chère Elisa,

suite à vos messages et commentaires très bien argumentés, sur facebook, je me suis dit que vous répondre sur ce site était une occasion de clarifier notre démarche :-)

ce qui m'intéresse dans cette tragédie absolue du Sofitel de New York, car si N. Diallo est la victime, c'est une tragédie, et si c'est DSK, c'est une tragédie aussi, ce qui m'intéresse d'abord, c'est la manière dont on nous fait prendre, ou pas, des vessies pour des lanternes ; cette histoire est un condensé des courants profonds de notre société : lutte des classes, FMI, gauche, droite, politique de haut niveau, richesse et misère, justice, télés et autres médias, internet, journalistes et journaleux, politique de caniveau, sexe et libertinage, pouvoir, pressions, manipulations, présidentielles, mafia (blanchiment), immigration, etc.

je ne suis ni juge, ni voyant, ni justicier, ni gourou expert ; j'essaie d'avoir le moins de préjugés possibles, de noter des coïncidences troublantes, des contradictions peu remarquées, le traitement par les médias - qui ne sont souvent plus des médias mais des politiciens à part entière mais cachée ; je n'ai pas de pensée arrêtée, encore moins dogmatique, que j'essaierais d'imposer à qui que ce soit ;

je cherche, avec celles et ceux d'entre vous qui le souhaitent, non pas comme un enquêteur qui lirait toutes les pièces et tous les articles, mais comme un citoyen lambda s'intéressant à l'affaire et son making off, saisissant telle info ça et là ; et si je vous propose, sur cette page, mes modestes analyses, c'est parce qu'il me semble que les absurdités diverses de ce spectacle sont de bonnes pistes pour s'interroger sur les divers discours tenus ;

dans ces affaires de viol présumé, c'est souvent parole contre parole, mais aussi la manière dont cette parole est entendue, ou pas, par les policiers, médecins, etc. ; je me rappelle un remarquable documentaire réalisé par une fille violée dans un parking par un violeur en série ; elle revenait sur la chronologie des faits et interrogeait toutes les personnes qu'elle avait vues ensuite ;

elle en voulait particulièrement à l'urgentiste qui l'avait examinée et traduisait toutes ses affirmations par des conditionnels :" elle aurait été agressée dans un parking par un homme qui l'aurait menacée avec un couteau" ; elle était révoltée de ne pas être crue ; dans le documentaire, le médecin lui explique que c'était une contrainte de sa rédaction ; s'il avait affirmé quoi que ce soit, le juge aurait refusé son expertise ; pourquoi ne l'a-t-il pas dit alors ?

plus les enjeux sont forts, plus le mensonge est fréquent ; et bien sûr, "Il y a des hommes qui mentent mais aussi des femmes qui mentent" (dicton politique) ; et les cas que vous nous rapportez sont aussi tragiques que celui que j'avais rappelé précédemment (réponse à Eric) ; mais les cas que rapporte ci-dessous la psychiatre Muriel Salmona, le sont tout autant ;

dès le début (voir mes premiers tweets sur la page Duchmoll de facebook), j'ai trouvé que DSK était, de fait, présumé coupable un peu vite ; j'ai remarqué ce problème de la chambre "vide" que je n'ai pas vu relevé ailleurs mais je n'ai pas tout lu ;

j'ai en effet beaucoup de peine à croire qu'un type qui prend une douche y aille avec ses valises et toutes ses affaires ; non seulement les femmes de chambre, surtout dans les hôtels de luxe, attendent le signal de la réception pour faire une chambre, ou alors, si elles entrent par erreur et la voit occupée, elles s'en vont immédiatement ; il n'y avait aucune raison, semble-t-il, sauf pour lui "sauter dessus", qu'elle reste là plus que le temps de l'ouverture de porte ;

et il y a bien d'autres éléments troublants ; mais, comme le rappelle la psychiatre, après un évènement très traumatique, la confusion des faits, émotions, chronologies est très fréquente ; il suffit d'en avoir connu un pour le savoir : des moments sont retenus, d'autres sont effacés immédiatement, d''autres sont faux ou dans le mauvais ordre, etc.

mais évidemment, il est plus facile d'analyser les propos ou les faits du point de vue de Nafissatou Diallo ou de Tristane Banon, que de celui de DSK qui ne dit rien ni ses avocats ;

et actuellement, je trouve la plupart des arguments en défaveur de Nafissatou très inappropriés ; en résumé absurde, cela donnerait : "compte-tenu du fait que la plaignante a cinq abonnements téléphoniques, elle n'a pas été violée" ; tout comme il était absurde d'avancer : "compte-tenu du fait que DSK aime les femmes, il a violé la femme de chambre" ;

notons d'ailleurs que, en général, ceux qui aiment vraiment les femmes sont ceux qui les respectent le plus, et ne conçoivent pas d'intimité sans consentement réciproque ; revoir le merveilleux film de Truffaut ; bon, OK, DSK n'est pas Charles Denner mais celui-ci pourrait être aimé d'Anne Sinclair ;

je pense d'ailleurs que cela pose une question supplémentaire : est-ce que, oui ou non, Anne Sinclair a violé Charles Denner ?

j'espère que vous continuerez à nous faire part de vos réflexions sur ce sujet, et que vous ne vous dégonflerez pas ;-)

votre dévoué,

Docteur Duchmoll