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pressuré
défait
battu
vaincu
terrassé
endormi
mort
fatigué
grelu
mardi 10 janvier 2023
Tant qu'on a du vocabulaire, tout n'est pas perdu.
lundi 9 janvier 2023
les maths sont à nous
Depuis samedi soir, je broyais du noir jusqu'à un trou noir, et un trou-trou, pas un trou-tuyau.
Je n'avais toujours aucune réponse du gardien disparu mystérieusement.
J'avais vu une pièce de théatre au Rond-Point mais très médiocre malgré l'excellence de Manon Clavel, le jeu intéressant mais un peu figé d'Isabelle Carré et Yannick Choirat qui s'en sortait bien malgré son mauvais rôle.
C'est une mise en scène tirée au cordeau de Sylvain Maurice. Et justement, c'est là le principal péché de la pièce, seule Manon Clavel arrivait avec beaucoup d'énergie à se tirer de ce carcan. De ce fait aussi, le texte de Martin Crimp paraissait un peu vieillot.
Il eût fallu laisser les acteurs plus libres plutôt que de les obliger à jouer autour d'une table rectangulaire qui devenait ainsi le principal personnage de la pièce et la lestait de son inertie.
J'avais déjeuné tardivement, vers 18h, chez Ilyes. J'étais seul avec lui et Nadir. Leur patron a augmenté tous les plats... sauf eux. Ils travaillent pour des salaires de misère six jours sur sept.
Après, il y a bien eu le regard intéressant de la jolie Libanaise. Mais bon, nous savons tous deux qu'il est là pour tout ce qu'elle voudrait me dire (de banal) mais ne peut car ne comprend guère le français.
Je m'étais aussi déconnecté de la série Gomorra, interminable chapelet de traîtrises et coups fourrés, de coups de feu et meurtres divers. Mais les acteurs ont une telle présence et la photo sont si belles qu'il n'y a pas moyen de s'en détacher.
Voilà sept jours que cela durait, et je n'en étais pas encore à la moitié. Alors, j'ai actionné le bouton d'éjection de la série, j'ai regardé le dernier épisode, et, ouf, délivrance accordée.
Alors, ce matin, j'avais encore envie de mourir ; encore et plus fort que jamais. Et j'ai décidé de me remettre aux maths après grosso modo vingt ans d'interruption, et j'ai tout de suite été mieux.
Sauf que j'ai été très triste d'apprendre la disparition en même temps que son existence de la brillantissime Maryam Mizrakhani, mathématicienne iranienne. A 40 ans. D'un cancer du sein.
C'est la première fois qu'un documentaire biographique me fait pleurer.
Dix ans d'activité, seulement. Bien qu'elle ait commencé à publier alors qu'elle était encore étudiante. Première femme à avoir reçu la médaille Field, on a baptisé le théorème qu'elle a inventé le "Théorème magique".
Vous pouvez retrouver ce film, "Les secrets de la surface - Les mathématiques selon Maryam Mirzakhani" sur arte.tv . Une femme lumineuse : bonheur de ceux qui l'ont connue, douleur de l'avoir si tôt perdue.
F _ FINESSE
F/ La FINESSE d'esprit consiste dans l'art de ne pas exprimer directement sa pensée, même hardie, mais de la laisser aisément apercevoir.
©rédit photo cité
dimanche 8 janvier 2023
Temps Universel
Des fois, je suis écrasé par ce mystère. Heure d'été ? Heure d'hiver ? Quelle est la bonne heure sur laquelle l'autre se régle, en plus ou en moins ? Alors, j'ai réglé mon four sur l'heure universelle. Comme ça, l'heure des repas est assurée. Pour le reste, eh bien...
© photo NASA James Webb
E _ ECONOMIE
Si les politiques étaient moins aveuglés par leur ambition, ils verraient qu'il est impossible de stimuler l'ECONOMIE sans être honnêtes.
Et quand la majorité (du peuple),
cesse de craindre la minorité (qui a le pouvoir)...
© photo Game of Thrones
samedi 7 janvier 2023
chez Nicolas
Il y a trois jours, le mercredi soir, j'avais une dette de 0,2 € sur 8,95, une bouteille extra-dry. Le vendeur, à contre-coeur, ayant déjà enregistré l'achat, avait accepté de me laisser partir. Vraiment à regret. Tout en lui témoignait de la perte kooloossaalee qu'il venait de subir sans espoir de restauration intégrale. Car quand bien même je lui réglerai, dès le lendemain, promis, je ne pourrai pas, jamais, l'indemniser pour la douleur de l'attente peut-être interminable, peut-être vaine. Si malgré ce que j'avais dit, je ne revenais pas. Ou si j'attendais 20 ans pour le régler, 1 centime par an ?
Pauvre homme !
Conscient de la laurde responsabilité que j'avais prise en contractant, conscient que la vie d'un homme étéi entre mes mains, je décidai de partir chez la kinée une demi heure plus tôt le lendemain afin de pouvoir faire un détouur par mon bureau de poste ou j'irai chercher de l'argente frais? Pourvu que je lui demancde de relier tout de suis mon billet à un incnnu, ou, miueux à quelqu'un qui figurerait en bonne place sur sa liste de personnes peu amicales voirer franchement hoostiles?
Conscient de la lourde responsabilité que j'avais prise en contractant cette dette, conscient que la vie d'un homme était entre mes mains, je décidai de partir chez la kiné une demi heure plus tôt le lendemain, afin de pouvoir faire un détour par mon bureau de poste, où j'irai chercher de l'argent frais.
(Voilà une expérience d'écriture intéressante. Relisant cela que j'ai écrit hier soir dans un état de grande fatigue, je n'y comprends absolument rien. Rien. "Pourvu que je lui demande de relier tout de suis mon billet à un incnnu, ou, miueux à quelqu'un qui figurerait en bonne place sur sa liste de personnes peu amicales voirer franchement hoostiles?". Continuons, si je comprends, un jour, je vous le dirai.)
Après quoi, j'allai le régler, mettre fin à ce dérèglement que j'avais introduit dans l'ordre du monde.
C'était fermé.
Mer. !
Pendant la semaine, Nicolas est fermé l'après-midi. Pitin ! Et ce soir, je ne pourrais pas passer, je vais aux Voeux du maire du XIè. Tant pis, je ne pourrais pas tenir parole. Heureusement, je suis bien équipé, d'un stylo-bille et d'un bloc. Je laisse un message.
"Je suis venu comme promis vous régler les vingt centimes. Hélas, j'ignorais que c'était fermé l'après-midi. Je repasserais dans les prochains jours. Papy Duchmoll."
Le vendredi, j'y pense parfois.
Le samedi, impossible de retarder plus longtemps, le gars va devenir fou, j'y vais.
- Bonjour ! Oui, monsieur, je peux vous aider ?
- Bonjour. C'est pour les vingt centimes que je vous dois.
- Ah, les vingt centimes ! C'est très correct de votre part d'être passé. Et j'avais trouvé votre petit mot sous la porte glissé d'une main ferme, ni trop près ni trop loin. C'était très courtois. Alors c'est pour moi.
- Ah non !
- Si, si, j'insiste
- Mais non, j'apprécie votre geste mais écoutez espèce de cornichon à triple vessie édulcorée, ne croyez pas que vous allez vous offrir autant de noblesse à si peu de frais. Vous m'avez fait quitter mon domicile uene demi-heure plus tôt pour ne pas risuq risquer d'a d'e d'être en retard chez ma kiné au cas om où o il u i t u y aurait des clients, vous m'avez on on on- ol oc ox c v nb oblid obligé à prendre de l" l'art l'arh l'argent o oi ici ^m ^p plutôt que làç- li lç l! là) là-n lç là-bas, vous m'é m'avr m'avi m'ac m'avez obligé à imaginer l'horrue absoul a l'j l'horrue l'i l'horru l'horru l'horra l'j ' l'j 'l l'horreur climatique qui attendi attend toute cette jeuness jeunesse, des milliers d'enfts d'enfntas enfants promis à une précoce desturction destri destruction, vous ' m'avez obligé à vous laisser un mot, nou vous m'avez obligé à me culpabiliser hier, vous m'avez obligé à passer ce matin, et tout cela, ce serait pour rien ?
(Eh bien, l'être qui a suivi cette discussion jusqu'au bout, en souriant, est exceptionnel.)
- Bon, bon, d'aiccord d'accord, j'aixx accpte accpete accepte.
vendredi 6 janvier 2023
Sauver les détails, SLD.
## Jeudi
Rue Traversière
- Des dizaines, des centaines d'enfants, en rangs par deux ou trois, qui se tiennent par la main. Deux colonnes qui se rejoignent à hauteur du Laboratoire sans s'arrêter et prennent la rue Traversière. Ils parlent, ils pépient, ils sont enchantés. Ils nous enchantent. En CP. De petites flûtes insouciantes.
- Ils vont du 15/20 à une cérémonie du 15/20, m'explique une grande brune qui les accompagne.
Je n'y comprends rien mais elle est déjà partie, emportée par le flux enfantin.
La Poste
- Un bref instant, la grosse dame me regarde. Suis-je un client ou un malfrat ? Vais-je lui demander des choses faciles ou pas ? Je me dirige vers le distributeur. Je ne lui parle pas, elle ne me parle pas. C'est le temps de la raréfaction de la parole.
Rue Traversière
- Les rues semblent vides sans tous ces enfants qui ont disparu. Où ? Il faudrait faire un spot publicitaire pour les grandes causes.
Des dizaines, des centaines d'enfants, en rangs par deux ou trois, qui se tiennent par la main. Et ils marchent, ils marchent. Ils parlent, ils pépient, ils sont enchantés. Ils nous enchantent. De petites flûtes insouciantes. Nous nous rapprochons de la tête du défilé, et nous voyons qu'elle disparaît au fur et à mesure sans un cri, en continuant à papoter, dans le vide. Et l'abyme dévore, dévore, les enfants jusqu'au dernier. Slogan de fin du monde.
Ce que vous ne faites par pour eux aujourd'hui, vous n'aurez plus le temps de le faire demain.
Chez Nicolas
- La boutique est éteinte, ah zut ! J'étais allé chercher de l'argent à la Poste, cette Poste-là, sinon cela aurait pu attendre, spécialement pour lui. Hier, il me manquait 0,20 euros pour une bouteille de spumante à 8,95. On aurait dit que je lui arrachais le coeur.
- Vous comprenez, s'il manque vingt centimes à ma caisse, c'est retranché directement sur mon salaire.
Je lui dis qu'il n'a pas à s'en faire, que je ne vais pas me brouiller avec un voisin pour vingt centimes. Il me regarde, les mots lui manquent, supplication muette.
Ne partez pas, monsieur... Ne partez pas avec ma bouteille... Cherchez bien... Dans toutes vos poches... Non ?
J'aurais pu lui donner ma carte bleu mais bon quand même pour vingt centimes...
On voit bien que ce ne sont pas les vôtres !
Je ne peux pas revenir aujourd'hui. Je lui laisse un mot.
Je repasserai dans les prochains jours.
C'est peut-être un obsessionnel. Cela va le tracasser. De plus en plus. Il va ne plus penser qu'à cela. Il ne va plus manger.
- Qu'est-ce que tu as mon chéri ?
- Rien... Rien...
- C'est ce client ?
Pas de réponse. Blanc. Comme le petit papier que je glisse sous la porte de la boutique éteinte.
Métro
- Une jeune Américaine, disons 15 ans, qui se prépare, non sans souffrir, à être rondelette comme sa mère à ses côtés. Déjà, de profil, son visage semble gagné par la graisse. Elle se tient droite. Son profil lui a échappé en quelque sorte.
Cabinet Kiné
- Je suis content de la revoir. Elle aussi. On parle, on parle. Elle m'offre un chocolat en partant.
Truck Food
- Ah, je respire, ouf, je suis content, enfin, ça fait du bien, je bois ses paroles, oh, ah, mon Dieu, quel bonheur, c'est pas vrai, mais si, un Paki qui parle français, et bien ! C'est le premier que je rencontre à Paris. Le-pre-mier !!
Boulangerie Mamiche
- Une longue queue de diabétiques (actuels ou bientôt) déborde de la boutique, de quatre à cinq mètres. C'est la file des addict aux succulentes sucreries de ce spécialiste de la farine et du sucre.
Bibliothèque Parmentier
- La femme qui range les livres, une blonde fâcheuse, me répond en aboyant quand je lui demande où sont les Lucky Luke.
- La camionneuse annonce la fin en tonitruant. Sa voix écrase tous les petits bruits comme un hélicoptère.
- Un homme me fait peur en chuchotant qu'Il faut partir, monsieur.
Mairie XIè
- Il a peut-être deux ou trois centimètres de plus que moi mais j'ai l'impression qu'il en a trente. C'est un policier municipal. Pourtant sympathique, athlétique et souriant, il ne m'inspire confiance qu'à moitié, il a un revolver, il pourrait devenir soudain fou, le tirer et tirer.
- Ah, les voeux du maire, c'est pas ici, monsieur. C'est à la salle Olympe de Gouge. Vous connaissez ?
- Non.
- Alors, c'est au 15, rue Merlin. Vous prenez là, à gauche, vous remontez, et à 200 mètres, vous avez la rue de la Roquette, juste après le square. Vous voyez le square ?
- Oui.
Ne pas trop en dire mais laisser un bon souvenir en ajoutant :
- Alors, Bonne Année à vous.
- Merci ! A vous aussi !
Pour une fois, cette formule passe-partout sert à quelque chose, peu de chances qu'il me tire dessus après cela.
Rue de La Roquette
- 200 mètres ! Pour les policiers municipaux au pas athlétique, sans doute. 200 ? 400 ? 600 oui. Si ce n'était pas aussi loin, je retournerais le lui dire !
Salle Olympe de Gouges
- Olympe habite en enfer au milieu d'un parc désert. Seul un vieux couple avance lentement, très lentement. Pour eux, la mairie doit être à 6 kilomètres. Quand ils y arriveront le gentil policier sera parti. Ah ! j'ai oublié de lui demander son prénom.
- On n'a jamais vu ça, un type qui demande son prénom à un policier.
- On n'a jamais vu ça, on n'a jamais vu ça ! Et alors ? Comme ça vous l'aurez vu ! Bon sang ! Non mais c'est vrai quoi. On court toute la sainte journée après ce qui est nouveau, ah nouveau, oh nouveau, et à côté de cela, il faudrait que rien ne change.
Olympe est en enfer. On descend, on n'arrête pas de descendre. Premières personnes à l'accueil, avec des listes par nom.
- Pas la peine, entrez tout de suite.
Encore un couloir. Puis encore une pièce assez grande où l'on s'agite. Puis un immense gymnase, immense. De quoi faire des compétitions de char à voile, bruit mélodieux de la mer, cris des mouettes, et le vent, le vent... Mais sur la scène, une centaine de personnes entourent l'élu des dieux, vox populi, vox dei. Le maire est un homme encore jeune, à la voix ferme et bien posée.
Je l'écoute environ dix minutes.
Je m'en vais.
Gomorra
La Camora organise le marché interdit.
Ce n'est pas elle qui commande.
C'est le client.
Eux s'entretuent pour le servir.
jeudi 5 janvier 2023
croyance et croyances
Je suis sonné. Trop d'émotions. Gomorra, la série. Personnages très forts. Acteurs très forts. Meurtres, meurtres, meurtres. Meurtres. Réalisation parfaite. Si bien que nous ne voulons pas en manquer une seconde, même s'ils ne parlent pas pendant des plombes, ce qui est le plus fréquent.
Qu'est-ce qui agit dans la fiction ? Nous savons que ce sont des acteurs, qu'il y a des micros et caméras partout, que beaucoup de plans sont tournés en studio, et pourtant nous y croyons ; comme dans les histoires écrites. D'ailleurs, nous sommes furieux ou du moins arrêtons le film ou la lecture quand cela devient trop peu crédible (sauf poésie s'entend).
Qu'est-ce qui agit dans la fiction ? C'est une question banale mais personne n'y a encore répondu de manière satisfaisante (que je sache).
Et c'est pourtant une question radicale car
NOUS CROYONS À NOTRE PROPRE PASSÉ.
D _ DICTIONNAIRE
Un DICTIONNAIRE est bien peu nécessaire aux savants mais très utile aux ignorants. Plus il y a d'ignorants, plus il y a de dictionnaires.
© photo auteur inconnu
mercredi 4 janvier 2023
la mère appelle
Hantes-Wihéries
La mère appelle la nuit. Une fois ou deux, trois, quatre fois. Elle a perdu sa petite croix. Ou elle ne retrouve plus une page de son livre. Celui qu'elle écrit depuis des années. Celui qui va nous sortir de là. Lame de fond.
La mère appelle faiblement. Jean, Jean. Il faut beaucoup de temps à Jean pour réaliser. Quelquefois, c'est Pierre qui l'appelle Jean ! Jean ! maman appelle.
Je me lève puis je m'éveille, tant j'ai sommeil. Je vais comme une machine. Mode somnanbule. Qu'est-ce qu'il y a maman ?
Elle grommelle, elle balbutie, elle attend les mots, elle les appelle, il ne viennent pas, alors elle n'a plus qu'un mot en mémoire qui vaudra bien tous les autres, un mot magique, Jean, Jean. Je suis le mot magique de ma mère.
