"Le gouvernement n'augmente pas les moyens de lutte contre la délinquance : il les réduit. Il a supprimé en trois ans neuf mille postes de policiers et de gendarmes (alors que, sous mon gouvernement, outre les vingt mille adjoints de sécurité, les effectifs des seuls policiers avaient augmenté de plus de cinq mille).

Le constat actuel est accablant, et il accable d'ailleurs les personnels de sécurité, inquiets déjà de la façon dont on les emploie. Une telle réduction des effectifs, dictée sans doute par une idéologie hostile au service public, est incompréhensible, car la sécurité ne peut progresser quand le nombre des policiers et des gendarmes régresse.

(...)

La politique actuelle de lutte contre l'insécurité est donc un échec. La montée des agressions contre les personnes en est le signe le plus grave, mais il n'est pas le seul. Nos forces de police sont de plus en plus exposées, et elles sont inquiètes du fossé qui se creuse entre elles et certaines couches de la population. Or, faute de résultats, nos autorités se livrent à une nouvelle escalade verbale dont les accents deviennent douteux.

Faudrait-il croire alors que pour le pouvoir et son chef, si contesté, l'objectif est moins de réduire l'insécurité que de l'exploiter ? Le président s'effacerait-il derrière le candidat ? L'espoir d'une réussite électorale reposerait-il en dernier recours sur cette exploitation ? Si ce jeu devait se poursuivre, il serait peut-être hasardeux pour le candidat, mais à coup sûr dangereux pour le pays."

Lionel Jospin

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