Ce billet fut publié le 29 décembre 2008.
Et vous savez qu'il est toujours d'actualité...

Compte-tenu de l'actualité, de la démission du Premier ministre belge, de l'angoisse du roi Albert II et de toute sa royale famille blottie contre lui dans la peur de l'avenir, des cinq peuples belges qui souffrent (Flamands, Wallons, Bruxellois, Allemandophones, Indécis et couples mixtes), nous pensons devoir proposer à nouveau à nos lecteurs, véritables médiateurs royaux, en guise d'étrennes pour bien repartir à zéro sur la page blanche de la nouvelle année, la solution incroyable, mais d'une efficacité redoutable, du Docteur Duchmoll, publiée pourtant depuis plus de six mois, le 26 juillet 2008 à 13h59.

Cher Docteur Duchmoll,
Je n'ai qu'une question :
Savez-vous comment sauver la Belgique ?
Amitiés,
Bernard M. de Jambes, Wallonie, Belgique.__


Cher Bernard M., de Jambes, en Wallonie de la Belgique.

Votre question me touche beaucoup car je suis moi-même né en Belgique, et, à l'époque, la seule séparation qui fit du bruit, fut celle de mes parents.

J'ai une solution, mais elle demande des moyens à la hauteur des enjeux géopolitiques de l'humanité belge surréaliste. Je compte sur vous pour les transmettre au roi Albert II, seul à même de mener à bien cette opération d'envergure, ainsi qu'au journal Le Soir qui, naturellement, paraît chaque matin, puisque la Belgique est en pleine nuit, sous la lumière des projecteurs internationaux. Ce qui fait un bon film captivant pour le monde entier.

Je rappelle à nos Internautes qui seraient peu Belgonautes, que la Flandre exige la séparation, corps et biens, d'avec la Wallonie, et la dissolution de la Belgique, donc de la monarchie, dans le grand verre d'eau sucré de l'Europe.

Voici le mode d'emploi, étape par étape.

Lundi - Le Roi passe un accord secret avec l'Angleterre. Ce sera d'autant plus facile que son arrière-arrière-grand'père Léopold I avait d'abord épousé l'héritière du trône d'Angleterre.

Mardi - Le Roi obtient l'accord secret de la France, de la Hollande, de l'Allemagne et de l'Autriche ou de l'Italie pour l'accueil nécessaire sur l'étape du jeudi.

Mercredi - L'Angleterre déclare la guerre à la Belgique et prévient que, au cours du prochain week-end, elle lancera des missiles nucléaires sur ce pays désormais ennemi. Les Belges ont moins de 48h pour évacuer leur pays.

Jeudi - Les Flamands se précipitent en Hollande, les Wallons en France, les Germanophones en Allemagne. Les Bruxellois suivent le Roi comme un seul homme dans sa famille autrichienne ou bien ils suivent la Reine comme une seule femme dans sa famille italienne. Les étrangers, tous, débarquent chez Brice Hortefeux, le ministre de l'intérieur des étrangers le plus accueillant depuis Attila. Devant la foule, Brice se tasse, et fidèle à sa tradition d'hospitalité au grand coeur, Brice se casse.

Vendredi - Le pays est complètement vide. Les Anglais envoient, pour la forme et par gentillesse, quelques petites bombes atomiques pour détruire définitivement les frontières linguistiques.

Samedi - Les Belges sont un peu perdus. Pour la langue, ça va, mais c'est quand même pas comme à la maison.

Dimanche - Les Belges s'ennuient, font des promenades dans leurs camps de réfugiés sans moules, sans escargots, sans cornets ni même barquettes de frites, sans boulettes sauce tomate, sans fricadelles, sans sauce tartare, ni andalouse, ni pickles, ni américaine ni même filet américain, sans carbonnades flamandes, sans waterzooï, sans fromage de Maredsous, sans chocolats de Bruges, sans gaufres de Liège, sans geuze ni blanche, ni trappiste... ah, le goût du pays... sans rien qu'un immense sentiment de gâchis où se niche le profond désarroi d'une mélancolie naissante. Le Roi et la Reine leur envoient des petits messages affectueux de réconfort par Internet et plein de grosses baises amicales mais c'est quand même pas comme quand ils sont à la télévision pour le défilé ou pour la nouvelle année.

Quelques mois plus tard...

Les Belges n'en peuvent plus. Le mal du pays fait des ravages. Ils correspondent par internet entre communautés linguistiques différentes, le monde entier n'en revient pas et retient son souffle. Les Belges se rendent compte et ont bien du chagrin, comme disait mon grand ami Hugo Claus. Malgré les nuages radioactifs encore présents car ceux-ci ont été obligés de s'arrêter aux frontières internationales surtout du sud, malgré le danger vital, les Belges décident de rentrer et de faire une paix définitive en détruisant toutes les frontières linguistiques, les institutions communautaires et fédérales. Eh oui, non bien sûr, les bombes des Anglais étaient des fausses (du smog londonien en conserve mais c'est quand même quelque chose qui n'est pas le meilleur pour la santé), des bombes qui n'avaient rien pu faire de sérieux, c'est incroyable, quand même.

Comme le peuple a gardé beaucoup de son bon sens légendaire, il décide que la Belgique nouvelle sera trilingue et qu'on fera des échanges de mères au pair, en les faisant tourner, pour que les bébés connaissent déjà toutes les langues avant même de parler. On pourrait ajouter l'anglais, c'est aussi pratique.

Le peuple, souverain juste après le Roi, oblige les politiciens d'arranger tout ça avec des lois bien solides. La Belgique refait toute sa Constitution pour être plus sportive, plus en forme, de haut niveau, dans l'Europe républicaine, mais pourquoi ? alors qu'on pourrait très bien avoir un Roi de l'Europe, et qui choisirait-on, à votre avis ?

Le Roi et la Reine sont très contents à la perspective de parler toutes leurs langues avec tout le monde à l'avenir, et reviennent aussi en vitesse, avec tous les princes et les princesses, et on fait une fête grosse comme ça avec tous les anciens étrangers.

Voilà, cher Bernard M. de Jambes, Wallonie, Belgique, la solution la moins compliquée et beaucoup plus facile que celles que l'on voudrait trouver avec les trois médiateurs royaux, le président du Sénat, le premier ministre, de bien braves personnes courageuses et bilingues mais qui, malheureusement, ne réfléchissent pas scientifiquement par l'absurde mais raisonnent seulement par l'absurde tout court, ce qui n'est plus suffisant avec une telle situation.

Votre trouveur trouvère,
Docteur Duchmoll =
de Paris,
Gaule.