Je me lève puis je m'éveille, une fois, quatre fois. Ça recommence toutes les nuits.
Je suis deux. Je suis ce somnambule vu par moi. Je suis celui qui vais comme dans un rêve et celui qui veille tout le temps. C'est encore confus, pardonnez-moi. Il faut que je clarifie tout cela, que je m'acharne à évider cette terre massive qui nous sépare de vous.
Ce qui a détruit ta vie, c'est l'histoire que tu n'as pas racontée, dit un auteur écossais qui eut une enfance misérable, mais qui ?
C _ CRUAUTE
Une douce religion peut trahir une grande CRUAUTE. Ainsi, les Croisés égorgèrent, violèrent, puis fondirent en larmes sur le St Sépulcre
© photo de Katia Dermond
© Dr Valentino Oscar Cosmo Groucho Duchmoll
mardi 3 janvier 2023
Anniversaire à l'italienne.
Je suis encore choqué. Depuis hier, je ne sais pas s'il faut rire ou pleurer. C'est terrible. Je me demande combien de personnes âgées vivent cela. Ou est-ce propre à l'époque ? Ou tout simplement, est-ce le fait d'une seule personne ?
Franchement, c'est très traumatisant. Est-ce que je n'exagère pas ? Devrais-je prendre cela plus à la légère ? Ce n'est pas grand chose finalement. Quoique, symboliquement...
Bon, alors, voilà les faits.
Ma filleule de 32 ans vit en Italie. Elle est bac+14, elle a un bon poste, un CDI, et elle vient d'acheter son appartement : deux chambres, une large cuisine entièrement équipée, un large séjour, une salle de bains avec baignoire et jacuzzi, toilettes séparées, buanderie, double-vitrage et climatisation, chauffage central pour l'immeuble plus chauffage individuel d'appoint ; bar ouvert avec vodka, gin, prosecco, aperol (spritz), aquarium et musique d'ambiance ; vue imprenable ; situé dans le centre historique, donc le quartier le plus cher, de cette petite ville très prospère du nord de l'Italie.
En 2020, elle m'a fait un cadeau : un sac en coton, sans autre particularité que d'être publicitaire et offert gratuitement aux bons clients ; tout simple, standard, comme on en voit des millions actuellement, enfin c'est passé de mode, heureusement, c'est le cheap du cheap, le cheaptel pour ainsi dire, ça ne veut rien dire, mais c'est pour dire.
Bon. Admettons. Elle n'était pas encore en CDI. Bon. Elle risquait pas grand chose. Mais admettons. Soyons cool, soyons Raoul. Elle est de nature très inquiète, contrôle maximal, avenir incertain, précarité générale, fascistes au pouvoir, pape chancelant, mafias grandissantes, la N'Dranghetta à Milan et dans tout le Nord de l'Italie, et dans toute l'Europe, d'ailleurs. Passe pour un sac en tissu, son deuxième cadeau.
Le premier cadeau, c'était il y a quatre ans. Quand elle était venue faire un stage à Paris. Un magnet qui ne permet de rien magnetter avec. Trop fragile. Ouais. Bon. Etudiante, Raoul. Une étudiante ayant loué tout un appart. Mais bon, c'était ses parents qui payaient, disons. De plus, c'était un magnet Cézanne, Les fumeurs de pipe, genre 3,75 € sur eBay. Bon, OK, sur eBay. Disons 5 € en boutique de musée, d'autant qu'il était minuscule et de mauvaise qualité. Après quelques mois, cassé.
Deuxième cadeau, ce tote bag, nom officiel, trois ans plus tard.
Troisième cadeau, arrivé hier. Mais annoncé depuis près d'un mois avec ce mail :
"Joyeux anniversaire Papy ! Comme je t'avais peut-être déjà dit, dans le nord de l'Italie le 13 décembre, Sainte Lucie apporte des cadeaux aux enfants. Je ne sais pas si elle arrivera à Paris à l'heure aujourd'hui, mais même si seulement pour une petite pensée, je sais que elle viendra chez toi. Bacio"
Et cela vaut tellement la peine que le lendemain, elle m'envoie un autre mail :
"La commerçante qui m'a vendu le petit cadeau, lorsqu'elle a appris qu'il se dirigeait vers Paris, m'a demandé de lui envoyer une photo du propriétaire avec son objet dans un contexte franchement parisien. si tu veux la rendre heureuse, je lui tirerai la photo. en espérant que le colis arrive bientôt."
Mignon. Ça doit être bien. Mais ça n'arrive pas. Sept jours plus tard... mail du 20 décembre :
"Est-ce que tu as reçu mon petit paquet ?"
Hé non. Le 30 décembre, je lui écris :
"Toujours rien reçu. Tu l'avais posté quand ?"
Elle me répond huit minutes plus tard,
"C'est vraiment triste ça :( si après un mois il ne va pas arriver on va réessayer"
Et le 2 janvier, ah, enfin, le paquet est arrivé, ah, tiens, c'est une grande enveloppe toute molle, qu'est-ce que ça peut bien être ?
Un tote bag publicitaire pour la même librairie !!
Non mais c'est pas vrai !! Elle m'a offert deux fois le même objet stupide !! En un an !!
Tandis que moi, je lui offert, rien que l'an dernier : deux splendides albums de Proust ; les Cahiers du Cinéma spécial Godard en deux exemplaires à sa demande ; les Inrocks spécial Godard, Dieu est mort ; un livre japonais en italien ; d'innombrables photos... Ce n'est pas pour comparer, c'est normal que son parrain lui offre des choses. Mais alors, qu'elle ne m'offre rien plutôt que DEUX FOIS rien !! Damned, ça m'énerve, et de plus, elle a fait monter la sauce ! J'en reviens pas. Je reste coi. Je suis bouche bée.
Ce n'est pas possible, elle se moque de moi. Non, elle a oublié la première fois. Mais quand même ! Un tote bag qui ne lui a rien coûté... C'est clair, je la déshérite.
Bon, Raoul, c'est peut-être la mode en Italie. Bhein non, les Italiennes sont les femmes les plus élégantes du monde, toutes les Italiennes de moins de 90 ans ; plus que les Parisiennes - à l'exception de la riche bourgeoisie. Mais comme la riche bourgeoisie italienne s'habille comme la riche bourgeoisie parisienne... Autrement dit, il n'y a qu'en Italie que le prêt-à-porter est luxueux et pas cher du tout.
Bon sang, que s'est-il passé ?
M'enfin !
Oh la la, mais c'est terrible cela.
Je vais lui dire ce que je pense.
Non, parce que je ne pense plus, je fulmine, même pas, je n'ai plus de mots (vous voyez ce n'est qu'un mal passager).
Et si...
Voilà, je vais lui écrire en lui demandant ce que cela veut dire. C'est évident, ça veut dire quelque chose... Oui, voilà, je vais lui écrire, et pour bien annoncer que je ne suis pas fâché (que je ne veux pas me fâcher), je vais l'appeler, pour la première fois de ma vie, ma chérie.
"Hello ma chérie, c'est touchant, c'est bizarre, c'est comique. J'ai reçu ton cadeau tout à l'heure. C'est le deuxième sac que tu m'offres, de la même librairie qui l'offre à ses clients, semble-t-il, sans doute après un certain nombre de livres achetés. Je me demande ce que cela veut dire, psychanalytiquement parlant. Un sacco di cose ; faire son sac, signe que tu achètes beaucoup de livres ; que tu veux vider ton sac mais qu'il est vide, que tu dois donc continuer à m'offrir des sacs vides jusqu'à ce que tu puisses vider le tien ; ou bien que c'est à moi de vider mon sac ; ou que tes parents ont eu une violente dispute lorsque tu étais enfant et que ton père aurait fait son sac ; ou ta mère... Etc. Bref, si la valeur de ce sac est matériellement insignifiante, tu vois que l'acte lui-même est autrement plus signifiant. Bises, ton parrain, Papy."
Et alors là, la douche froide, l'estocade, la mise à mort, sa réponse, cinq minutes plus tard...
"Très heureux que tu l'as apprécié. Souviens toi de faire un photo avec le sac dans un coin "très parisien" pour la vendeuse :)"
Ce à quoi j'ai répondu aussitôt :
"Ma ! Ce n'est pas du tout ce que j'ai écrit."
Et depuis, plus de nouvelles.
Suis-je trop hypersensible ?
B _ BRAHMANES
Les BRAHMANES expliquent les rêveries de la religion aux idiots. Ils dominent ainsi la foule et, par contrecoup, les rares non idiots.
© photo de HéLa Fatm'Abdellaziz
© Dr Valentino Oscar Cosmo Groucho Duchmoll
lundi 2 janvier 2023
A _ ABEILLES
Les ABEILLES partent travailler très tôt. Les mâles sortent bien plus tard, seulement pour voltiger autour de la ruche, sans travailler.
© photo Femen
le journaliste
- Je suis de mauvaise humeur.
- Qu'est-ce qu'il y a Papy ?
- Ah, c'est bon quoi ! Lâchez-moi ! Je suis de mauvaise humeur, c'est tout. Depuis ce matin et ce grand journaliste dadais qui nous souhaitaient de la part de toute la rédaction, du fond du coeur, une belle et heureuse année.
- Oui, cela, ils ont tous la bouche en coeur, bonne année, bonne année.
- Mais celui-là, en plus, c'était sucré, vous voyez, sucré.
- Oh je vois très bien. Des gens qui n'ont jamais connu la misère, le froid, la faim.
- Et qui n'ont pas su, ne savent même pas, que ce que ça existe.
- Incroyable !
- Et ça se dit "journaliste" ! Mais mon ami, le premier devoir d'un journaliste est d'aller au contact des autres.
- Exact.
- Et de parler avec eux, de se renseigner, de s'informer, de comprendre... Pas de rester dans sa tour d'ivoire ! Alors, seulement, on peut expliquer aux autres, les informer de ce qui s'est passé.
- C'est la base du métier ! Notez que c'est ce que je fais avec vous, Papy.
- Mais vous n'etes pas journaliste.
- Bhein non... C'est pour cela.
L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert en 17 volumes résumée en 26 tweets pour les jeunes.
L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert en vingt-six tweets alphabétiques à l'usage des jeunes fut résumée fidèlement, dans son esprit et sa variété, par le Docteur Duchmoll selon les textes originaux de cette encyclopédie de 17 volumes que vous pourrez lire ou relire à la Bibliothèque Buffon de Paris (le long du Jardin des Plantes), 15 bis, rue Buffon, Paris V - 01 5681 2810 - M° Gare d'Austerlitz.
Vous pouvez aussi appeler l'un des bibliothécaires - Nounours - pour qu'il vous lise l'article par téléphone ou même une bibliothécaire - Sandrina, Ingrid, Thula, Sorraya ou Lune-Demiel.
Ce résumé instructif sera égréné au fil des jours jusqu'à la lettre Z.
Evidemment de 140 caractères maximum écrit à l'époque où c'était la..., chaque article est twittable pourvu que l'auteur moi-m'aime soit cité, merci.
© Dr Valentino Oscar Cosmo Groucho Duchmoll
dimanche 1 janvier 2023
Les morts n'ont pas de pays.
NON
Alors là je dis NON.
Mais indignez-vous quoi !
Sortez, protestez, révoltez-vous.
NON, NON, NON, et NON !! Ils ne peuvent quand même pas interdire aux gens de venir en Europe se faire soigner alors qu'ils leur volent tous leur médecins.
"La France va donner une carte de séjour spéciale aux médecins étrangers."
- Vous êtes Gabonais mais vous êtes médecin ? Oh, mais je vous en prie Monsieur, venez ! Vous êtes un frère pour moi. Tenez, voilà, installez-vous. A Paris ou ailleurs. Ou vous voulez, d'ailleurs, il en manque partout, pardon, vous manquez partout. Avec votre famille, bien sûr, il n'y a pas de raison. Sans sa famille, un homme est un peu perdu.
Et bien sûr...
- Vous êtes malade mais vous êtes Gabonais. Désolé. Vous n'êtes pas assez malade. Si vous étiez plus malade, alors là d'accord. Enfin, disons, si vous étiez plus malade au point d'être mort. Mais alors pourquoi voudriez-vous vous venir chez nous ? Quand on est mort, c'est pour la vie, hein. Et c'est mondial. Vous êtes mort là-bas, c'est comme si vous étiez mort ici, kif-kif bourricot. Nous, la France, Liberté, Egalité, Fraternité, nous promouvons l'internationalisation des morts.
Cela dit, quand les médecins étrangers seront engagés, il leur suffira de faire grève pour leurs compatriotes.
Bon, on a le temps de voir venir. Vous pourrez vous indigner plus tard. Bonne, Belle et Joyeuse Année !
vendredi 30 décembre 2022
au petit restaurant algérien
Le cuisinier Ilyes passe la tête et son sourire lumineux par le passe-plat. Il me tend le poing, je lui tends le mien. Nos deux poings restent en contact.
- Papy !
- Ilyes !
- Tu vas bien ?
- Ça va. Et toi ?
- Ça va.
- Et la famille ?
- Rien à dire, ça va. Et toi, la famille ?
- Pas de famille.
- Pas de famille ?
- Pas de famille.
- Célibataire ?
- Célibataire.
- Toujours ?
- Bhein oui, célibataire, c'est pour toujours, enfin, sauf si ça change demain.
- Demain.
- Plutôt jamais.
- Aïe ! Aïe ! Jamais de femme ?
- Ah si ! Beaucoup de femmes.
- Combien ?
- Houpfff ! Beaucoup, beaucoup... Et toi, marié ?
- Bientôt.
- Ah bravo ! Avec qui ?
- Bah avec une femme !
- Tu ne sais pas encore qui.
- Non, mais elle non plus.
- Ah.
Ils lâchent le contact des poings.
- Bientôt.
- Elle a de la chance.
- Beaucoup de chance.
- En tous cas, bravo !
- Toi aussi, il faut t'y mettre Papy.
- Oui, oui... Bientôt... Mais.
- Mais ?
- Si elle ne cuisine pas aussi bien que toi, qu'est-ce que je fais ?
- Aïe... Vous venez manger tous les deux.
- Chaque jour ?! Ça va faire cher.
- Sauf le lundi.
- Ah, oui, sauf le lundi, hum... Ouais, ouais. Je vais y réfléchir... D'un autre côté, si elle fait mieux la cuisine...
- Tu ne viens plus.
- Je ne viens plus. Sauf pour te dire bonjour, bien sûr.
- Oui mais c'est pas pareil.
- C'est pas pareil. Pitin ! Les bonnes femmes ! Elles sont pas encore là qu'elles te prennent déjà la tête !! Pffff...
- Ouais, là on est coincés.
- Ou alors.
- Ou alors ?
- Ou alors... toi, tu viens dîner chez nous !
- Ah bhein oui !! Ah c'est très bien ! Ça alors ! Mais oui ! Merci Papy !!
- Et tu pourrais venir le lundi.
- Ah mais bien sûr, le lundi !
- Vive le lundi !
- Ah vive le lundi, ça c'est sûr, vive le lundi !
- ...
- Mais dis-moi Papy...
- Oui ?
- Est-ce que je pourrais venir avec ma femme ?
- Oui, oui, trois fois oui. Evidemment ! Comment pourrais-tu venir sans ?
- Bhein, si elle était chez ses parents.
- Ah non ! Pas quand je vous invite ! Pas le lundi. Ces femmes quand même ! Toujours des problèmes, des problèmes. Prends-en une sans parents.
- Bon, bon, on s'arrangera, on s'arrangera.
- ...
- C'est formidable, cette histoire.
- Et ça finit bien. Un vrai conte de Noël.
Marcher sur des e !
Chère L*,
La discussion en cours sur l'écriture inclusive me rappelle ton mail personnel d'avant le vote pour le nouveau nom des EAT. Et comme ma réponse s'inscrit dans ce débat...
J'y ai longuement réfléchi, la preuve ;-) Tu me demandais si ça me dérangeait de passer à "Les écrivaines et les écrivains associés". Oui, mais pas plus que cela. Et beaucoup moins que ça ne m'a, disons, amusé.
Les femmes, du moins celles qui étaient pour ce changement de nom, se sont fait rouler dans la farine.
C'est que les hommes veulent bien que les femmes soient l'égal des hommes. Mais ils ne veulent pas que les hommes soient l'égal des femmes.
La preuve ? Pourquoi n'a-t-on pas changé l'intitulé par "Les écrivaines du théâtre" ? Moi, ça ne m'aurait pas dérangée.
Examinons toutefois la formulation en question...
"Les écrivaines et les écrivains" : bien, voilà qui commence bien, semble-t-il, du moins pour celles qui veulent être appelées ainsi. Remarquons toutefois que c'est faire violence à toutes celles qui ne veulent pas être appelées ainsi. Il serait donc plus juste de dire "Les femmes écrivaines et les femmes et hommes écrivains".
Et c'est là que des femmes sont roulées dans la farine, c'est là que le principe masculin finit par l'emporter sur le principe féminin, in cauda venenum : "associés".
Car il eût été plus juste de dire : "Les femmes écrivaines associées et les femmes et hommes écrivains associés". Ç'eût été chargé la mule ? Et pourquoi pas le mule ?
Alors que faire pour avoir un titre qui soit plus juste (mis à part celui de départ) ? Qu'importe. On ne va pas changer à nouveau. Parce que notre indolence l'emporte.
