- Allez, monsieur Pujadas, encore un petit slow pour faire honneur à votre profession, un bras d'honneur hihihihi.

Car les journalistes n'ont plus très envie de danser avec les politiciens du pire.

(NDLR - Heu... j'écrivais cela la semaine dernière, avec un enthousiasme lyrique qui me fait peine à voir, et à relire, car, au contraire de ce que vous continuerez à lire, peut-être, je vous le déconseille, fortement, c'est quasiment tous les médias qui, passé le premier jour, jouent maintenant le jeu à fond, avec les déclarations, contre-déclarations, blablablabla, et relaient avec une ferveur touchante, la parole haineuse du PDG.)

Même si quelques uns continuent de jouer le jeu et de remplir leur papier avec le vide sidéral des déclarations provoquantes.

Ils sont de moins en moins nombreux à faire comme s'ils se laissaient prendre aux nouvelles déclarations boum-boum de notre "grand leader s'en va-t-en guerre toute la journée, et contre lui-même".

(Il y a peu, hahahaha, les vrais journalistes étaient accusés par la droite, de faire le jeu de l'extrême-droite...)

Ils savent que leur public se rend de mieux en mieux compte, et plus vite, que "la France" et les accents "patriotiques" dont il est question servent essentiellement à cacher des enveloppes, corruptions, rétrocommissions... et autres casseroles bien tentaculeuses, plouf plouf glurp glurp gloup glou glou slurp slurp.

Ils dramatisent beaucoup moins les outrances de ces personnages gesticulant dans une déliquescence éthique donneuse de leçons retorses tout en fuyant les juges d'instruction ; et les vraies valeurs de la République.

Parce que nous commençons à comprendre que lorsque nous commençons à comprendre, les danseurs commencent à comprendre.

Et les journalistes chambellans du palais quittent la salle de danse, pour peut-être rejoindre enfin les vrais journalistes.

Tous surent la vérité, mais tous ne partirent pas.

- Allez, monsieur Pujadas, encore un petit slow pour faire honneur à votre profession, un bras d'honneur hihihihi.


"Le discours ultra droitier prononcé à Grenoble par Nicolas Sarkozy, vendredi 30 juillet, vise un double objectif: clore la séquence de l'affaire Bettencourt-Woerth et hameçonner les électeurs du Front national. Le chef de l'Etat, depuis plusieurs jours, tentait d'étouffer le scandale provoqué par les enregistrements pirates, mais l'Elysée expérimentait, pour la première fois, la communication à vide. Le 12 juillet, son intervention télévisée (qui s'appuyait sur un rapport de l'Inspection générale des finances censé blanchir le ministre) avait fait flop, déclenchant une quasi-panique au Château.

Pour reprendre la main sur l'agenda et chasser le visage du trésorier de l'UMP de la une des journaux, Nicolas Sarkozy se devait d'imaginer une polémique à laquelle la presse ne pourrait résister. Après une première salve d'amalgames provocateurs sur les Roms et leurs Mercedes, le président de la République a ainsi annoncé, à Grenoble, que certains criminels «d'origine étrangère» pourraient être déchus de leur nationalité française. Aux grands besoins, les grands mots. 24 heures après l'audition du ministre par la brigade financière, quel meilleur moyen de faire diversion? Cette monstruosité juridique veut sciemment enflammer la presse...

Mais la batterie de mesures étalées par le chef de l'Etat (extension des peines plancher, peines de 30 ans de prison incompressibles pour les assassins de policiers, etc.) sert aussi d'appât pour les sympathisants du FN. Si Nicolas Sarkozy avait su les séduire en 2007, beaucoup ont lâché l'UMP aux dernières élections régionales, rentrant au bercail ou se réfugiant dans l'abstention. En mars, le parti de Jean-Marie Le Pen a ainsi décroché 17,8% des suffrages au second tour (dans les régions où il a pu se maintenir), atteignant 22,8% en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Les députés UMP, depuis, paniquent.

(...)



Acculé, désarmé face aux scandales à répétition, comme aux crises économique et sociale, atteignant des records d'impopularité, Nicolas Sarkozy cherchait une solution de rebond. Ce sera la «guerre nationale» aux «voyous», déclarée vendredi. C'est-à-dire une guerre de la nation contre les voyous, en particulier d'origine étrangère, comme si ces derniers n'en faisaient pas partie... Pas sûr que toute la droite, ni que les centristes, le suivent aussi loin."

Cliquer ici pour lire l'entièreté de cet excellent article de Mathilde Mathieu dans mediapart.fr ; un euro pour un essai de quinze jours.