Cher Docteur...

De l'aide s'il vous plait...
Que veut dire l'expression "peigner la girafe" ?
Nous avons plusieurs avis, mais je crains que personne n'est le bon...
J'ai besoin de vos lumières.
Merci

Sylvie La Louve


Chère Sylvie,

Pas de panique. Bien que ce soit toujours une question que l'on pose dans l'urgence. Un peu comme le mode d'emploi d'un exctincteur que l'on lit pendant que l'incendie fait rage, et l'on s'aperçoit alors qu'il est rédigé en chinois. Tout à coup, quelqu'un d'affamé (comme une louve !), à bout de forces crie, dans un groupe angoissé, "il faut peigner la girafe" ! Et là, sur ce terrain déjà nerveusement fragile, tout le monde panique et se demande quoi, pourquoi, où, comment, quand ? Car le plus affamé a dit cela comme ça, par simple réflexe reptilien familial (ce qui est presque un pléonasme !).

Alors que finalement, c'est très simple ; peigner une girafe signifie : capturer la girafe, l'immobiliser, prendre deux peignes, prendre une grande échelle, et peigner la girafe dont les poils bouclent facilement, en partant du bas vers le haut. Maintenant, pourquoi la peigner ? D'abord cela fera plaisir à la girafe, que le girafe peigne rarement (en général une seule fois, à la période des fiançailles), et la girafe aime que l'on s'occupe d'elle.

Ensuite, la girafe se sent souvent un peu shizo - ce qui entraîne un manque de confiance en elle - car elle est à la fois brune et blonde ; donc l'aimer pour elle-même, telle qu'elle est, avec une si grande marque d'attention physique, la réconforte chaleureusement. Enfin, celui qui criait, a maintenant une activité qui rassemble son attention car il doit tantôt peigner au "peigne blond", tantôt au "peigne brun".

Or la concentration est la clé de tous les secrets. Ainsi apaisé, au fur et à mesure de sa progression, l'homme ou la femme nue (il est préférable que la femme soit nue car sur une girafe, c'est beaucoup plus joli) arrive en haut de la girafe et de l'échelle, concentré et détendu. Assez pour pouvoir faire un large tour d'horizon, panoramique et pouvoir ainsi repérer, quand il y en a un, tout de suite ou au bout de quelques jours, un typique petit nuage de poussière au loin, dans lequel il reconnaît (en criant, mais de joie maintenant, pour ses camarades qui l'attendaient anxieusement) un ou deux camions des ONG chargés de riz, avec un peu de chance. Le groupe sait maintenant dans quelle direction marcher pour trouver de la nourriture sous la conduite éclairée de son leader peigneur. Souvent, la girafe charmée le suit aussi. Les esclaves portent bien sûr l'échelle et les peignes.

Voilà, ma chère Sylvie, comme vous voyez, c'est tout simple et cela vous donne toutes les raisons de devenir une optimiste convaincue et résolue.

Votre dévoué,
Docteur Duchmoll.