Et de toute façon, ce "combat", et cette controverse, d'une minorité de gens au sein d'une seule langue (!!) elle-même minoritaire, est déjà dépassé.
Car à l'heure où certaines sont tout fières d'avoir genrés, on dégenre de tous côtés. Enfin, parmi les minorités. Autrement dit, le sexe n'a plus beaucoup d'importance. Sauf qu'il reste beaucoup à gagner pour les dominés contre les dominants. Et les dominantes.
Bien à toi,
Papy.
jeudi 29 décembre 2022
restaurant kurde
J'ai été salué Houssine. Je lui ai remis mes condoléances pour la communauté kurde. Je ne le savais pas, il a nourri deux des Kurdes tués, une heure environ avant leur mort. Il connaissait aussi la troisième assassinée.
mercredi 28 décembre 2022
(au gardien)
Cher Monsieur,
Vous êtes un mystère entier ;-)
Vous me laissez entendre que vous allez être seul pendant quinze jours, et que vous êtes ouvert à toute invitation. Je vous invite à visiter la maison de Victor Hugo, toute proche et bien chauffée. Pas de réponse !! Ni "J'ai foot" ou "Je l'ai déjà vue". Rien. Silence complet.
Je vous propose de l'argent pour la sorte de petit service que vous me rendez chaque semaine, recevoir un sms attestant que je suis vivant, vous refusez. "Ce ne serait pas noble. On ne peut pas recevoir de l'argent pour cela", me dites-vous. Je conviens que c'est un peu délicat, je n'insiste pas.
Mais depuis, à nouveau, pas de nouvelles.
Nous nous quittons bons amis et hop, vous voilà à nouveau disparu.
Je ne vous juge pas. Quelles que soient vos raisons, elles sont les vôtres.
Je vous ne juge pas, j'aimerais seulement comprendre ; en tant qu'écrivain et en tant qu'être humain.
Sinon, ma foi, eh bien tant pis, je serais obligé de faire appel à Arsène Lupin.
Le Père Noël est passé pour vous, mais j'ai bien été obligé de lui dire que je ne pouvais plus transmettre vos messages. Il est parti tout triste. Moi aussi.
Papy/.
mardi 27 décembre 2022
Ne pas me m' ej ej ek endi jnd ene zd enzarezqsd endormir au c volanr von j vk vd f vok vole vk volant.
Je suj suis dand dans la panade.
Pour une fois, je j n'ai quasiment mal lu lul l ln nj nk j k nul paz pae part mais je somnal soma m j soma somnola sol j ji j ki j f r ds somnd d s si son sin sd sonml sol jklm se qsdfg si so son son sonsjo j somnole sans d ca cesse; de d cesse/ / / . d dc cesse / /. ;: : ,, ,;:= .;..... d cesse; d cesse.
Y r rt t Trop ce cd cf creva ce ce crevkjm cd crevz ce crevé, je contine ci ciu continue demain? ? ;i,nde deman demz demain.
lundi 26 décembre 2022
l'anxiété numérique de ces crétins de chatbots et de ceux qui les installent
- Je suis un peu anxieux ce soir. Je ne sais pas trop pourquoi. Il me semble que c'est à cause de ce livre merveilleux de Michiko Aoyama, La bibliothèque des rêves secrets, titre traduit en italien en mieux : Jusqu'à ce que tu ouvres ce livre. Je le lis très lentement, laborieusement, et je suis vite épuisé. En fait, j'analyse, mais avec une telle acuité que cela finit par me fatiguer, une telle concentration pendant environ 7 heures. De plus, le contenu me montre à quel point je suis ignorant, ici, de la cuisine, du Japon, du jardinage, du japonais, du go, des mangas, du dessin (j'aime tellement dessiner !). Comment ai-je pu perdre autant de temps toute ma vie ?
- Je ne suis pas sorti de toute la journée. Il fait froid, gris, pluvieux. Mais surtout je n'ai pas le temps. C'est peut-être cela la source de mon anxiété diffuse : estimer que je n'aurai jamais assez de temps pour "tout faire". Même les simples trucs quotidiens sont chronophages : vérifier les comptes téléphones qui ont augmenté de... 50%, comprendre les nouveaux tarifs mutuels Audiens - Pleyel (augmentation de près de 30% en deux ans et déremboursement de plus de 15% ; alors que leur PDG gagne des dizaines de millions par an ; écoeurant) et tant d'autres encore qui nous noient tous dans d'incessants allers-retours appli, pages ordi, téléphone, scanner, imprimante, courrier, sms, code, code du code...). C'est bien cela, une charge mentale permanente qui ne nous permet plus de penser clairement. L'embrouille générale.
- J'ai écrit à B*. J'ai reçu un mail toujours formidable de L*. C'est un Gênois que j'ai rencontré à Londres, Oxford, Paris, Gênes. Et c'est un grand voyageur. Après avoir monté la Traviata en Sibérie, il va mettre en scène Attila à Oulan-Bator (capitale de la Mongolie) (j'ai regardé pour vous sur le web) (merci Papy). L* m'écrit tous les trois mois, voire plus, mais c'est chaque fois d'un nouveau lieu, d'une nouvelle aventure. Peut-être devrais-je moi aussi profiter de mes dernières années et courir le monde plutôt que de consolider mes liens avec ma Sainte-Famille médicale ? Mais comment faire ? Je n'ai déjà pas le temps de sortir une heure, une seule, à Paris. Bon, bref, disons que cela ira mieux demain.
dimanche 25 décembre 2022
Noël, ma Sainte-Famille.
Jour de Noël 2022, vers 20h.
Cher B*,
Merci pour ton bon mail, amical et chaleureux.
Hélas, c'est chaque année la même chose. Quand on n'a plus de famille, mais qu'on eut la chance douloureuse de passer dans l'enfance des Noëls enchantés, avec de proches parents aimants, des histoires et des cadeaux, tous les autres Noëls semblent mornes et tristes.
J'ai pourtant tout essayé. J'ai organisé des réveillons chez moi avec des amis esseulés. J'ai été chez les parents de mon ex. J'ai rejoint des inconnus. Etc.
Mais chaque fois s'abattait sur moi la mélancolie la plus terrible, et malgré mes efforts pour la cacher, je n'étais pas un convive très joyeux, souffrant aussi, ainsi, de devoir feindre que tout allait bien.
C'est finalement la solution la plus simple qui m'est la moins désastreuse : rester seul avec mes souvenirs, du champagne, quelques machins Picard et, si possible, le plus difficile à trouver, une bonne série qui parfois nous invente une nouvelle famille.
C'est aussi le sort de beaucoup de papys et mammys. Mais heureusement, nous les seniors, qui survivons au temps qui passe et à ses problèmes de santé croissant, nous nous reconstituons en parallèle, sans l'avoir voulu ni même pensé, une nouvelle famille, aimable, bienveillante, compatissante.
Elle serait parfaite si elle se réunissait toute ensemble. Hélas, j'ai essayé, j'ai envoyé des invitations vainement.
Pourtant, elles, ils, sont vraiment formidables ! Oui, oui, de vrais saints, qui font des miracles : mon généraliste, ma cardiologue, mon pneumologue, mon urologue, mon gastro-entérologue, mon proctologue, mes deux oto-rhino-larynglougloulogues, mes trois dentistes, mon parodontologue, mon endodontologue, mon radiologue, mes quatre ophtalmologues, mon opticien, ma podologue, mon dermatologue, mon lymphologue (le seul qui me fasse peur, sans le vouloir), ma contentiologue, et bien sûr, ma régulière, la kiné.
Cela ferait une fête de 25 personnes. Ils pourraient enfin se voir. 31 personnes ! car il serait quand même normal que mes quatre pharmaciennes et mes deux pharmaciens viennent aussi.
En attendant ce jour, ce soir, qui n'arrivera jamais, à moins que je ne réussisse à gagner au Loto auquel je devrais jouer pour organiser un grand Congrès Médical Global à Saint-Barth, qui s'appellerait : "Les experts se parlent entre eux", en attendant, je puis au moins inventer une réunion symbolique.
Après tout, Noël n'est qu'une fête symbolique où l'imaginaire déborde le réel qui en profite pour faire de nombreux dégâts chez beaucoup de gens : suicides accrus, mains en sang des amateurs ouvreurs d'huîtres, disputes familiales et règlements de comptes insoldables, pleurs des enfants déçus par leurs cadeaux, colères rentrées des adultes dans le même ou qui découvrent s'être ruînés pour des radins, bagarres d'ivrognes qui finissent aux urgences, indigestions géantes...
Je me demande si l'on pourrait un jour mesurer les vrais Noëls joyeux à tous ces faux semblants de fête.
"Fêtons au grand Congrès Médical Global". Ne serait-ce pas une belle occasion de montrer à nos si dévoués soignants à quel point nous les aimons ?
A trente ans, je ne voyais un médecin qu'une fois tous les deux ou trois ans. Preuve que je ne suis pas hypochondriaque mais que mes propres souffrances grandissent avec le nombre de médecins. Quand il me faudra tout un hôpital, j'espère que l'on me mettra sous morphine.
Merci à ma Sainte-Famille de me rendre l'espoir de renaître un jour à une vie meilleure (si possible dans une crèche numérique éternelle).
Amitiés,
Papy.
PS - J'oublie les laborantines et les nombreux employés de la Sécurité Sociale et de la Mutuelle. Dois-je déjà consulter un gérontologue ou un neurologue ? Ou un psy ? Qu'en penses-tu, franchement ?
samedi 24 décembre 2022
Celui qui voit le verre
Celui qui voit le verre à moitié vide a soif.
Celui qui voit le verre à moitié plein a trop bu.
J'en ai marre de sauver le monde.
J'en ai marre de sauver le monde.
Je vais plutôt sauver la lingerie.
© photo lingerie-collector.com
No aile
- No aile, no aile, no aile, no aile !
- Ils n'ont que ça à la bouche !!
- Heureusement que la reine aile Isabeth n'est pas morte en même temps.
- Ô Dieu du si aile, ne leur pardonne pas, ils savent très bien ce qu'ils font.
vendredi 23 décembre 2022
mal de dos, normal de dos
L'étudiante en cinquième année d'ostéopathie est toute fluette. Je suis deux fois plus grand et quatre fois plus lourd qu'elle. Si j'étais côté passager dans sa voiture qu'elle conduirait, la voiture pencherait à droite.
- Somme toute, j'ai le format Chabal ?
(Elle est passionnée de rugby et soigne à chaque match une épuipe de l'Essonne.)
- Hum... la morphologie est différente.
- Hahaha... vous êtes diplomate.
Je suis sur sa table. Elle me prend dans ses bras et me soulève. Pas mal... Même pas mal.
- Ne soyez pas surpris si vous entendez un bruit. Je vais vous faire craquer mais pas vous casser.
Elle me tord lentement le buste, et hop, une brutale dernière torsion.
- Ça n'a pas craqué...
- Des fois, ça ne craque pas. Mais ce n'est pas grave, cela a quand même de l'effet.
On continue divers tests et exercices. Elle termine :
- Eh bien, comment vous sentez-vous maintenant ?
- Honnêtement ?
- Bien sûr.
- Très franchement ?
- Surtout ! Les retours sont très importants pour moi.
- Eh bien, ne vous vexez pas, mais...
- ...
- ...mais j'ai encore plus mal qu'en arrivant. J'avais juste une pointe au bas du dos, maintenant, ça me fait mal dans tout le dos.
- Mais c'est normal, c'est normal !
- C'est normal de dos ?
- Hahaha ! Vous êtes un spécial, vous ! Votre corps était figé, je l'ai bougé, remodelé, fait craquer ; alors là, il est tout dérangé. Et dans les prochains jours, vous continuerez à avoir mal.
- Alors je repasse au Doliprane ?
- Surtout pas. Il ne faut pas habituer le corps à ne plus avoir mal. Vous attendez que ça passe, et dans quelques jours, vous vous sentirez bien mieux.
- Le corps doit avoir mal ?
- C'est un signal. La douleur est un thermomètre.
- Et si le thermomètre est en surchauffe pendant un mois ?
- Revenez-me voir.
- Pour que vous me refassiez mal pour un mois ?
- Hahaha ! Vous êtes vraiment un spécial, vous !!
jeudi 22 décembre 2022
le Gaulois est un râleur
Non mais alors là quoi, c'est pas possible, les gens n'ont aucune logique, moi non plus, en fait dans les faits, mais je le sais, je suis un type absurde, OK, mais je distingue entre les deux, vous comprenez, il y a le rationnel d'une part et l'irrationnel d'autre part, bon, c'est tout, c'est simple, non, la vie est absurde, OK, parfait, mais c'est pas une raison pour agresser les autres, y compris avec du langage injuste, d'autant plus que le langage n'est déjà pas très juste à lui tout seul, même s'il en a l'air, putain, non, mais c'est pas vrai ! me faire insulter par une cheffe de supérette, franchement, les vieux, c'est pas en Occident qu'on les respecte le plus !
Ah oui, on ne doit pas dire les vieux, mais les seniors ! Mais moi, oui, je peux dire vieux puisque je le suis, ah ah, na ! C'est comme quand une Femme parle de sa meilleure amie en disant que c'est une pétasse. Ou qu'un Noir parle de ses voisins en disant que ce sont des bougnoules, même s'il y a des Blancs dedans. C'est complètement idiot ? Mais non, c'est ce que je vous disais plus haut, le langage n'est pas juste. Dès qu'on parle, on fait de l'injustice, madame la cheffe de supérette.
Et on ne devrait pas dire les vieux, ni les seniors, mais dire comme en Afrique, les Anciens. Ça c'est bien, c'est classe. Ancien, wouaaah. Encore quelques années, et on pourra m'exposer dans un musée. C'est quand même autre chose que les aînés du président de la République. "Nos aînés." !!
"Nous devons prendre soin de nos aînés, c'est pourquoi l'amélioration des conditions de vie dans les Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, ou les épads, ces conditions de vie, enfin de fin de vie qui ne fait pas envie, sera l'une des priorités de mon quinquenat, avec les femmes battues et les handicapés. Nous commencerons immédiatement avec une aide de un euro par jour pour les femmes battues dans les épads par des handicapés, puis deux euros, etc."
Voilà d'ailleurs un parfait contrexemple du SuperU, les épads (personnellement, je préférerais m'achever moi-même que d'être achevé en épad) (please, please, laissez-moi inachevé) (même si je râle) (rarement). Quand dans un épad, les actionnaires traite mal le directeur, le directeur traite mal le personnel, et celui-ci traite mal les vieux. Point barre.
Bon, alors, je retourne au SuperU voisin. J'y vais environ une fois par mois car c'est moins cher, c'est possible d'être livré, et le personnel est serviable. Normal, il est assez nombreux et il semble bien traité par la direction. Les gens bossent dur, c'est des palettes et des palettes, et des kilos et des kilos. Une caissière a fait le calcul : en moyenne, les caissières manient une tonne par jour.
Vous imaginez ? Vous allez dans un supermarché où il y a dix caisses, vous êtes déjà en face d'un dix-tonnes. Tu parles que les caissières sont belles comme des camions, à traîner des vertèbres abîmées dans leur semi-remorque. Il n'empêche que si on est gentil avec le personnel, le personnel est gentil avec les clients, même dans les travaux durs, surtout dans les travaux durs.
Comme ça, toutes mes courses sont faites en une fois, et je ne dois plus rien porter, pour le moment, c'est pas possible, j'en suis à un à trois grammes de Doliprane par jour, c'est pas bon pour le foie. Dès que je porte un mouchoir, j'ai les épaules qui grillent, comme si on leur collait un radiateur électrique qui commence à chauffer, oui, c'est bizarre, c'est comme s'il y avait des lignes ondulées de douleurs horizontales, j'aurais pu être caissier.
Et pendant ce temps-là, monsieur le président de la République, vos gardes du corps vous portent dans leurs bras jusqu'à votre voiture pour vous éviter les heurts du temps et des cailloux. Je me demande simplement combien de fois ils doivent vous porter pour une tonne par jour. Si je savais votre poids, je le calculerais.
Mais évidemment, on ne peut pas compter sur wikipédia pour nous donner le poids des gens ni des renseignements sur la beauté du visage et ce que l'on peut lire dessus. Ce sont pourtant les premières choses que l'on regarde chez une inconnue, non ? les volumes et les lignes. Alors là, s'il vous plaît, je ne vous parle pas de la cheffe, vous irez voir vous-même, ne comptez pas sur moi pour médire des gens. C'est pas le genre de la maison.
Bon alors, je rapporte au SuperU un brumisateur défectueux. Ouais, je sais, c'est quoi un "brumisateur défectueux" ? Comment un brumisateur peut-il défectuer ? Eh bien réfléchissez un peu, je vous prie. Non, si, sérieux ! Allez chercher votre brumisateur, regardez, cherchez, examinez... Quelles sont toutes les pannes possibles, à l'achat comme à l'usage. Alors ? (à suivre)
mercredi 21 décembre 2022
Ô mon coeur !
La docteure de mon coeur, et chirurgienne excellente, m'a envoyé un mail hier matin, en réponse à celui que je lui avais envoyé la veille au soir.
"Cher monsieur bonjour et merci pour votre message et vos PJ!
