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Manifeste International du Syndicat des Esclaves Professionnels

Nous, esclaves obscurs et anonymes, nous clamons, haut et fort, le droit à notre esclavage, qui nous assure en permanence d'être logés et nourris, habillés et blanchis.

Oui, nous sommes taillables et corvéables à merci, jour et nuit, fêtes et dimanches compris.

Oui, nous sommes b...ables, par le bas et par le haut, à volonté, n'importe quand, n'importe où et par toute personne que nous imposent nos maîtres.

Mais nous préférons mettre un peu du nôtre, et payer un peu de notre personne pour le plaisir d'autrui, que d'être des parias ou des parasites de la société, ruinés et affamés, qui ne savent plus où loger, et qui traînent dans toutes sortes de jungles mal famées, tout malodorants et mal habillés.

Oui, nous aimons nos maîtres, leurs goûts de riches parvenus, leur manque complet de culture qui nous évite des prises de tête interminables et leur si joli sens de l'élégance vestimentaire de luxe.

Oui, nous aimons et nous comprenons leurs caprices d'êtres supérieurs, qui ajoutent le sel de l'imprévisiblité à notre vie autrefois si monotone et vide.

Et quand nos maîtres nous punissent, c'est pour notre bien.

Et quand ils nous récompensent, le nectar de leur joie devient le nôtre, coule en nous, et nous sommes comblés et fiers de goûter ainsi au paradis sur Terre.

Alors, assez de tous ces discours creux sur la liberté, l'égalité, et la fraternité qui ne conduisent qu'au malheur, aux antidépresseurs, aux rails du métro ou aux fenêtres ouvertes du vingt-cinquième étage.

Vous aussi, plutôt que d'être l'esclave de votre peur de l'avenir, de votre angoisse du présent, et de vos échecs du passé, vous aussi, devenez esclave privé, du privé, dans le privé. Rejoignez notre bonheur simple et nu.

Oui, esclaves de tous les pays, unissons-nous, refusons toute libération, et restons bien au chaud avec les riches.

Oui, esclaves professionnels syndiqués, courage ! Tenons bon ! Résistons ! Dénonçons tous ces discours de crève-la-faim ou, pire, de cette gauche caviar qui mange tous les jours et peut payer son loyer.

Oui, nous aussi nous voulons vivre et nous avons le droit d'être heureux.

Vente de chaînes, de boulets, de palmes ventilantes, de slips mimi et de pagnes transparents, par correspondance ou sur place, au Siège du Syndicat des Esclaves Professionnels, Palais de l'Elysée, 55, rue du faubourg Saint-Honoré, 75008, Paris, France, à droite.

© photo NBSGROUP1/sepro