Cliquer sur ce Tag pour lire ou pour relire les débuts (1) (2) (3) de cette interview, réalisée le mercredi 19 janvier chez Didier Porte.

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G, Lord Gogo Duchmoll - Bravo ! Pourtant, dans cet ouvrage de Didier Porte, écrit par vous-même, vous ne cessez de vous accuser de, je cite, « sale type, récidiviste, incontinent verbal, malséant, inverectiveur, sarkopopophile, répugnant usager du service public, d’usager de vocabulaire gras, ordurier, de baudet, parano, vulgaire pas drôle, menteur, hitléro-trotzkyste, camarade de crapule post-stalinienne » etc, pendant des dizaines de pages que vous auriez pu consacrer à vous aimer vous-même davantage, pour notre plus grand plaisir. Pourquoi ?

D, Didier Porte - C’est une coquetterie auto-flagellante, destinée à enrichir le vocabulaire de mes contempteurs et bourreaux, pour leur donner des moyens lexicaux dignes de ma compagnie car leur appareil à anathèmes est si pauvre qu’il n’est pas du tout gratifiant pour moi. Qui supporterait d’être insulté par des gens tellement dépourvus de capacités sémantiques élaborées ?

G - Oui, Didier Porte, oui, dites-nous franchement comment suivre votre bel exemple pour nous orienter plus activement vers le stalinisme démocratique de l’autocritique systématique nuancée.

D - Vous m’avez mal compris, my Lord. Les sous-sol de la loubianka n’était pas fréquentés par de joyeux rigolos. Il fallait parler mais... on n’avait pas le temps de parler. On avait juste le temps de recevoir une balle dans la nuque.

G - Je comprends mieux puisque, déjà à la page 27, vous refusez « l’autocritique circonstanciée à la chinoise »...

D - Pourtant, cette belle convivialité des Gardes Rouges ne doit pas la faire rejeter complètement.

G - N’est-ce pas une contradiction ?

D - Et alors ?! Qu’avez-vous contre les contradictions ? Je suis un disciple d’Hegel remis à l’endroit par Marx, et je vous empomme, my Lord à binationalité bi bâtardique, too bi to be free !

G - Vous n’aimez pas que je vous contredise ?

D - Et je vous empoire, babard !

G - Hum... vous n’aimez pas la contradiction, finalement.

D - Je vous interdis de me faire rire, anglo pachy zouk zouk belge !

G - Ah oui, biloute ! comme j’envie votre fameuse richesse lexicale. Vous me trouez, Didier. Vos lecteurs et les nôtres doivent-ils vous écrire pour mieux se dénoncer eux-mêmes de penser du bien de vous ?

D - Non. J’en ai marre des dénonciations. Moi-même, je ne sais plus à qui dénoncer mon sympathique voisin du cinquième, un brave musulman un peu louche. L’autre jour, dans l’ascenseur, il était sur le sol en faisant semblant de chercher des clés. Mais, curieusement, il était tourné vers La Mecque... C’est pas bizarre ça ? Alors maintenant, je me méfie, et je ne prends plus mes clés sur moi dans l’ascenseur. Ce qui m’oblige à remonter par les escaliers pour aller les rechercher.

G - Dans votre ouvrage, vous nous révélez avec courage que notre président a moins de huit ans. Mais quelques mois plus tard, à nouveau sur mediapart.fr, vous nous dites qu’il a quatorze ans d’âge mental. Comment expliquer une maturation aussi rapide ?

D - Par chance, je connais personnellement, dans l’intimité, Patrick Poivre d'Arvor. Je vous assure qu’il grandit très vite. Vous aussi, vous aimeriez beaucoup cela, grandir très vite, n’est-ce pas ?

G - C’est vrai, cela m’arrive quelquefois, et ce n’est pas désagréable... Didier Porte, vous désapprouvez souvent ceux qui sont durs avec les faibles et doux avec les forts. Mais vous rendez-vous compte que, s’il y avait de moins en moins de dictatures dans le monde, nos marchands d’armes auraient de plus en plus de difficultés à vendre leurs nouveaux produits qui écrasent les gens même en écrasant les prix. Alors... les nombreux médias qu’ils possèdent auraient beaucoup moins de ressources, et nombre de journalistes honnêtes, impertinents, justiciers, investigateurs, intelligents et personnalisés, seraient licenciés. Alors ?

D - Alors, my Lord, il faut qu’ils soient encore plus caressants avec les patrons, plus aimables avec les actionnaires, plus délicats avec le pouvoir, et...

G - Et ?

D - Et vous commencez sérieusement à me courir sur le haricot.

G - Vraiment ? Si vous voulez, on arrête.

D - Mais non !! Vous devenez sérieux, maintenant ? C’est parce que je ne sais pas quoi vous répondre d’autre.

G - Ah. J’en suis ravi.

D - Il reste combien de questions ?

G - Trois.

D - Eh bien, c’est pas trop tôt.

G - Pourquoi trouvâtes-vous le 17 novembre 2006, ce que vous écrivâtes à la page 59, que l’ancien directeur de France Inter, le « dénommé Schlesinger », était « très laid, tout petit, méchant, avec un drôle de nom et que si ça se trouve, il était allemand » ?

D - Parce que j’ai toujours eu beaucoup de sympathie pour lui, mais quand je fais des compliments sincères, je manque de conviction, alors je préfère insulter copieusement les gens, alors tirez-vous, ectoplasme des Carpathes, zouave à fromage, anthropopithèque de Tombouctou.

G - Merci, je suis ému. (silence, soupir d'aise) Didier Porte, très cher Didier Porte, vous nous faites souvent rire aux éclats ; par exemple, et ce n’est qu’un extrait, aux pages 9, 26, 27, 31, 37, 39, 41, 44, 45, 47, 49, 50, 52, 53, 54, 57, 59, 62, 63, 64, 65, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 80, 82, 83, 84, 90, 93, 94, 95, 96, 97, etc. ; et ce, jusqu’à la fin, à page 241. Pourquoi vous être arrêté aussi brutalement sur un chiffre aussi peu rond tout en nous laissant sur notre faim. Vous ne pouvez pourtant pas ignorer, depuis Rabelais, notre grand maître créateur de l'Absurde et qui savait aimer avec un bel appétit tout ce qui était rond, vous n'ignorerez pas, dis-je et redis-je chaque jour, que rire est bon pour la santé, physiologique et démocratique ?

D - Ecoutez, my Lord, j’ai eu une formation économique et je sais ce qu’il en est de la Théorie de la Valeur. A la page 241 exactement, j’avais épuisé les contreparties humoristiques correspondant à la somme de 14,99 €.

G - Au centime près ? c’est génial. Il est vrai que ce n'est pas un chiffre rond non plus. Ah, c'est donc comme ça, le monde de l'édition ?! Formidable !! D’ailleurs, combien payez-vous les journalistes qui font de la publicité discrète pour votre ouvrage captivant et tellement, tellement, tellement, tellement, drôle ?

D - Un bon coup de pied au cul.

G - Merci, c’est très tentant, Didier Porte, vous êtes si proche du capitaine Haddock, finalement, mais je préfère me sacrifier et vous demander d'offrir cette inestimable pointure à notre grand agité de la déconnectitude, que vous arrosez tant, copieusement, si souvent, que l’on découvre, surpris, grâce cette interview magnifique avec un être humain rare, que vous lui gardez de nombreux compliments en réserve d’emprosement.

D - Hahahahahahahaha.

Propos recueillis, de temps en temps,
par Lord Gogo Duchmoll, le baba des peoples,
pour l’Agence Mondiale Duchmoll. Janvier 2011.