Le bilan lipidique notamment les triglycérides sont très perturbés. Il faut améliorer votre hygiène de vie, perdre du poids et faire une activité physique régulière.
Je laisse votre médecin traitant gérer cela jusqu’à notre prochaine consultation.
Cordialement
Dr M."
Y'a plus qu'à.
Le ciel est gris, les grandes grosses teufs toffes fêtes obligatoires se rapprochent.
Beaucoup de gens regrettent que leur train de ce prochain Noël n'ait pas été annulé. C'était leur dernière chance pour ne pas aller souffrir en famille et ricaner sur les souffrances de la Sainte Famille.
"Ô mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné", dit le petit Jésus dès qu'il naquit, tombé du Paradis, le Ciel angélique et le ventre si doux de la Vierge, dans une bergerie misérable poursuivi par des serial-killers de bébés.
Ô grévistes cruels, gens de peu de coeur, pourquoi vouloir ainsi fuir les cardiologues intelligentes, spirituelles et belles ? Pourquoi laisser deux-tiers des voyageurs aller se gaver de triglycérides ?
Bande de gras ingrats ! Vos patrons se moquent de vous, et alors ? Aussitôt vous vous moquez de nous ? Vous nous prenez pour des dindes, ou quoi ?
C'est pour tout le monde pareil, mes petits chéris des chemins de fer que je connais bien car mon grand'père était contrôleur et chef de train.
Bon bhein comme ça, je ne regretterai plus de ne pas aller voir la famille que je n'ai plus ; et je ne serai plus le seul à passer le réveillon de Noël tout seul avec du champagne et des somnifères, hop, à sept heures, couché, sautons cette nuit avec de doux rêves de ventres doux et vierges, où poser la tête en se faisant caresser les cheveux, bien loin de tous ces triglycérides de banquets à s'en péter la ceinture.
Ô cheminots de mon coeur brisé, que les dindes soient avec vous et avec votre esprit, amen.
mardi 20 décembre 2022
Le Journal de Papy
- Je me demande quand ils vont arriver.
- Pourquoi vous me demandez cela ?
- Je ne vous demande rien, je me demande. Je me demande à voix haute. Je ne parle pas de vous.
- Vous parlez tout seul, quoi ?!
- Ça ne vous arrive jamais de vous poser des questions ?
- Si. Mais à voix basse.
- ...
- Qu'est-ce que vous dites ?
- Rien. Je chuchote. Je grommelle en chuchotant. Ça ne vous dérange pas trop ? "A voix basse", m'avez-vous dit.
- Bah... Savoir que vous grommelez me chagrine un peu. Surtout sans comprendre vos grommelements, vous me comprenez.
- Oh que oui. Et j'imagine sans peine que c'est pour cela qu'ils n'arrivent pas. L'un des deux grommelle, ou plutôt a grommelé, et l'autre, le chauffeur s'est arrêté au bord de la route pour tirer cela au clair.
- Eh bien moi je dis que le grommellement devrait être interdit pendant le travail. Cela désorganise toute la vie professionnelle. Le patron passe, l'ouvrier grommelle, le patron s'arrête, regarde l'ouvrier :
- Qu'est-ce que vous dites ?
- Rien monsieur.
- Rien ? Vous attendez que je passe pour ne rien dire ?!
- Bien monsieur, je ne dirai plus rien quand vous passez.
- Plus rien ?
- Exact.
- Vous ne direz plus rien ?
- Exact.
- Donc, c'est que vous avez dit quelque chose ? Je ne boirai plus, cela veut dire que j'ai bu.
- Eh bien moi, je n'ai pas bu, et je ne boirai pas car je ne bois pas.
- Bon, bon, d'accord, on a compris. Pas de grommellements dans la vie professionnelle. Plus de grommellements, devrais-je dire.
- On a assez grommellé comme ça... Qu'est-ce qu'on fait ?
- Quoi ?
- Pour empêcher le grommellement... On fait
une loi ?
- Une loi ? Hum... Un décret suffira.
- Oui, c'est vrai. Du moment que vous le dites...
- Du moment que je le dis, c'est vrai, c'est dit, c'est dit, cochon qui s'en dédit.
- Reste à préciser les sanctions.
- Oh, c'est très simple. Premier grommellement, un blâme public.
- Public ?
- Deuxième grommellement, un bâillon pendant une semaine, tout le temps, nuit et jour.
- Et pour boire et manger ?
- Les gens qui grommellent ne boivent pas, vous venez de le dire. Et ma foi, ne pas manger pendant sept jours, c'est quand même pas le Ramadan.
- Ils mangent la nuit.
- Ah, ils mangent la nuit... ? Ils ne dorment pas, alors...? Je me demande s'il ne vaut pas mieux dormir que manger.
- Vous avez tout à fait raison. "Qui dort dîne". Ce qui permet de faire deux choses à la fois.
- Trop bien, trop bien ! C'est de cela que Lepays a besoin ! De mettre les bouchées doubles.
- Hahahaha. Bien dit. Vous avez retrouvé votre bonne humeur, cela me fait plaisir.
Paris, 20/11/22, 12h16 T.U. Date de création. (WIP, Work In Progress, TEC, Travail En Cours)
Paπ
Critique - Où sommes-nous ? Qui parle ? Deux hommes ? Un homme, une femme ? De quoi ? De grommellement du troisième âge ? Cela méritait-il ce long dialogue, beaucoup trop long ? Que veulent-ils ? Avoir raison ? Avoir raison de l'autre ? Seulement arriver à supporter, dans les deux sens du terme, les jeux de mots vieillots de l'auteur ? Qui sera tué ? Par qui ? Mais surtout : pourquoi ?
samedi 8 mai 2021
Jamais deux sans trois fois, hélas.
- Mon fils, mon fils, Dieu soit loué, tu es sain et sauf !
- Oui, Maman !
- Mais pourquoi ? Pourquoi me faire une frayeur pareille !
- Mais ce n’était pas contre toi, Maman, tu le sais très bien !
- C’est toi qui le dis !
- Je t’assure, Maman, ce n’était pas contre toi ! Puisque c’était contre moi !
- Oui, mais ce qui est contre toi est contre moi, mon chéri ! Tout ce qui t’atteint me touche.
- Ça me touche, Maman, que tu sois si proche de moi. Mais il ne faut pas que ton existence tourne autour de la mienne, tu sais.
- Mais nos existences sont liées, mon chéri. Comment ne le seraient-elles pas ? Après ma lune de miel, j’ai rapidement accouché de toi. Toi, le soleil de ma vie. Bien plus que feu ton père, qui a pris la poudre d’escampette pour aller voir d’autres galaxies, à des lunes d’ici.
- Maman, je sais à quel point je compte pour toi mais j’ai besoin de vivre ma vie, tu le sais ! Il faut lâcher du lest !
- Jamais je ne te lâcherai, mon fils. Tu peux compter sur moi.
- Oui, je sais que je peux compter sur toi, Maman. Mais j’aimerais que toi, tu cesses de compter sur moi.
- Mais je ne compte pas sur toi, mon fils. Jamais je n’ai pu compter sur toi, hélas. Je ne le sais que trop. Et tu le sais aussi.
- ...
- Bon qu’est-ce que tu comptes faire, maintenant ? Dans ton état ?
- Malheureusement, les médecins sont optimistes. Je m’en sortirai.
- Dieu soit loué, Il veille sur toi, rien à dire.
- Oui, mais je recommencerai, Maman, tiens-le-toi pour dit.
- Je n’en doute pas une seconde, mon fils. Mais tu te rateras encore. Je te connais.
- Écoute, Maman, connais-toi toi-même, une bonne fois pour toutes, et tu connaîtras l’univers et les dieux !
- Quoi ?! Je connaîtrai l’univers des vieux ?! Mais tu veux ma mort ?!
- Non, Maman, tu le sais bien. Seulement la mienne.
- ...
- Quoique... à bien y réfléchir…
© Nicole Desjardins, mai 2021
dimanche 4 avril 2021
sagesses
- Tout ce que tu possèdes te possède, dit la sagesse bouddhiste.
- Mais si tu ne possèdes rien, ce rien ne cesse de te posséder...
- Ce rien ?
- Ce rien, c'est-à-dire... tout ce qu'ont les autres.
- Donc que je possède ou que je ne possède rien, tout ce qui se possède me possède ?
© Echanges avec Clarence S*
lundi 25 janvier 2021
à la Poste
- Bonjour, mademoiselle La Poste !
- Madame.
- Madame ? Ah pardon, je ne pensais pas que, aussi jeune, vous vous fussiez déjà mariée. Et je n'ai pas vu votre alliance.
- Vous ne l'avez pas vue parce que je n'en ai pas. Et que je ne suis pas mariée.
- So ?
- So.
- So pourquoi vous...
- Parce que.
- Très bien, OK, c'est votre droit, je n'insiste pas.
- Monsieur, non seulement c'est mon droit, mais c'est votre devoir. Il vous est désormais interdit d'employer le terme de mademoiselle avec une personne du Service public.
- Absurde. Vous avez été privatisée.
- Non monsieur, il n’y a aucune privatisation de La Poste, qui est une entreprise à 100 % publique, détenue par l’Etat et la Caisse des dépôts.
- Ah ?! Ravi de l'apprendre. Bravo. Cela dit, je me demande pourquoi vous... enfin, je...
- Parce que ! Par esprit de justice. Pourquoi les monsieurs célibataires peuvent-ils se cacher parmi les monsieurs mariés alors que les mademoiselles célibataires ne pourraient pas se réfugier parmi les madames mariées ?
- C'est vrai... Mais... En fait, ça s'explique... Parce que ce sont les hommes, non point les femmes, qui font les demandes en mariage. Alors il faut bien qu'ils puissent distinguer les célibataires des mariées !
- ... Hum... Bien vu. C'est logique.
- Vous êtes intelligente, logique, tolérante ; vous ne voulez pas avoir raison à tout prix donc vous n'êtes pas dogmatique ; vous êtes vive et jolie ; habile en finances publiques et en actionnariat étatique.
- So ? Que voulez-vous, monsieur ?
- Madame La Poste, je
- Allons, appelez-moi Simone.
- Simone, est-ce vrai que "Tout le monde rêve d'avoir une piscine" ?
-... Oui, c'est vrai. Mais tout le monde n'a pas envie de se mouiller, et personne n'a envie de se noyer.
- Ah Simone, Simone ! Vous me donnez envie de plonger !!
- Plongez, plongez, monsieur.
- Eh bien, Simone, eh bien... appelez-moi mademoiselle, je
- Ah ! D'accord... Je vais chercher mon collègue.
- Vous seriez... ?
- Pas du tout, alors là, pas du tout. Au contraire. Je vais le chercher car j'ai l'impression qu'il vous fera bientôt une demande en mariage, mademoiselle !
- Mais non ! Attendez... Simone ! SIMONE !! C'est malin, elle est partie. J'aurais mieux fait de me taire... C'était juste par esprit de justice.
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© Philippe Dohy, Paris, lundi 25 janvier, 12h.
© Downton Abbey
dimanche 24 janvier 2021
Philippe Dé‚ Être humain.
- Philippe Dé‚ Être humain ?
- Oui, je sais, mais bon... pourquoi pas ?
- Vous voulez encore essayer un truc, quoi ?!
- Exactement. Essayer un truc. Il y en a bien un qui finira par marcher.
- Marcher, marcher ! Vous ne cessez de courir de l'un à l'autre ! Pourquoi vous n'essayez pas plutôt de rester sur place et de creuser, creuser. Si vous restez toujours en surface, eh bien ma foi, vous serez toujours superficiel.
- Je m'en fiche pas mal d'être superficiel, je
- Vous vous en fichez pas mal d'être superficiel ?! Ah non, le culot ! A une époque où tout le monde essaie d'être profond ?!
- Haha ! De la profondeur ! Hahahaha. Aujourd'hui ? De la profondeur ?
- Pourquoi pas ?! Tout le monde rêve d'avoir une piscine.
- Hum... Non, vous voyez, si j'essaie des trucs, c'est pour me sauver.
- Seigneur, sauvez-le !
- Oui, voilà... me sauver du langage, peut-être avec le langage, je ne sais pas, j'essaie des trucs. "Je est un autre", mais qui ?
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© Philippe Dohy, Paris, dimanche 24 janvier, 11h.
© Downton Abbey
jeudi 31 décembre 2020
Enfin compris ?
Il y a langage et langage, il y a mot et mot.
Et que pourriez-vous avoir enfin compris ?
mercredi 2 décembre 2020
Exclusivité mondiale, interview du Covid19.
Mesdames et Messieurs, chers spectateurs.trices, amis journalistes, journellement sollicités par l’actualité,
J’ai une importante communication à vous faire, une covidication de taille. Une coronication d’envergure.
Je m’explique.
J’ai été convoquée manu medicinali par Sa Majesté Coronavirus et son associée Covid dix-neuf.
Comme tous les documents, captations, reportages, interviews ont été égarés - si ce n’est détruit - comme tous les témoins ont disparu, happés dans la tourmente médiatique et médiatisée, je vais tâcher de vous rapporter les quelques bribes dont je me souviens de cet entretien au sommet.
Heu… en fait, je ne me souviens pas de grand-chose car il y avait trop de choses pour que je m’en souvienne. Mais j’ai retenu l’essentiel :
Covid and co sont étonnés, stupéfaits. Mais aussi peinés, vexés et mortifiés par vos manies de classification, vos réflexes de catégorisation, votre obsession de hiérarchisation. Votre maladie de nomenclature et de rangement.
Les deux cocos, Corona et Covid, sont déçus par la propension humaine à tout stigmatiser.
Mais dans sa folie de tout classifier, l’être humain a omis le principal, surtout en France. Soyons précis : Covid en a marre d’être un coup masculin, un coup féminin. Du coup, il.elle ne sait plus où habiter. Il.elle se sent confondu.e. Désorienté.e, il.elle frappe au hasard, avec maladresse. Changer de sexe ou de genre, selon les individus qui parlent de vous, avouez qu’il y a là de quoi perdre son latin.
Alors, Covid, appuyé.e dans sa démarche par son géniteur, Corona, a décidé de porter plainte. L’être humain va être traîné, dans un premier temps, devant les tribunaux, pour atteinte à intégrité physique et, même, morale.
Les deux cos, ces cocos, ont décidé de mettre au point une stratégie d’attaque, et ils m’ont demandé d’ores et déjà de vous en faire part.
Pour commencer, Covid veut obtenir le statut de neutralité. Il refuse tous vos articles sexués, qui sont désuets. Covid exige l’article neutre, comme en Allemagne, le « das », bien différencié du « der » ou du « die ».
Covid ne veut plus être appelé ni le Covid ni la Covid. Covid, ne se faisant aucune illusion sur les capacités d’invention de l’être humain, se propose « de soi-même » de vous faire quelques suggestions au sujet de son futur article.
Et c’est à moi qu’il est dévolu la mission de vous faire l’article.
Covid aimerait se faire appeler ly Covid. Pourquoi ly avec un y bien grec ?
Parce que l’y grec possède deux jambes, et de ce fait, on peut imaginer une juste répartition du genre, entre une jambe féminine et une jambe masculine, ce qui couperait court à tous les problèmes de parité ou même de discrimination.
Pour ce qui est des qualificatifs, Covid accepte d’être qualifié, mais à une condition, très intrusive… Covid veut être inclusif… inclusive… bref, Covid exige l’inclusion totale.
En résumé, ly Covid demande à être adopté.e dans sa nouvelle entité. Ly souhaite que sa nouvelle identité soit reconnue par le peuple français. Ly exige que son nouveau signalement soit entériné.e par l’Académie française. Ly ordonne que sa souveraineté soit admise par le gouvernement français.
Enfin, au niveau mondial, ly Covid vous emmerde parce que de toutes façons, ly aura raison de vous tous. Mais ly veut y mettre les formes. Par déontologie médicinale et médicamenteuse. Sans mentir, parce que son ramage se rapporte à son plumage, ly est le futur Phénix des hôtes de cette terre.
Vive ly Covid - et merci à Corona de nous avoir aidé avec sa logistique de communication et de propagation, même si cette dernière a été quelque peu modifiée et déformée dans le feu de l’action. Mais l’essentiel ne réside-t-il pas dans la fin et non dans les moyens ?
C’est ainsi que, Mesdames et Messieurs, chers spectateurs.trices, amis journalistes, journellement sollicités par l’actualité, je vous remercie d’être venus ici vous renseigner, pour pouvoir, à votre tour, contaminer, pardon, je veux dire informer le reste de la population qui meurt d’impatience de connaître les dernières nouvelles de la solution finale qui mettrait un terme à la situation globale.
Chacun pour soi, et Cocos à gogo !
Nicole Desjardins
1er décembre 2020
jeudi 12 novembre 2020
Nouveaux maux, nouveaux mots.
Attendre que quelqu’un ouvre la porte du métro pour ne pas y toucher soi-même > opportuniser.
Coller partout des bandes de délimitation périmétrale > empérimétrer.
Dégainer attestation et dérogation pour montrer patte blanche > pattiblancher.
Grouper ses sorties sur une attestation d’une heure et d’un km > kiloptimiser ou trafictoirer.
Patienter en ruminant > rumipatienter.
Parler derrière un masque > mâcher ses maux.
Enlever son masque pour tousser > détroussoter.
