Ce spectacle a reçu le Label du Docteur Duchmoll.

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L'homme ne descend pas du singe. Il descend des mots.
Et chaque nouvelle génération doit en porter le fracas.

Même si parfois, la femme descend aussi de la moto. Bhein, oui. Que voulez-vous qui nous sauve de la mémoire des riens qui nous travaillent si ce n'est l'absurdité du langage ? Naître d'un Je t'aime ne suffit pas, qui nous jette aussitôt dans la course au dernier mot. Ou le premier.

Parfois, quelqu'un s'arrête et se demande pourquoi nous nous cachons ce gros nez rouge qui rit et ces petites larmes blanches qui piquent, derrière un miroir. Ton ombre est mon âme, dit le clown. Si trop d'orage te couvre, ta tristesse m'abattra.

Je te cherche, qui es-tu, déjà à ce point en moi, que te parler me divise ? Mais si tu te tais, je n'existe plus. Parle-moi pour me donner forme, dis-moi qui je deviens. Chaque phrase est une étreinte où l'autre nous manque. Embrasse-moi. Chaque mot peut en frapper un autre et le mener ailleurs. Souris-moi.

Boules de billard, Dubillard.
Peur pour rire. Rire pour dire.
Cap au dire. Comme Cap au pire (Beckett).

Arrête-toi, dit l'un. Sois lent, dit le deux. Rien ne se fait vite, ajouterait le sage invisible. Prends soin de chaque mot pour prendre soin de toi. Car des boîtes du langage, du berceau au caveau, nous ne pouvons que rarement nous décoller. L'absurde est le couteau qu'il nous faut.

Voilà ce qui se joue dans les Diablogues quand ils sont relus, revus, redéployés dans la nouvelle interprétation qu'en font Kim Aubert (aussi metteur en scène), le deux, et Muriel Lefebvre (aussi compositeur), le un, grâce à leur longue connivence au sein de la Compagnie Ubürik. Elles jouent et se jouent, et disent les mots inattendus des Diablogues de manière imprévisible, parfois en chantant, souvent avec le corps.

Elles nous suprennent. Grâces ou moues. Douceurs du monde ou colères de ne pas le comprendre. Beaucoup de présence et d'énergie dans cet univers de carton, le nôtre, où le grand méchant loup du Big Bang, toujours nous souffle nos petites maisons de parole. Elles nous mettent en boîtes, celles-là qui font de leur scène ce qu'est le théâtre : un instant fragile où nous dire, pour le plaisir d'être, en jouant. "Le public, quand on lui parle, on a comme l'impression que ce sont nos amis."

Philippe Dohy

(réédition du 22 décembre 2010)

INFOS PRATIQUES
Réservations : 01 4355 1480
Du 04/11/2010 au 09/01/2011
Du jeudi au samedi à 20h30, dimanche à 16h30

A la Folie Théâtre
6, rue de la Folie Méricourt 75011 PARIS
Métro Saint-Ambroise ou Richard-Lenoir

Tarif : 20 € / 15 € tarif réduit
10 € par la theatrotheque.com via les Bons Plans ; cliquer ici <--