Cliquer sur ce Tag pour lire ou pour relire les débuts (1) & (2) de cette interview, réalisée le mercredi 19 janvier chez Didier Porte.

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G, Lord Gogo Duchmoll - Je voudrais revenir sur votre facteur étêté. Vous dites qu’il est « préposé aux mauvaises nouvelles ». Voudriez-vous dire qu’il s’appelle président du G20, président du G8, président du G1 grozavion et Chef du Monde Libre ?

D, Didier Porte - Ecoutez, my Lord, ça me fait plaisir de voir que vous partagez ma peine, mais il ne faudrait pas exagérer et invalider l’image de mon facteur, qui est quelqu’un de très respectable, de taille moyenne, et sans le moindre mouvement suspect dans le haut du corps. Non, il ne s’appelle pas comme vous dites. De plus, il envisage parfois en souriant de devenir barbu.

G - Voudriez-vous suggérer par là que les barbus devraient s’initier à l’humour pour mieux porter, comme vous, le poil là où ça chatouille ?

P - Voyons, Lord Gogo ! Tous les barbus ont de l’humour, c’est légendaire ; par exemple : Fidel Castro, Ivan Rebroff, le petit Carlos à Dolto, Mahmoud Ahmadinejad, et l’un des plus drôles, Raspoutine. Alors que les glabres comme vous-même, my Lord, sont manifestement sinistres et fâcheux. Mais n’oubliez jamais que l’humour a deux faces, dont une pile poil, et que l’histoire tranchera tous les raseurs.

G - Ah, Didier Porte, vous me réjouissez. C’est tellement rare de rencontrer un barbu qui s’aime aussi bien !! D’ailleurs, vous écrivez formidablement, dans ce même livre formidable si bien écrit, que vous pourriez écrire des dizaines de pages sur vous-même, tellement le sujet vous passionne. Voudriez-vous avoir l’immense bonté de me les dicter, vous-même, maintenant, pour que nos lecteurs apprennent à travers ce modèle vivant à s’aimer mieux ?

D - Evidemment que je m’aime moi-même mais ce n’est pas difficile, vu la richesse du sujet et son caractère stimulant. Je suis beau et intelligent, oui, et alors ? C’est un simple constat, une information qui n’a besoin d’aucune réflexion. N’espérez pas me faire tomber dans un narcissisme vulgaire. Ou alors, ce serait un travail de commande...

G - Vous voulez dire que vous voudriez être payé pour dire du bien de vous ?

D - Mais oui ! Et j’aurais ainsi un alibi professionnel en béton pour dire, malgré ma délicate réserve naturelle, tout le bien de moi, que l’on doit penser de moi, et dire de moi, quand on parle de moi, et plus vite que ça, gogo des Papous !

G - Oui, je lance ici, à l’instant, oyez, entendez-vous, entendez-nous, une souscription auprès de nos meilleures lectrices millardaires ou de nos lecteurs riches et pas trop jaloux.(Etablir les chèques à mon ordre, je transmettrai par tranche de millions d’euros.)

Didier Porte, je voudrais revenir à un fait précis et troublant de votre étonnante vie aventureuse. Pourquoi dans ce livre de culpabilité, de repentance et d’amour, ce qui va si souvent ensemble, faites-vous soudain un écart surprenant en doublant un myopathe par la droite ?

D - Je suis souvent un peu nerveux dans ma conduite des deux-roues. J’aime la fluidité de la circulation, ce qui à Paris me vaut de cruelles déconvenues. Alors que dans vos charmantes contrées belges désertes mais bien mieux équipées, je suis tout de suite plus à l’aise.

G - Mais comment, Didier Porte, avez-vous pu pardonner aussi vite, aussi facilement, aussi complètement, à cet individu lourdement handicapé, de vous avoir fait un doigt ?

D - Parce que c’était clairement son dernier organe sensible. Ou même disponible. Peut-être voulait-il simplement me souhaiter Bonne M...

G - Vous êtes insupportable ! C’est vous qui le dites, c’est vous qui le répétez, et c’est insupportable. Car vous êtes un people du peuple ; or "people" signifie "peuple" donc vous êtes un double people, Didier Porte. Alors ?

D - Je suis un métapeople.

G - Bravo ! Trop fort !! Pourtant, dans cet ouvrage, vous ne cessez de vous accuser vous-même, je cite, de « sale type, récidiviste, incontinent verbal, malséant, invectiveur, sarkopopophile, répugnant usager du service public, usager de vocabulaire gras, ordurier, de baudet, parano, vulgaire, pas drôle, menteur, hitléro-trotzkyste, camarade de crapule post-stalinienne », etc. pendant des dizaines de pages, que vous auriez pu consacrer plutôt à vous aimer vous-même bien davantage encore, pour notre plus grand plaisir. Pourquoi ?

(A SUIVRE)