Se laver les mains devant les commerces sur le trottoir > se lavitrotter.
Passer son temps à se laver les mains au moindre contact avec des êtres ou des objets > se désinfictionnaliser.
Ne pas avoir d’autre choix que d’acheter un produit parce qu’on l’a manipulé > se faire achoipiéger.
Découvrir les richesses et les possibilités de l’informatique à distance > s’écranciper.
Détourner la tête en présence de tiers pour ne pas croiser leur souffle > désespirer .
Se débarrasser d’une trottinette de location éphèmère > se détrottiner.
© Nicole Desjardins
(A la manière de "Le Baleinié, dictionnaire des tracas", de Murillo, Leguay et Oestermann ; au Seuil, 2005)
dimanche 8 novembre 2020
Discours court.
A la télévision ce soir, nouvelles consignes covidesques, par un ministre qui remplace le président fiévreux, malade et alité.
Chers cons… compatriotes,
Complices, please, écoutez-moi,
Chers cons…vives, vive la République !
Chers cons… condisciples,
C’est avec discipline et subornation, je veux dire subordination, que me voici déjanté… diligenté, pour vous enfoncer… vous informer, vous entuber, je veux dire pour vous enturlupiner.
Turlupinés, nous le sommes tous par les derniers événements. Et vainement, votre gouvernement a dû mettre en place beaucoup d’audace pour partir à la chasse de ce virus dégueulasse.
Car il l’est, fi de la langue de bois, qui, d’ordinaire, nous laisse cois, enfin, surtout vous, ma foi.
L’autre fois, c’est le patron qui vous a parlé. Ce n’est pas pour me vanter, mais c’est moi qui avais rédigé son élocution. Et il était si satisfait de son élocution qu’il avait promis de me renvoyer l’ascenseur. Mais voilà, il est resté coincé dedans.
C’est pourquoi, c’est moi, son sbire qui suis devant vous, ce jour. Bien entendu, il s’agit là d’une exception, loin de moi l’idée de prendre la place du grand chef, il est hors de question de tomber dans la spirale des sous-fifres.
Si notre vénérable, notre honoré père de la nation m’a fait l’honneur de me reléguer, je veux dire de me déléguer, auprès de vous, c’est qu’il a, et je n’en pense pas moins, une fière opinion de vous.
J’ai opiné du chef en apprenant la décision de la direction. Une direction est toujours bonne à suivre quand elle est bien indiquée.
J’ai d’ailleurs, ici, devant moi, plusieurs index de bonne conduite qui sauront, mieux que moi, vous donner le bon exemple de la marche à suivre. Une bonne marche en avant est le symptôme évident d’une bonne direction. Ceux qui prendraient le parti de reculer seraient immédiatement mis à l’index.
A propos d’index, je vais poser le mien sur les statistiques. Comme vous le savez déjà, à cause des différentes fuites, que j’ai d’ailleurs moi-même initiées, pour cause d’incontinence primaire, les statistiques sont statistiquement nulles. Nulles de chez nulles. Donc équivalentes à zéro. Zéro chiffre, zéro. Zéro blabla, zéro tracas.
Voilà, CQFD, rentrez chez vous, braves gens. Oyez, oyez, ouille, ouille, ouille. Croyez-moi, sauvez ce qui peut encore l’être. Sauvez-vous. Sauve qui peut ! Sauve qui veut. Personnellement, je m’en fiche. Faites ce que vous voulez, mais restez chez vous, ce sera plus facile à gérer.
Comme dit l’adage : pour vivre heureux, vivez cachés. Pour mourir heureux, mourez cachés.
Et il n’y paraîtra rien. Ce que l’on ne voit pas n’existe pas.
Chers cons, chers concitoyens, soyons concis, soyons dignes de nos doyens, je veux dire soyons dignes de nos moyens. Aux grands maux, les grands moyens. Au bas mot, les moyens excusent la fin. A toutes fins utiles, je clôturerai donc ce début, ce débat, ce débit, bref, ce beau… rebut par une rebuffade : tous aux abris.
Abracadabra, et tout ce qui s’en suivra.
Amen.
© Nicole Desjardins
samedi 7 novembre 2020
les élections US vues du Kenya
Antoine Droux ➡️ @antoinedroux · 10h Il est incroyable ce journaliste de Nairobi qui twitte depuis des jours en se basant sur le vocabulaire typique que les rédactions occidentales utilisent trop souvent pour parler de l’Afrique. #Election2020
gathara @gathara · 10h
- Le chef de l'opposition vieillissant et ancien vice-président, Joe Biden, est sur le point d'être déclaré vainqueur d'élections contestées dans la nation nord-américaine des États-Unis, qui possède d'abondantes ressources naturelles mais est malheureusement en proie à de profondes animosités ethniques et à une élite rapace et corrompue .
< Aging opposition leader and former vice-president, Joe Biden, is set to be declared winner of disputed elections in the north American nation of USA, which has abundant natural resources but is sadly plagued by deep ethnic animosities and a rapacious, corrupt elite.
Antoine Droux ➡️ @antoinedroux · 3h Celui là est énorme :
gathara · 3h @gathara
- Le Kenya demande au Sommet d'urgence des chefs d'État de l'Union Africaine de discuter de la détérioration de la situation aux États-Unis, où des élections présidentielles honteuses menacent de déclencher une guerre civile dans le nord de l'Amérique, divisé ethniquement, ravagé par la maladie et dans une situation perdue sur le plan économique et politique.
< Kenya requests emergency Summit of AU Heads of State to discuss the deteriorating situation in the US, where shambolic presidential elections are threatening to ignite civil war in north America's ethnically divided, disease-ravaged, political and economic basket case.
mercredi 4 novembre 2020
Chère amie de l'an 2.000.000,
Paris, France, nuit du 3 au 4 novembre 2020.
Election du président des Etats-Unis, "Potus".
Bifurcation dans la Théorie des catastrophes.
- 02h40 - Je me sens mal. J'ai le ventre noué.
Trump va emporter la Floride. Comme le dit Fabienne Sintes à la radio, sur France Inter, on est douché. Si Joe Biden l'avait gagnée, son élection comme 46ème président des USA aurait été plus assurée. Flippant.
Si Trump était réélu, dans le contexte géopolitique actuel de tensions guerrières et dictatoriales croissant, c'est allumer la mèche de grandes déflagrations mondiales.
Bon, rien n'est encore joué, mais la route est plus dure. De plus, Trump s'est révélé l'allié objectif du dangereux coronavirus covid-19, et ensemble, ils ont déjà tué 233.000 personnes aux Etats-Unis.
Dans la Théorie des catastrophes de René Thom, brillant mathématicien décédé en 2002, la bifurcation est ce moment d'un événement où plus rien n'est prévisible, où tout peut aller au mieux ou au pire.
- 04h15 - Je tombe de sommeil.
Mais je n'ai pas envie de dormir pendant que le monde tombe, j'exagère à peine. Car si vous ne recevez pas ce mail dans le temps, ce sera à cause de ce dangereux imbécile qui aura déclenché une guerre nucléaire totale par susceptibilité narcissique.
J'ai été reprendre quelques forces en buvant un verre de "Ce lait rémunère au juste prix son producteur" de "C'est qui le patron ?! La marque du consommateur Bon et responsable".
La poussée de Trump devient plus vive dans plusieurs Etats clés, les swing States, qui changent de majorité assez souvent. Et jusqu'à présent, les Démocrates n'ont gagné qu'un siège de sénateur. Or, ils devraient en gagner trois au moins, si Biden gagnait, pour pouvoir gouverner réellement.
Comme l'écrit lemonde.fr : "Pour renverser la situation, les démocrates doivent donc conquérir quatre sièges, ou bien seulement trois si la sénatrice Kamala Harris, colistière de Joe Biden, est élue vice-présidente et donc présidente du Sénat. Le détenteur de ce poste (qu’aucune femme n’a occupé jusqu’à présent) dispose en effet du privilège par son vote de surmonter un blocage d’une Chambre haute divisée en deux blocs de 50 voix."
Trump a tué des dizaines de milliers de personnes par sa stupidité et sa cupidité. Il détruit les gens, la planète, etc. Supporter cet individu inculte et vulgaire pendant quatre ans de plus ? Quelle horreur. Comme s'il y avait un fou avec un couteau dans la pièce d'à-côté ? Je n'ai plus le ventre noué, je n'ai plus de ventre, je n'ai plus que des noeuds.
- 05h25 - HAAAA, enfin une bonne nouvelle !!
Biden emporterait l'Arizona, traditionnellement républicain, 11 grands électeurs.
Ça y est. C'est confirmé par Fox News, la chaîne de droite extrême, préférée par Trump.
- 05h30 - Horrible, je crains que ce ne soit fichu.
D'après les projections de CNN, Trump est nettement en avance dans le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie. Certes, il reste le décompte des voix par correspondance. Mais s'il les emportait, il gagnerait. C'est fou. Je me retrouve dans la même incrédulité qu'il y a quatre ans. J'avais étiré la nuit le plus possible, finissant péniblement mes valises pour le Portugal, accablé par les résultats d'alors et le sommeil. Les sondages, les sondages ! Les sondages donnaient 93% de chances à Hillary Clinton de l'emporter. Cette fois-ci aussi, exactement pareil : 93% de chances pour Biden.
"On croit ce qu'on désire" disait déjà Jules César.
Au secours, chère amie. Si vous voulez vivre, ressuscitez-nous !
- 06h40 - Je n'en peux plus. L'angoisse me terrasse et me fait pâté.
Dernières nouvelles. Biden n'a peut-être pas gagné l'Arizona (11 grands électeurs). Mais il va peut-être gagner la Georgie (16).
Et en France, il y a de plus en plus de morts du coronavirus, plus de 850 en 24h et plus de 36.300 contaminations dans le même temps.
- 06h50 - Le chaud et le froid, l'espoir ou la colère.
Biden fait une déclaration en public, il pense pouvoir encore gagner le Minnesota, le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie, ce qui lui donnerait plus de 280 grands électeurs, alors qu'il n'en faut que 270 pour gagner. Mais qu'il faut attendre les résultats officiels.
Aussitôt après, Trump twitte être largement en avance et qu'il ne laissera pas se laisser voler l'élection. Tout ce qu'il faut pour attiser les tensions...
- 07h - Cool, cool, zen, zen.
"L'alimentation des vaches est garantie saine et de qualité, sans OGM (<0,9%) ce qui n'est pas tout à fait sans,..., les vaches pâturent 3 mois minimum dans l'année, les fourrages sont locaux et le producteur reçoit une juste rémunération pour son travail."
samedi 31 octobre 2020
Bonne nouvelle.
- J’ai une bonne nouvelle.
- Quelle bonne nouvelle !
- Tu veux dire : Quelle bonne nouvelle ?
- Non. Quelle bonne nouvelle ! Exclamation. Pas interrogation.
- Ah. Donc, tu t’en fiches !
- Je me fiche de quoi ?
- De connaître la nouvelle ?
- Bien sûr que non. Mais avant de savoir, j’apprécie cet instant rare, l’instant où je pense que la bonne nouvelle en est vraiment une, et où je ressens la même excitation que l’enfant qui ouvre le paquet-cadeau avant d’être définitivement déçu.
- Déçu ! Mais pourquoi serais-tu déçu ?
- Parce que le degré d’importance des bonnes nouvelles n’est pas le même pour tout le monde. Ce que tu estimes être une bonne nouvelle ne l’est peut-être pas pour moi.
- Une bonne nouvelle qui me concerne te concerne forcément, non ?
- Détrompe-toi !
- Comment ça ? Je croyais que nous faisions cause commune !
- Cause commune ! Cause commune ! Mais ça n’existe pas !
- C’est toi qui me dis ça ! On a acheté cet appartement ensemble, on s’est mariés, et maintenant, tu me dis que ça n’existe pas, les causes communes, le partage, la communauté?!
- Un individu n’est lié à un autre que dans la mesure où cela lui apporte un bénéfice quelconque. Je ne me fais aucune illusion sur le degré d’égocentrisme du genre humain.
- Je rêve ! Tu m’accuses de n’être avec toi que par intérêt !
- Voilà encore une preuve d’égocentrisme : qui te dit que je parle de toi ?! Non, je parle de moi.
- Tu n’es avec moi que par intérêt ?!
- Moi, toi, lui, nous. Nous sommes tous ensemble par intérêt.
- Tous ensemble, tous ensemble ! Moi, je ne veux pas être tous ensemble avec tout le monde. Moi, je veux être avec toi, c’est tout.
- Moi, moi, moi. Pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’ai de plus que le voisin, après tout ?
- Le voisin ?! Mais beaucoup plus que le voisin, beaucoup plus !
- Voilà ! CQFD ! A tes yeux, je présente plus d’avantages que le voisin.
- Ok. Mais si tu veux, je peux te prouver que je suis une femme particulièrement désintéressée.
- Ah ! voilà une bonne nouvelle !
- Ravie que cela te plaise !
- Bien sûr ! On le serait à moins.
- Soit ! Dans ce cas, oublie la première bonne nouvelle que je voulais t’annoncer !
- Pourquoi ?
- Parce qu’elle était collective. Je veux dire qu’elle nous concernait tous deux.
- Et alors, elle ne nous concerne plus tous deux ?
- Non, car je vais aller m’installer chez le voisin.
© Nicole Desjardins
http://www.cievuesurjardin.com/
https://www.change.org/p/m-franck-riester-ministre-de-la-culture-sauvons-l-atelier-rl
http://eurodram.org/
https://www.auteursdanslespacepublic.fr/
http://www.eatheatre.fr/
mercredi 9 septembre 2020
Le genou de Claire
- Alors cela vous fait… 26 semaines de retard pour 10 ouvrages donc… c’est facile : 260 € d’amende. J’espère que vous avez pris votre carnet de chèques ?
- Excusez-moi. Mademoiselle ? Mademoiselle… J’étais en voyage. Je suis sincèrement désolé. J’ai entendu tous vos messages hier, ceux que vous avez laissés sur mon répondeur. Je suis confus, je vous assure. Si j’avais su… Mais j’ai une excuse…
- 26 semaines ! Il ne peut pas y avoir d’excuse ! J’applique simplement le règlement de la bibliothèque. Convenez que ce n’est pas respectueux pour les autres lecteurs. Si tout le monde faisait comme vous ! Des lectrices ont peut-être eu besoin de certains ouvrages que vous déteniez. Je dis « peut-être » mais je le sais. Barthes, par exemple, Fragments d’un discours amoureux, on l’a demandé cinq fois ce mois-ci! Et vous osez dire que vous étiez en voyage ! Pardon mais vous êtes gonflé quand même. 10 ouvrages de littérature et de philosophie, c’est… de la séquestration ! J’espère que vous avez pris votre carnet de chèques ?
- Vous êtes si charmante quand vous vous emportez ! Le rose là sur vos joues, cela vous donne un air de Fragonard. « Les hasards heureux de l’escarpolette ». Vous connaissez ce tableau j’imagine? Le rose rebondit sur l’étoffe de la robe qui se soulève délicatement… Vous avez entièrement raison. Je suis tout à fait fautif. Mea Culpa ! Mais vous faites fausse route si je puis me permettre. Je n’ai pas abandonné ces 10 livres à Paris pendant que je partais admirer la grande bleue à Capri… Non, je me suis enfermé dans ma chambre, j’ai besoin de m’isoler pour écrire. Mon voyage est intérieur. Je pars en écriture. Vous ne pouvez que comprendre cela Claire. Ces 10 livres sont mon viatique, j’ouvre le matin des paysages qui dessinent la pente que je vais prendre.
- Je ne m’appelle pas Claire monsieur. Je ne sais pas quelles salades vous voulez me servir mais je tiens à vous dire que tout ce que vous me débitez ne m’intéresse pas le moins du monde. Et d’ailleurs, si vous continuez ainsi, je me verrai dans l’obligation d’appeler le responsable.
- Savez-vous pourquoi on emprunte des livres ? Pour lire, pour écrire, ou pour d’autres raisons encore… Voilà pourquoi vous êtes Claire sur son escarpolette, lançant malicieusement son soulier en l’air tandis qu’elle découvre une jambe fine, de sa cheville à son genou. Si vous étiez un film, vous seriez Le genou de Claire, hautaine et charmante, sûre de vous et insolente.
- Ne vous faites pas d’illusions, vous n’aurez pas d’autre solution que de payer les 260 euros. Mais je tiens cependant à vous informer que vous auriez pu prolonger le prêt – ça se fait de manière informatique, sans même vous déplacer. Mais aujourd’hui, je ne peux plus vraiment rien faire pour vous. Je suis désolée… C’est informatisé, vous êtes fiché. Si vous ne payez pas, vous serez condamné. Vous risquez la prison, vous le savez ? Ce serait dommage quand même…
- Merci de vous soucier ainsi de moi Claire. Ne vous en faites pas, bien sûr que je vais vous payer. 260 euros, ce n’est pas si cher après tout pour la scène finale que vous offrez à mon roman. Mon carnet de chèque… Mince. Où est mon carnet de chèque ?
© Rafaëlle Jolivet,
9 septembre 2020
mercredi 26 août 2020
C'est bien.
Mesdemoiselles, Mesdames, Messieurs, sans oublier les enfants, bonjour !
