun cas cette marée humaine revendiquée. Quelques calculs et observations permettent de donner une estimation plus réaliste: c'est environ 25.000 personnes qui sont venues soutenir Nicolas Sarkozy ce dimanche. 

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Une place de la Concorde débordant à craquer… ce serait ainsi 80.000 personnes qui se seraient retrouvées ce dimanche. Et c'est bien ce qu'ont prétendu nous montrer les photos de l'équipe de campagne de Nicolas Sarkozy, comme les images télévisées gracieusement fournies aux chaînes de télévision qui ont retransmis le meeting, images réalisées elles aussi par le staff de campagne du président-candidat. Voilà un exemple:


Mais au même moment, c'est-à-dire précisément lorsque Nicolas Sarkozy prononçait son discours, vers 15h30, voilà ce que nous pouvions constater, si l'on prenait soin de ne pas demeurer dans le cœur même du rassemblement.

Côté Seine: c'est vide

 



Côté hôtel Crillon, c'est vide:



En bas des Champs, au niveau des chevaux de Marly, les voitures circulent:



Sur les côtés de la place, les espaces vides se multiplient et les badauds sont dispersés:



Plus astucieux, l'équipe de campagne de Nicolas Sarkozy avait pris soin de redessiner la place pour en geler de larges espaces. Ainsi deux vastes triangles, côté rue de Rivoli et côté quai de Seine, étaient neutralisés par des jeux de barrière, créant des no man's land en plein cœur de la place.


Ici, côté rue de Rivoli:


Ici, côté quai de Seine:

Au final, quelle est la proportion de la place qui était véritablement consacrée et occupée par le meeting? Sans doute un tiers. Un tiers, soit 28.000 mètres carrés. J'enlève la tribune, je soustrais tentes et travées, j'ôte les régies télés et haut-parleurs. Reste environ 25.000 mètres. 

1 participant au mètre carré, disions-nous en accord avec la préfecture de police: cela fait 25.000 personnes. Et comme nous détestons l'anti-sarkozysme primaire, nous sommes prêts à faire un geste: allons-y pour 30.000 personnes. 

30.000 personnes: c'est aussi l'estimation donnée par notre confrère le photographe Thomas Haley, un routier expérimenté des meetings et manifestations.

Et en complément, pour mieux comprendre le dispositif soigneusement mis en place par l'équipe de campagne du candidat UMP, voici quelques photos de Marine Turchi, également présente dimanche à la Concorde et prises pendant le discours de Nathalie Kosciusko-Morizet, depuis un échafaudage au centre du meeting:

- de face, la "marée humaine" monte vers la tribune:

 



















- oui, mais voilà, quand on regarde sur les côtés... au-delà des premiers rangs, il n'y a plus personne:




















© article de François Bonnet sur Médiapart ; au complet ici >> http://blogs.mediapart.fr/blog/francois-bonnet/160412/sarkozy-la-concorde-ya-quelquun