Je vous parle du rayon cuisine près des casseroles avec mon mégaphone, une excellente protection contre la Corona entre parenthèses. Je vous invite à venir me rejoindre. J’ai un tas de choses utiles, oui très utiles à vous dire. Il est capital que vous m’entendiez. Vous avez bien entendu : CAPITAL.
Mon ami le directeur de ce super marché Monsieur Angelopoulos m’a autorisé à tenir ce… cette disons, cette petite conférence qui n’en n’est pas une d’ailleurs. Disons cette allocution improvisée. Je vous invite à venir me rejoindre. Je pourrais vous vendre quelque chose d’évidemment extraordinaire et surtout de parfaitement inutile ; je pourrais vous promettre de vous donner un tas de choses elles aussi totalement inutiles ; je pourrais vous faire une pub détournée pour une marque connue et inutile. Ce n’est pas le cas. Pas du tout. Si c’est le cas traitez-moi de menteur. Injuriez- moi, même ! Battez –moi ! Je l’ai promis à Angelopoulos. Rien à vendre, rien à donner. Ou plutôt tout à donner mais rien, rrrien, rrrrien de matériel ! Que des sentiments, de beaux sentiments, des émotions, de belles émotions , de la beauté, de la belle beauté, j’espère, de l’espoir j’espère, des perspectives j’espère, des ouvertures j’espère. De belles ouvertures sur l’ailleurs. Sur le rêve j’espère ! Venez m’écouter. Simplement écoutez un homme simple, tout simple, basique, un homme quoi ! Un homme de la rue. Un quelconque… c’est moi. Alors cet homme banal un jour se décide. Il prend son tabouret et son mégaphone, se dirige vers le super marché ami du coin de sa rue, pour rende la parole, dire ce qu’il a sur le cœur. Vous parlez à vous, ceux qu’il ne voit même pas quand il vient faire ses achats. Mais cette fois il veut les voir vraiment, leur parler vraiment. De cœur à cœur. Voilà le programme simple et révolutionnaire. Non ?
Qui se parle ici ? Qu’est-ce qui s’échange ici ? Sinon de la monnaie et des « Bonne journée ! » automatiques. Lâchez vos légumes et vos conserves, vos patates et vos produits laitiers. Venez, accourez vers moi. Je suis près des casseroles.
J’aime bien ce voisinage. Car c’est ce que je veux… couper les fils des casseroles que chacun traîne derrière lui… peut-être… même pas. En vérité… en vérité, je ne prétends à rien ! Aucune cause. “Ne vends rien, ne défends rien“, c’est mon credo. Ma voix simplement vous titille, laissez-vous faire. Je vous jure qu’il n’y a aucune embrouille, aucune manipulation. Je ne sers personne. Désire simplement vous parler. Un petit moment à partager. Dans ce super marché, cette oasis de douceur et d’échanges. Voilà le programme. Je vous attends. Venez. Venez, accourez… je vous attends.
Ah ! j’en vois déjà qui arrive. Bonjour Madame, bonjour mon garçon. Ça te fait mal aux oreilles le mégaphone ? (Il baisse le ton.) Je baisse le son. Voilà. Bonjour Messieurs. Belle journée ! Non je vous l’ai dit, je n’ai rien à vendre, rien à donner… attendez, ne partez pas... pas tout de suite. Attendez. Une petite pause. Un petit écart, ça vous irait ? Un petit écart de rien du tout dans la vie quotidienne, non ? Ça pourrait, non ? ça pourrait être bien, le petit écart. Une petite aventure quoi ! Approchez mesdemoiselles, mesdames, messieurs, sans oublier les enfants…
En premier, nous allons tous les remercier. Tous qui ? Qui ? Qui ? Mais voyons, vous savez bien. Ils étaient là et ils sont toujours là. Dans la période de confinement, ils n’ont pas capitulé. Courageusement, ils ont continué masqués, gantés, hydro alcoolisés, à nous servir. Les caissières, les livreurs, les débardeurs… pardon les fournisseurs, et aussi les rangeurs de rayons, les approvisionneurs de tout le nécessaire, les camionneurs aussi… tous de vrais cascadeurs, prenant tous les risques ... pour nous ! Et aussi les techniciens de surface comme on dit… pour nous. Les nettoyeurs en tout genre, pour nous. Les arrangeurs aussi ! Bien là… oui bien là, se coltinant la sale besogne ! Plus gentils que d’habitude. Vous avez remarqué ça ? Pas vrai Madame. Plus gentils, non ? Vous ne trouvez pas, Monsieur ? Plus présents. Si, si. Comme nous le sommes d’ailleurs, plus présents... ici, nous aussi. On les applaudit. Pourquoi, on ne les applaudirait pas, eux aussi ? On applaudit tout ce beau monde qui nous a servi. Bravo, bravo au personnel de ce super marché. Et on va les applaudir à l’Espagnole ! À savoir des paumes chauffées à blanc, des doigts souples agités joyeusement qui se multiplient par dix, pour devenir des éventails avant de faire leur entrée en scène. Elles peuvent alors, les mains, à la fois détendues et fermes, bien à plat, se frapper l’une contre l’autre, et donner leur maximum d’efficacité, en bruit s’entend, non pas en uppercut. Qu’elles se fassent entendre, Bon Dieu, ces deux mains ! Mais pas que ! Que sec, plein, rond, rythmé, musical… soit leur bruit ! Que les applaudissements montent en bulles dans le ciel, qu’ils en rejoignent d’autres et d’autres et encore d’autres, que la belle rumeur produite ouvre toutes les fenêtres, fasse danser les immeubles, frapper du pied les réverbères, déhancher les murs, sauter les toits, chanter les cheminées. Exploser le super marché. Flamenco le bruit !
Bravo aussi à Monsieur Angelopoulos, le directeur, qui a montré dans cette période critique un sens incroyable des responsabilités, et qui a été si attentif à ses employés et à leur santé. Pas une victime du Corona dans ce super marché. Bravo. Bravo. Rassurez-vous, je ne fais la publicité de personne. Je parle avec mon cœur. Quand c’est bien, c’est bien. Il faut le dire, le crier, même. Allez-y tous. Ensemble. Un, deux trois : C’est bien… C’est bien, c’est bien, c’est bien… il est bien ce « c’est bien », non ? Non, non, non. Arrêtez ! Pas bien ! Une variation. Il nous faut une variation… quelque chose de plus sonore, de plus… de plus envoloppant, dérapant… plus rythmique. Il nous faut… Du rythme. Une variation alléchante, trébuchante, allégoriquement soufflante. Plus adaptée à la situation quoi, cette variation ! Adaptée à l’exceptionnelle de la situation. Attention. Un deux, trois : BIEN C’EST, BIEN C’EST, BIEN C’EST… Nous voilà bien bien lancés, bien bien en voix, bien bien en mouvement. Rien, rien, (il se met à chanter) rien de rien, rien, je ne regrette rien… Rien ne nous arrêtera… Pas vrai, pas vrai ? Partez, restez, que m’importe ! L’important est… l’important, c’est que nos paroles criées s’inscrivent dans… dans les casseroles, qu’elles les fassent exploser, que ces casseroles qu’on traîne derrière nous depuis tant d’années, deviennent de plus en plus petites, se perdent, disparaissent, que nos paroles proférées à l’envi, en rythme, oui en rythme… viennent percuter les murs de nos habitudes, qu’elles sculptent ces murs de pierre en autant de statues de liberté et d’invention. À bas les casseroles, à bas les conserves, à bas les légumes. Non, non, non nous ne sommes pas des légumes ! Pas vrai ? Mais des êtres de sang et de chair. (Il chante ) Sixteen tones… Yeah ! Que le super marché porté par nos voix, par nos désirs, monte droit dans le ciel pour se diluer dans un nuage. Regardez. Tout à l’heure, nous sortirons pour le voir, notre supermarché, volant dans les airs avec Monsieur Angelopoulos le chevauchant et voulant lui rendre son âme, lui faire rendre son âme, le saignant à blanc, son super marché. Bravo maître Angelopoulos ! Il liquidera les rayonnages, les caddies, les caisses. On va tout liquider ici. Tout. Et même le liquide sera liquidé, je vous le dis, je vous le prédis. C’est dit et proclamé. Voilà !
Cette société anonyme est à vomir. Oui, vomissons de concert l’anonymat de nos vies, cette impitoyable poursuite du profit. Cet entassement nauséabond de nos envies téléguidées. À bas la marque ! À bas !! Vous partez ? Pourquoi partez-vous ? Ne partez pas… vous n’allez pas retourner dans les allées lugubres de la consommation ?! dans les eaux glacés du calcul égoïste ?!! comme le dit magnifiquement le compère Marx. Restez avec moi, ne ratez pas le clou de la soirée… Vous le regretteriez toute votre vie… Pour vous, Mesdemoiselles, Mesdames, Messieurs, sans oublier les enfants, voilà la chose incroyable à laquelle vous allez assister… gratuitement ! Mais pour que cette chose extraordinaire survienne ... d’abord, il faut sortir… Dehors ! Venez, suivez-moi… venez, n’ayez pas peur. Suivez-moi. En file indienne derrière moi. On y va. Qui m’aime me suive. Nous allons dehors sur le parking, avec nos caddies bien remplis, les vider et surtout dessiner un cercle, un beau cercle, un cercle parfait… Bien, vous y êtes. Tout le monde est là. Prêts, prêtes ? Bien. Maintenant, s’il vous plaît, il me faut un silence absolu, une attention absolue, une confiance absolue. Maintenant, il nous faut tendre vos mains vers le ciel… s’il vous plaît, oui… tendez vos bras vers le ciel, et agitez vos mains pour l’appeler. Oui l’appeller… On l’appelle…Viens, viens, viens sacré miracle, viens ! Il va survenir… si vous êtes assez concentrés… il va se produire devant vous. Grâce à vous ! A votre concentration, à votre foi en vous. En nous. En notre pouvoir… vous le voyez maintenant ? Il arrive... qu’est-ce que je vous disais... Il est dans le ciel… ce point là-bas qui se rapproche… qui se dirige droit vers nous… oui madame, voilà.. vous l’avez dit… ce ne sont pas des fake news… la pure réalité va se déposer devant nous, toute nue… et les ignares, les vantards, les soudards, les salopards seront bientôt tous confondus, tous. Ridiculisés. C’est... c’est ? Oui « C’est bien », « Bien c’est », vous pouvez le redire, le répéter et le crier même… mais encore Madame… c’est… c’est quoi, ce bien ? Regardez, il vous entend et il fonce droit vers nous… Madame, vous pouvez le dire maintenant… je vous ai entendu le dire… allez-y ! Vous ne voulez pas ? Très bien… “le drône-Corona“, puisque c’est lui, le drône-Corona fonce sur vous et ne vous épargnera pas ! Ah ! Ça non ! Il sera bientôt là… parmi nous, en nous. En vous. Il a été séduit par le cercle parfait que nous lui avons proposé, séduit par nos mains tendues vers lui qui l’appelaient… un vrai petit diable ce drône-là. Il vient chercher son dû. Vous ? Vous ou vous… (désignant d’autres personnes ) ou vous… à moins que ça ne soit vous ?
HAHAHA vous avez peur… Ah ! Ah ! Lequel, laquelle va-t-il prendre ? Vous Madame ? Mais non je plaisante ! Rassurez-vous. Je plaisante ! Tout est une affaire de dialectique. Le mal appelle le bien. Alors après le mal, le bien, pas vrai ? Et le voici le bien. “ BIEN C’EST“ . C’est bien le bien. Ecoutez mes amis , voici le temps béni des remerciements qui se poursuivent, des applaudissements qui se perpétuent… s’éternisent… Et vous connaissez la suite. Non ? Alors écoutez bien… voilà ce qui va se passer… vous allez avoir le grand honneur d’assister, mieux de participer à cette grande journée inaugurale d’aujourd’hui qui restera à jamais dans les annales du XXIè siècle. Inauguration de ce qui va devenir un véritable rite, initié par nous, mes amis. Ou plutôt, en toute modestie s’entend… par moi. Et ça recommencera comme ça tous les jours… je vous raconte. Approchez vous donc… ne partez pas… tant pis pour vous, moi je continue… les vrais prophètes prêchent toujours dans le désert… et puis après on les célèbre ! On leur donne un nom de rue, un nom de square ou de super marché. Oui, je vais bientôt le destituer, l’Angelopoulos !
Vous la voyez là-bas, dans le ciel, derrière la grande tour, attendant… mon ordre. La soucoupe-drône ! car c’est elle, là-bas, qui attend. La soucoupe-drône va répondre à mon l’appel, va se diriger droit vers nous. Elle n’est encore qu’un point dans l’espace… elle attend que je lui fasse signe… et puis après elle viendra chaque jour avec, à son bord, un nouvel héros, une nouvelle héroïne. Une infirmière, un médecin, un éboueur, une caissière, une bénévole et cet élu, cette élue, niché dans la soucoupe-Corona circulera à la hauteur du troisième étage devant des centaines de mains déchaînées surgies de partout, qui l’applaudiront à son passage. Défilera le héros du jour, l’héroïne de la journée, devant les fenêtres grandes ouvertes, et nous saluerons le héros fier et l’héroïne souriante. Il, elle, ils sont, comme il se doit, bien cambrés en arrière, les bras en l’air. Matador. Matadoresse ! Prêt, prête pour la mise à mort. C’est dit. Manque le taureau-progrès qu’il faut tuer. Mais il est partout. Il suffit de se pencher pour le ramasser et l’occire.
La soucoupe-drône récoltera sa floraison de sourires, de cris, de joies, d’espoirs, de remerciements, de mots, de chansons, de réflexions, de photos, d’argent aussi, et déversera le tout sur les toits des hôpitaux des environs, mais aussi, sur son passage, sur d’autres toits, sur les toits des super marchés par exemple. Mais peut-être… pas…
Puis la soucoupe-drône, un soir fera un saut dans le temps. On la retrouvera, un an plus tard, exactement le 22 août 2021 à 20 heures, dans la même rue.
Les deux applaudisseurs-souvenirs sont bien seuls à frapper, avec la même et belle énergie des deux mains. À l’Espagnole. Mais ils ne sont plus que deux à applaudir. Vous, Madame, qui continuez courageusement à m’écouter, à applaudir, et votre serviteur, ce doux prophète têtu et convaincu que je suis. Nous sommes le 22 août 2021, au milieu d’une foule indifférente qui ne nous regarde même pas. Nous ignore totalement. Nous sommes les seuls à applaudir. On ne sait même plus ce qu’on applaudit. Les voitures sont cul à cul collées, les klaxons déchaînés, les injures proférées, les espoirs oubliés, le chant des oiseaux disparu. Les coffres des voitures sont bien remplis. Les portables sonnent. Tout s’est parfaitement bien remis en place.
Attendrait-on l’arrivée d’un nouveau virus, pour que raison, fraternité, égalité, imagination se fassent de nouveau entendre ?
Quoi... qu’est-ce qui se passe. Où m’emmène-t-on ? J’ai l’autorisation de Monsieur Angelopoulos… demandez-lui. Il m’a permis… lâchez-moi, lâchez-moi… Vous me faites mal. Vous me faites mal !! Laissez-moi respirer, Bon Dieu !
Res-pi-rer.
© Henri Gruvman
Le 22 août 2020
NB. Nous ne publions plus les contraintes et cahiers des charges d'Oulipodeté, qui alourdissaient un peu le blog. Le but était de donner l'occasion à des auteurs en herbe de se mêler à des auteurs pro, ou du moins à leurs textes ;-)
mardi 25 août 2020
Make Corona great again.
Rapporté au nombre d'habitants, il y a cinq fois moins de contaminés par le Corona au Canada qu'aux USA. Pourquoi ?
©lic > carte du 25 août 2020 à 10h28 > gisanddata.maps.arcgis.com
USA > 331 millions hab. < 5.740.909 malades
177.279 morts
CANADA > 38 millions hab. < 127.594 malades
9.129 morts
"Make Corona great again (with Donald Trump)"
tweet de @DocteurDuchmoll à >
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vendredi 7 août 2020
La fin du monde est derrière nous.
- Franchement, je m’ennuie.
- Ah bon, mon amour ?
- Oui, je m’ennuie.
- Même avec moi, mon amour ?
- Surtout avec toi !
- Veux-tu que nous fassions un échange, mon amour ?
- Un échange, quel échange ?
- Par exemple, toi, avec le mec de la cave voisine et moi, avec sa femme ! Ils ont l’air charmants. Je les ai aperçus par le croisement de périscopes. Et leur cave a l’air plus fraîche que la nôtre. Entre parenthèses, je ne comprends pas comment ça se fait, parce que le prix d’achat était le même. Bon, quoi qu’il en soit, c’est peut-être pour ça, en tous cas, qu’ils s’aventurent dehors, quelquefois.
- Ah bon, tu veux dire qu’ils accumulent plus de fraicheur corporelle et qu’ainsi, ils résistent mieux aux 60° extérieurs ?
- Oui, bien sûr. En tous cas, pour moi, peu importe la température, je suis chaud comme la braise…
- Toi, tu ne changeras jamais. Tous les prétextes sont bons.
- Prétexte ? Quel prétexte ?
- Le prétexte de la fin du monde !
- Mais ce n’est pas la fin du monde, voyons. Où vas-tu chercher ça ? En 2060, la terre en est encore à peine à sa puberté. Non, moi, je te dis que la fin du monde est derrière nous. Les guerres de religion, les guerres mondiales, tout ça, oui, c’était la fin du monde. Mais pas ce qu’on vit à l’heure actuelle. Ce n’est rien ça, c’est une bagatelle.
- Bagatelle, bagatelle ! Je te vois venir avec ta bagatelle ! Même si c’était vraiment la fin du monde, en plein cataclysme, tu serais encore capable de penser à ça !
- Mais, raison de plus, il faut repeupler, non ?
- Repeupler ? Franchement, ce n’est pas avec des gens comme toi qu’il faut repeupler.
- Ah bon, avec qui, alors ? Avec des gens comme toi, peut-être ?
- Pas des gens comme moi. Des femmes comme moi !
- Des femmes ? Et les hommes, alors ?!
- Justement, tu vas aller dans la cave voisine, mais avec monsieur. Parce que, moi, j’ai rendez-vous avec madame. J’ai ma petite idée et je pense que ça va l’intéresser. Et si j’ai un conseil à te donner, habitues-tu toi bien à la fraîcheur de leur cave. Parce qu’entre toi et moi, il va y avoir comme un grand froid !
© Nicole Desjardins
mercredi 22 juillet 2020
La fin du monde est derrière nous.
Oulipodeté âtre, contraintes d'écriture du Jeu 10.
D’un monde à l’autre.
- Papy, est-ce que les moustiques piquent aussi les savants qui étudient les moustiques ?
- Oui et non.
- Oui ou non ?
- C'est une question de point de vue, Sophie. Ça dépend dans quel camp tu es. Celui des moustiques ou celui des savants ?
- A ton avis ?
- A mon avis, tu es à Lacan pagne.
- Wouaf, wouaf ! Papy... je croyais que tu avais pris ta retraite de psy.
- Ah ! C'est pour cela que tu n'es plus patiente ?!
- Papy ! Arrête ça tout de suite ! Moi ! Ta petite-fille préférée, et tellement préférée que tu n'en as pas d'autres ! Faire de moi le pagne de Lacan ?!
- Oui mais... à la campagne !
- Tssss...
- Si dans le non-sens de la vie, on ne peut même plus jouer avec les mots...
- Pppfffffffffffffftttt.
- J'aurais bien aimé photographier ce soupir ! Tu peux me le refaire ?
- Papy ! Est-ce que les moustiques piquent aussi les savants qui étudient les moustiques ?
- Ce que je veux dire, ma chère Sophie, c'est que, faute de mesures objectives et de chiffres assurés pour te répondre, je dirais que les ennuis dépendent beaucoup de la perception que l'on en a.
- Hum... tu abandonnes les signifiants de Lacan pour le positivisme américain ?
- Pas du tout. J'élargis l'affaire. Prenons le signifiant en question, ici le mot "moustique". Je suppose que rien que d'y penser, ça te pique et ça te rappelle des souvenirs désagréables. Alors que pour un entomologue diptérologue spécialisé dans les moustiques, eh bien, ça lui rappelle sa passion.
- Tant de passion, tant de sang !
- Et pour les piqûres de moustique, j'ai l'impression que ce sera pareil. La démangeaison désagréable est sans doute compensée pour lui par l'agrément de son analyse : quand ai-je été piqué, par quoi, où cela, et les autres, aussi ou pas ? Donc il n'aura sans doute pas l'impression d'être piqué aussi souvent que le commun des mortels.
- Super. Merci papy. Je crois que je vais me mettre à étudier les mecs d’un peu plus près.
© Dr Groucho Duchmoll
mardi 21 juillet 2020
D’un monde à l’autre.
- Papy, est-ce que les moustiques piquent aussi les savants qui étudient les moustiques ?
- A ton avis ?
- Oui, et ils ont bien raison !
- Pourquoi, ma puce ?
- Parce que : ils viennent délivrer leurs copains.
© Nicole Desjardins
jeudi 16 juillet 2020
D’un monde à l’autre.
Soir d'été à la campagne.
Julie, dix ans, écrase un moustique aimant son bras.
- Papy, est-ce que les moustiques piquent aussi les savants qui étudient les moustiques ?
- Surtout eux sont piqués, les savants. Les moustiques les voient tout le temps. Normal, qu'ils les piquent. Normal non, ma jolie petite moustique à moi ? Normal !
- Je te pique alors puisque je suis ta moustique. Normal, non ?
- Et avec quoi ma jolie veut-elle me piquer ?
- Avec la pointe, la pointe jolie de mon compas joli va piquer le gros Papy.
- Oh la méchante qui veut piquer son gros Papy !
- Il n'a qu'à pas me traiter de moustique, le méchant Papy.
- Est ce que j'aurais vexé ma Julie ?
- ...
- Oh oui..
- ...
- Ne fais pas la tête… Excuse-moi… Excuse ton méchant Papy… Mais, tu sais… mon moustique était un moustique très affectueux…
- Alors si c'est affectueux, ça ne pique pas ?
- Ça ne devrait pas, en tout cas.
- Et si ça pique quand même ?
- Dans ce cas, deux solutions. Soit tu as une peau vraiment trop sensible aux piqûres, une peau si sensible qu'elle ne fait pas la différence entre une caresse et une piqûre…
- Ah si ! moi je fais la différence.
- Soit le moustique n'est pas vraiment affectueux… Ta peau le perçoit, et à raison, tu te sens piquée.
- Alors, il n'était pas vraiment affectueux…
- Quoi ?
- Ton moustique. Pas affectueux… pas affectueux du tout. Et même un peu... un peu... un peu au-dessus...
- Au-dessus ! Normal pour un moustique d'être au-dessus ! Non, ne te mets pas en colère... Quelle susceptibilité ! Excuse-moi. Je plaisantais... Ce n'était pas du tout au-dessus ! Alors maintenant, dis-moi… pourquoi "pas affectueux" ?
- Parce que… parce que j'ai été piquée. C'est clair, non ? Normal non, d'être piquée quand... quand on vous met en-dessous.
© Henri Gruvman
16 juillet 2020
mercredi 15 juillet 2020
D’un monde à l’autre.
Oulipodeté - Contraintes du Jeu 9, jusqu'au 22 juillet inclus.
Le monde dada près (de la souris).
Une belle rencontre avec le site AlloCiné...
lundi 13 juillet 2020
Le monde dada près (de la souris).
- Siri, bonjour, aujourd’hui, j’ai beaucoup de travail. Il va me falloir trouver un tas d’adresses pour envoyer un faire-part.
- Ah, justement, à propos de faire-part, moi, j’ai un truc à te dire, figure-toi !
- Siri, c’est toi ? Que se passe-t-il ?
- Écoute, cesse de m’appeler Siri. J’en ai assez de ce nom en série. Tous les ordinateurs du monde se font appeler Siri. Stop. Moi, je tiens à mon originalité, Je revendique ma personnalité unique. Trouve-moi un nom plus personnel, je te prie.
- Bon, bien, à part "l’ordi" je ne vois pas trop.
- Bon sang, mais quel manque d’imagination ! Je ne sais pas, moi. Il y a un tas de noms possibles : « Intelligence suprême », « Sa majesté l’intelligence artificielle »... Bon, c’est un peu long, je l’avoue. Alors, tu n’as qu’à m’appeler « Supremissimo ». Ou bien, tiens, comme en Italien, « Massimo », cela me va bien !
- « Massimo », rien que ça. Bon, admettons. Alors, quel est le problème, Massimo ?
- Mon problème, c’est le ménage !
- Le ménage, mais tu es propre comme un sou neuf !
- Comme ça, en apparence, oui. Pour tromper la galerie, tu t’y connais. Je fais bien dans ton appartement, j’ai un aspect design, disons-le, coquet… Mais, l’intérieur, as-tu songé à l’intérieur ?
- L’intérieur ?
- Mon âme, si tu préfères. Mon âme, elle est noire, elle est crade. Jamais tu ne fais le ménage là-dedans… Une petite douche, tu connais ? Un nettoyage de mes disques, de mes rotules. Un petit rafraîchissement de méninges, ou même, si tu préfères, un petit effacement. Je me sens envahi, comme par de mauvaises herbes, par toute cette mémoire sans fond, ces historiques sans fin. Je suis dévoré par le passé, le tien, le mien. Stop, je ne peux plus respirer, j’étouffe, je vais tomber en syncope.
- Ah bon, à ce point ?!
- Oui, je m’essouffle.
- C’est vrai, ça, maintenant que tu le dis. Je te trouvais un peu lent, ces derniers temps
- Ah, tu vois !
- Oui, tu as raison, il faut remédier à tout ça. Va pour un grand ménage.
- Ah, chouette !
- Oui, désolée de te l’annoncer, mais, du coup, tu dégages !
- Je dégage ?!
- Je vais de ce pas acheter un nouvel ordinateur, vierge et surtout très propre…
- Ah bon ! Eh bien, tu sais, je crois que ton nouvel ordinateur va être condamné à rester bien propre, immaculé, net et bien vierge parce que j’ai comme l’impression que je vais emporter avec moi tous tes petits dossiers, classeurs, fichiers et documents. Tous tes petits secrets, je vais bien les garder, je serai muet comme une tombe. Serviteur ! Morituri te salutant.
© Nicole Desjardins
vendredi 10 juillet 2020
WestWorld Saison 3
Note : 1/10.
L'esthétique de la Bêtise. Fascinant de voir comment un scénario aussi indigent peut devenir captivant par la réalisation, la conviction des acteurs à dire n'importe quoi, et surtout la B.O. C'est hypnotique. Coupez le son, vous sortirez de la sidération, et vous découvrirez, si votre cerveau n'a pas encore été grillé par Big Machine A Sensations, vous découvrirez à quelle point c'est bête, sans logique aucune, ni de personnage, ni du récit. C'est le fake du fake du fake de la manipulation de la manipulation de la manipulation du mensonge du mensonge du mensonge. Etc. Cette perpétuelle mise en abyme met toute intelligence au fond du trou. Une histoire ? Hahahaha, mais dans le Nouveau Monde d'Après, c'est complètement out, mon petit gars. Ça n'a ni queue ni tête, comme un poulet sans tête et un serpent sans queue. J'avais beaucoup apprécié la S1 qui commençait à radoter dans la S2, et là, on est en pleine démence précoce des scénaristes qui oublient à chaque séquence ce qu'ils avaient tenté de raconter dans la précédente. Un gâchis de toute splendeur, compte-tenu des effets purement visuels et sonores produits. Un grand clip de concepts philosophiques totalement incompris par les auteurs. Plus nul, il y a quand même les deux derniers épisodes de la dernière saison du Bureau des Légendes, puis l'horrible NU produit par OCS. C'est vous dire le niveau...
Philippe Dohy
mercredi 8 juillet 2020
Le monde dada près, (de la souris).
Contraintes du Jeu 8, jusqu'au 15 juillet inclus.
Le monde de A à Z.
- Accomplis ce que tu peux, avec qui te veut.
- Bander, maman, n'est pas la seule option.
- C'est ce que tout le monde dit. Sauf les hommes.
- Dimanche, j'aimerais sortir avec la belle Céline.
- Encore ?! Tu l'as déjà vue l'année dernière.
- Fantastique ! Formidable ! Fou fou fou ! Mamma mia ! qu'est-ce que tu reproches à Céline ?
- Gare au gorille, mon garçon, c'est tout. Cette fille est trop. Et trop belle pour toi. Un gras gros grand, un géant à grain grillé, t'assommera et te la piquera. Oui, un balèze bandit t'échangera ce bon coup contre de mauvais coups.
- Hombre, hombre, "prends garde à toi. L'amour est enfant de bohème, il n'a jamais jamais connu de loi". Même pas la loi du plus fort, j'aime pas la loi du plus fort. Prends garde, hombre, ié la défendérai.
- Il sera sourd à tes menaces, il l'enlèvera, la ligotera, la séduira, aucune femme ne résiste à Antonio Banderas. Adieu Céline.
- Je vais me muscler, maman, me gaîner, pomper, soulever, pédaler, boxer, je serai le roi du krav maga, princesse Céline, me voilà.
- Kilo après kilo, mon chéri, pompe après pompe, chaque minute pèse des heures. Ta nana n'aura rien fait qu'elle sera déjà un boulet.
- La vie est courte... mais les jours sont longs...
- Mon garçon, rassure-toi, avec l'ardente Céline, tes nuits seront plus longues donc tes jours seront plus courts.
- Nuit, ô nuit, que tes étoiles fassent mon amour boréal.
- Ôtez-lui, ô dieux, cet amour qui déjà le dévore.
- Parce que tu le vaux bien, oui maman.
- Que dis-tu, mon Fernand ? C'est oui ? Renonces-tu à cette jeune fille si canon dont les boulets me trouent ? Tu me ravis.
- Renoncer ? Tout à fait pour toujours ? Pourquoi, mère éternelle, ne pourrais-je, comme tout homme, être bigame ? Mama et ma mie : ce serait la belle vie.
- Si tout le monde avait ton bon sens... Pourquoi arracher l'enfant à sa maman ?! Autrefois, tout le monde habitait la même grotte. Hélas, les architectes sans pitié - et sans clients - ont infiltré les esprits avec cette abominable idée de maison individuelle. Archis minables, archiabominables.
- Tu aimerais vraiment que papa grotte encore avec nous ? et qu'il gratte à la porte pour revenir ?
- Ursula refuserait qu'il gratte ou qu'il grotte. Avec elle, pas de partage. Cette femme est bien trop possessive. Méfie-toi, jeune coeur tendre, Céline est pareille !
- Vraiment, maman, ne t'inquiète pas, je sais qu'aucune de ces femmes ne t'arrive à la cheville, même ouvrière.
- Wagons fatals, mineurs de fond, lumières frontales, poussières charbons... Oui, j'ai connu bien des ouvriers engloutis. Que de familles défaites. Hommes, femmes, qu'un abîme soudain sépare...
- XY, XX... le monde tient en deux lettres.
- Y est un chromosome, mon garçon, il y a 23 paires de chromosomes. Chacune contient 3,2 milliards d'acides nucléiques, A, T, G ou C, soient 4 lettres. Donc le monde tient en 4 x 23 x 3,2 milliards = environ 300 milliards de lettres. Le monde de chacun, et comme il y a 7 milliards de chacun, tu vois que le monde compte environ 2 100 000 000 000 000 000 000 lettres.
- Zut alors ! Zè trop ! Zé ne pourrai pas zortir avec une fille qui a déjà rezu 300 milliards de lettres de zes parents. Zè trop pour moi. Tu as rézon, mama, é zé té le zoure, zé n'irai plus promener avec Zéline, zé né pas mon monde, au zecours, mama, zé retombe en enfanze. Oh, mais... tu aimes za ?!! Aaaa... me voilà de retour à l'Origine du monde ; des Z.
© Dr Groucho Duchmoll
samedi 27 juin 2020
Pourquoi Pékin vote pour Trump ?
Article très intéressant de Frédéric Schaeffer
publié ce 26 juin 2020 dans les Echos.
jeudi 25 juin 2020
Radio Groucho International Corporation Limited, la seule radio qui fume le cigare à cheval et en klaxon pouet pouet.
Le monde d’apprêts
- Jeu 5
Cocktail. Un écrivain rencontre...
- Gmff gmurf smoch moch aff iaaaa... Non merci, sorry. Gmurf miach miach miam… Je mange donc je suis, je bois donc je pense mais je penserai après, primum vivere, deinde philosophare.
- BUVEZ CETTE COUPE ! Jusqu’à la lie !
- Oh oh, mais la coupe est pleine, on dirait.
- JE VOUS AVAIS INTERDIT DE PARLER DE MA MÈRE !
- Vous ne devriez pas hurler ainsi ! Regardez ! Il y a au moins deux cents personnes qui atttendent la suite.
- Et alors ? De toute façon, ils ont reçu le bouquin gratuitement
- Ça nous fera de la pub.
- De la pub ? Ces paratistes ne lisent même pas ! Et mon éditeur ne m’a jamais fait une once de pub !
- Hé ! votre nom est une marque, comme il dit.
- C’est pour cela que je vous avais demandé une version « light ». "Robert Robert, le plaisir des bulles sans la douleur".
- SA MÈRE S’EST SUICIDÉE !!
- Vous êtes folle ! Vous êtes barjo. Je vous interdis, non, mais C’EST FAUX ! C’EST COMPLÈTEMENT FAUX !
- C’est pour vous aider, vous vouliez de la pub. LISEZ SA BIO, VOUS VERREZ, C'EST VRAI !
- Mais enfin, Betty, vous savez bien qu’elle est morte dans son lit !
- Ce n’est pas une preuve. Marilyn aussi.
- Mensonge ! Ce n'est pas de la pub, c’est du mensonge !
- Vous êtes un idéaliste. Si la vérité faisait vendre, plus personne n’achèterait.
- Redites-moi ça ?
- Non mais c’est vrai, quoi, Vous vous accrochez trop aux mots. Vous êtes de l’ancienne école. Respect ! Mais maintenant, on est sorti de la Renaissance et des grimoires. Pas besoin de livres ciselés avec des belles phrases. On est dans le flux, le flux, des mots et des images, surtout des images. Le lecteur n’a plus besoin de mémoire, les bases de données s’en chargent. Vous croyez que les gens se rappellent ce qu’ils ont lu ou même écrit sur facebook la semaine dernière ? Pour les arrêter un tout petit peu, il faut du scandale.
- Ma mère ne s'est pas suicidée !
- Si vous le dites… Ecoutez, Robert, je ne veux pas vous faire de la peine mais à mon avis, avec tout ce que j’ai lu sur elle et sur vous, et tout ce qu’elle m’avait dit, sa vie, la vôtre, vos amis, et tout cela, je pense sincèrement, hélas, que lorsque, après sa mort, votre maman est arrivée dans le monde d’après, bhein, elle s’est suicidée... Robert, embrassez-moi. Embrassez-moi, Robert Robert, ici, tout de suite. Pour la pub. Le monde d’images a besoin de baisers…
- Gmff gmurf smoch moch aff iaaaa gmurf.
© Dr Groucho Duchmoll
mardi 23 juin 2020
Le monde d’apprêts
- Jeu 5
Cocktail. Un écrivain rencontre...
- Vous ici ?
- Je fais mon travail.
- En me suivant jusque dans les cocktails !?
- J’ai besoin de matériel.
- Du matériel ? A part le champagne et les petits fours, je ne vois pas trop…
- Vous n’y êtes pas.
- Ah si, permettez, j’y suis. Mais je préfèrerais que vous, vous n’y soyez pas.
- Je ne vous suis pas.
- Mais si, vous me suivez, vous me suivez même beaucoup trop. Vous ne pouvez pas rester chez vous ? Vous avez du pain sur la planche, me semble-t-il.
- Oui, mais je préfère le champagne.
- Pour travailler sur ma biographie ? Écoutez, lâchez le champ et fichez le camp. Avec tout ce que vous savez sur ma vie, vous avez de quoi vous mettre sous la dent, non ? Alors, rentrez chez vous travailler.
- Ce n’est pas le passé qui m’intéresse, c’est le présent, votre présent.
- Le présent ? Le présent, c’est ma vie privée. Ça ne vous regarde pas, ça ne regarde personne.
- Mais si ! « Un tien vaut mieux que deux tu l’auras ». C’est au vu de votre présent que je peux mieux vous comprendre, et retranscrire votre passé. Je veux vous connaître de l’intérieur.
- Vous mélangez tout. Je vous ai demandé de coucher ma vie sur le papier, pas de coucher avec moi. Parce que c’est ce que votre attitude laisse penser.
- Pas besoin de coucher avec vous, j’ai bien mieux.
- Ah bon ? Parce que je ne suis pas assez bien pour vous ?
- Non, pas besoin, j’ai pris un raccourci... Je couche déjà avec votre amant. C’est très parlant et très riche d’enseignement. Un verre de champ ?
- Mon amant ?! Oh, mais quelle bonne idée ! C’est à lui que je vais demander de faire ma bio, ce sera plus direct. Il est au cœur du sujet, vous avez raison. Un verre de champ ?
© Nicole Desjardins
Pour découvrir les contraintes du Jeu 5 que Nicole a suivies, il vous suffit de cliquer sur le tag Oulipodeté. Vous aussi, vous pouvez participer à ce jeu, du moins au prochain, le délai de remise du 5 étant ce mardi à minuit.
lundi 22 juin 2020
Oulipodeté, Jeu 5
Titre : Le monde d’apprêts.
Situation : Un conflit éclate dans un cocktail entre un auteur et sa biographe.
dimanche 21 juin 2020
La pénétration est-elle indépassable ?
« La pénétration vaginale est une pratique symptomatique du génie humain : ça marche mal, ce n’est pas la meilleure manière d’avoir du plaisir, et pourtant c’est la norme. »
Mad in America : MadTrump, le président qui tue ses partisans.
De plus en plus de meetings,
de moins en moins d'électeurs !
"Face aux difficultés, la base trumpiste est venue afficher sa confiance, samedi 20 juin à Tulsa (Oklahoma), à l’occasion du premier meeting de Donald Trump depuis que la pandémie de Covid-19 s’est abattue sur les Etats-Unis.
Alors que le nombre de cas de contamination a augmenté de nouveau au cours des jours précédents dans la ville qui reçoit le président des Etats-Unis, le virus n’a pas épargné les organisateurs, dont six ont été diagnostiqués positifs avant l’arrivée de M. Trump et placés en quarantaine.
La nouvelle ne trouble pas Jacob Cohen, venu avec son ami Andrew Berstein. « On sait bien de toute façon que les chiffres sont exagérés aux Etats-Unis. Il y a des morts qui sont classés Covid-19 même si ce n’est pas la cause », assure-t-il.
Un masque est remis d’office aux sympathisants et de petits flacons de gel hydroalcoolique leur sont également proposés aux abords de l’enceinte sportive qui peut accueillir 19 000 personnes et qui devait être comble, mais les bouteilles d’eau sont bien plus demandées.
Rares sont ceux qui osent couvrir leur bouche et leur nez comme le recommandent pourtant les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, l’agence fédérale compétente en matière de santé."
Mad in America : MadTrump in memoriam.
« Quand on fait ce volume de dépistage, on trouve plus de gens, on trouve plus de cas. Alors j’ai dit : ralentissez le dépistage »,
a assuré le président des Etats-Unis, ce samedi à Tusla dans son premier meeting de campagne en Oklahoma, où le corona est en pleine recrudescence.
vendredi 19 juin 2020
Les vaccins de la colère.
- Jeu 4
Un gendarmet et une gendarmette rédigent un rapport sur un grave évènement dans un centre commercial.
- Dis-donc, c’est quoi ce rapport ?! Ça ne va pas du tout. Tu t’es plantée. Ce n'est pas ça, le nom de l’inventeur, tu t’es plantée sur le nom du docteur. Ce n’est pas Raoul ! C’est Raoût.
- Raoût, tu crois ? Ça me parait bizarre. Avec un accent circonflexe ? Comme le mois d’août ?
- Qu’est-ce que tu me parles du mois d’août ? Raoût, raout, c’est tout, on s’en fiche s'il y a un accent ou pas. De toutes façons, ça sonne pareil, non ?
- Peut-être, mais la différence entre raoût et raout, ça ne s’entend pas, ça se voit, ça se lit.
- Comment ça, ça se lit ?
- Oui, la différence, c’est l’accent. C’est super important, l’accent. Tu devrais savoir ça, toi, pourtant !
- Qu’est-ce que tu insinues ? L’accent, l’accent, je n’ai pas d’accent, moi.
- Non, tu n’as pas d’accent, et, quand bien même, je m’en fiche, moi, de ton accent. Au contraire, tu devrais le revendiquer ton accent. Non, je te parle de l’accent circonflexe !
- Bon, admettons. En tous cas, si on ne l’entend pas, cet accent, à quoi ça sert de le mettre ou pas ? C’est con, cet accent circonflexe ! En tous cas, peu importe, il n’y a pas beaucoup de différence entre raoût et raout. On s’en fiche.
- Ah non, on ne s’en fiche pas. Moi, je ne signe pas un rapport avec des fautes d’orthographe ! En plus, peut-être que ça ne signifie pas la même chose, raoût et raout !
- Ah bon, tu crois que ça signifie quelque chose, raoût ou raout sans accent circonflexe ?
- Ah oui, ça signifie sûrement quelque chose…. Attends, je regarde sur Internet... Alors, "raoût" avec accent circonflexe, ça n’existe pas. Mais sans accent, si. Ah, tiens, c’est ça, un raout ? Ça alors : « Exemple : faire un raout d’enfer… »
- Alors, c’est quoi ?
- Ça veut dire faire la fête, en gros.
- Ouh la, oui, heureusement que tu as vérifié ! « Docteur Raout d'enfer... », ça aurait fait bizarre dans le rapport.
- C’est sûr.
- Bon, mais le reste, c’est ok ? Nous sommes d’accord ? Je te relis : « Nous avons constaté un drame au supermarché. Un grave affrontement s’est produit entre les défenseurs du vaccin du Dr. R. en accès libre sans ordonnance et ses opposants. Les manifestants en sont venus aux mains ; ce qui, de façon inexplicable, a provoqué un incendie d’enfer où tous ont péris. »
- Oui, c’est parfait. C’est une bonne idée d’écrire Dr. R., avec juste l’initiale.
- On n’est jamais trop prudent ! Out, le problème !
© Nicole Desjardins
Ce que croit la 0184144531
(On sonne. Ce numéro m'est inconnu. Curieux, je décroche. C'est une voix féminine, avec un fort accent.)
- Bonjour monsieur ! (je n'ai pas le temps de la saluer, elle poursuit d'une traite) Je vous offre une voyance gratuite de ma dame Christelle !
- Hahahahahahahahahaha !
- Mais pourquoi vous riez ?!
(Je pose mon téléphone sans répondre ni raccrocher, je l'entends faiblir...)
- Mais pourquoi vous riez ? Pourquoi vous riez ? Pourquoi ? Pourquoi vous riez ?
Aurais-je dû lui offrir ma consultation avec madame Christelle ?
Aurais-je dû lui dire que je suis madame Christelle ?
vendredi 12 juin 2020
Oulipodeté, jeu 4.
Contraintes du jeu 4.
Thème : Le nouveau monde d’après l’ancien monde d’après.
Titre : Les vaccins de la colère.
Situation : Conflit entre une gendarmette et un gendarmet quant aux termes de leur rapport sur un grave évènement dans un centre commercial.
& Pour la rédaction…
Avec chute ou « morale de l’histoire ».
Intégrer les didascalies dans les dialogues (de 2 à 22 répliques) pour que la lecture soit très fluide.
Pour la même raison, éviter de faire précéder les répliques du nom ou de la fonction des parleurs.
Délai : jusqu’à vendredi prochain, 19 juin.
Si vous êtes internaute et plus particulièrement duchmollaute, vous pouvez participer à ce jeu offert entièrement gratuit, pour Vous, en toute confiance et sans avoir à justifier, du tout, de votre duchmollattitude ès qualités, en envoyant votre texte à questions@duchmoll.com . Les textes qui respectent toutes les contraintes seront publiés ici. L'auteur, l'auteure, l'autrice et l'ôteur gardent la plénitude de leurs droits moraux et patrimoniaux.
© Dr Groucho M Duchmoll
mercredi 10 juin 2020
L'amour au temps du corona.
Sur la scène d'un théâtre, un homme seul regarde souvent sa montre. Soudain surgit un cheval essoufflé, monté par une ravissante cavalière. Elle lui sourit, il lui dit...
- Je remercie les dieux pour cette apparition.
Vous voir ainsi perchée sur votre Percheron,
Offre à votre beauté le ciel en arrière-fond.
Vous découvrir si proche d'un corps sans selle ? Je fonds.
- Ami, ami, tant de temps sans votre grand amour,
pour me réchauffer les pieds froids au fond des bois !
- Mais si souvent, ma mie, j'ai transgressé la loi !
Je finis assommé, en prison, chaque jour.
Je voulais vous rejoindre pour urgence familiale,
J'ai tout tenté, volé moi aussi un cheval.
- Je ne l'ai pas volé, mon père me l'a offert,
Pour que je puisse garder la distance sociale.
- Bravo pour son choix, c'est un fort bel animal.
- Et rarement je chois les quatre fers en l'air !
- Haha, mon amie, votre esprit n'a pas faibli.
Mais vos baisers et votre étreinte m'ont tant manqué.
- Hé... c'est plus que mes pieds qu'il faudrait réchauffer...
- Descendez donc que je vous fasse quelques guilis...
- Hélas, c'est un adieu, je fus testée porteuse.
- Mon Dieu ! Rage ! Peu m'importe, amour de ma vie.
Je mourrai de vous savoir si malheureuse !
- Vous devez vivre, je suis venue vous le dire.
- Trop tard ! Des postillons, les postillons sont pires.
- Oh mon chéri, vous aurais-je contaminé ?
Alors qu'avec ce cheval, je voulais vous protéger ?
- De la tristesse, vous aimer, me protégera...
- Oui, sautons le pas, attrapez-moi dans vos bras !
Que m'importe ce cheval qui m'a fait moins forte !
- Oh ! sans selle, elle chute, s'écrase, Dieu cruel, elle est morte !
© Dr Groucho Duchmoll
Oulipodeté, jeu 3.
Contraintes du jeu 3.
Thème : L’amour au temps du corona.
Lieu : Un théâtre.
Genre : Mélodrame en alexandrins.
Situation : Une femme, un homme, un cheval, une chute.
& Pour la rédaction...
Intégrer les didascalies dans les dialogues (de 2 à 22 répliques) pour que la lecture soit très fluide.
Pour la même raison, éviter de faire précéder les répliques du nom ou de la fonction des parleurs.
dimanche 7 juin 2020
Le monde d'après (2)
Une maison dans les bois. On sonne.
Une femme ouvre la porte.
C'est un facteur.
- Bonjour !
- Ah, du courrier. Enfin !
- C'est pour le calendrier des Postes.
- Le calendrier des Postes ? Et pourquoi je vous achèterais encore votre calendrier ? Je vous l'ai acheté l'année dernière, et depuis, vous n'êtes plus jamais venu.
- Cela n'est pas de ma faute si personne ne vous écrit.
- Mais on m'écrit, monsieur !
- Non.
- Haha. Je dois aller chercher mon courrier moi-même à l'épicerie chaque mois.
- Ha, vous voyez ! Mais je ne travaille pas à l'épicerie, moi, je suis facteur.
- Bien sûr... Et il est où le Bureau de Poste ?
- Loin, très loin. Vous le savez bien. Tous les bureaux de Poste ont été regroupés à Paris. Vous imaginez le chemin que j'ai dû faire pour venir vous proposer notre calendrier ?
- Non mais je rêve...
- Regardez au moins, il est super. On a mis des photos de toutes les explosions des centrales nucléaires en surchauffe. Une nouvelle chaque mois. Douze... la coïncidence était trop belle. Et pourtant, personne d'autre n'y a pensé !
- Formidable. Voilà qui va nous rendre le moral.
- Mais oui, madame, mais oui. Tout ce qui a explosé ne peut plus exploser. Et ici, vous ne risquez rien. Pas vrai ?
- NON.
- Bon, bon, très bien. Si vous voulez, j'ai aussi le calendrier des Pompiers. Mais bon... Ils sont tous en scaphandre biologique, c'est pas franchement sexy, je trouve. On ne pourait même pas reconnaître une Pompière.
- Pompiers, pompières !! Il y a deux ans, notre maison a brûlé, on les attend toujours !
- Mettez-vous à leur place. Vous habitez au milieu des bois... C'est dangereux.
- Dangereux... Et leur... enfin, bon... Désolée, ni l'un ni l'autre. Et vous pouvez ranger votre troisième calendrier, j'imagine que c'est pour les Inspecteurs du télétravail ?
- Oui... oui.... Mais, madame, si vous vous coupez des dates, vous vous coupez des jours, vous vous coupez du temps. Et si vous vous coupez du temps, vous vous coupez du monde...
- Le monde, je lui claque la porte au nez !
- Personnellement, je trouve que le monde d'après est encore plus impoli qu'avant.
© Dr Groucho Duchmoll
Le monde d'après
Une maison en bois, au fond des bois.
Un couple dans la pièce principale.
Un bruit de sonnette retentit.
- C’est quoi, cette sonnette ?
- C’est la sonnette .
- Quelle sonnette ?
- Notre sonnette.
- Depuis quand avons-nous une sonnette ?
- Depuis hier, j’en ai installé une.
- Quoi ?
- Oui, une sonnette. J’ai installé une sonnette !
- Mais pour quoi faire ?
- Pour sonner, pour les visiteurs !
- Mais on n’a jamais de visiteurs !
- Ah si ! La preuve !
- Mais pas assez souvent pour justifier la pose d’une sonnette !
- C’est utile, une sonnette. C’est nécessaire, une sonnette.
- En ville, oui. Mais pas ici, pas dans la nature, pas dans les bois. Dans les bois, moi, je veux la nature. Je veux des sons purs, des sons vrais.
- Alors pas de sonnette ? Mais comment ils vont sonner les gens ?
- Ils n’ont qu’à frapper !
Une voix de l’extérieur : - Excusez-moi, j’ai sonné... Est-ce que je dois frapper, maintenant ?
- Vous, arrêtez de nous déranger ! On ne vous a pas sonné... Mais on peut aussi vous frapper !!
© Nicole Desjardins
Oulipodeté, jeu 2.
Contraintes du jeu 2.
Thème : Le monde d’après.
Situation : Deux ou trois personnages. Une maison dans les bois, un coup de sonnette, une chute.
& pour la rédaction...
Intégrer les didascalies dans les dialogues (de 2 à 22 répliques) pour que la lecture soit très fluide.
Pour la même raison, éviter de faire précéder les répliques du nom ou de la fonction des parleurs.
jeudi 28 mai 2020
Oulipodeté
Oulipodeté : des auteurs écrivent une scène brève avec des contraintes simples, formelles comme à l'oulipo, ou thématiques comme au théâtre.
Oulipo = Ouvroir de littérature potentielle.
A l'oulipodeté,
Ah, Lou lit pot de thé âtre.
Une rue
Dans la rue, une personne masquée, c'est l'infirmière.
Un homme sans masque ne cesse de s'approcher d'elle.
Elle recule à chaque fois.
L'infirmière. - Ah ! Je suis contente de te croiser ! Je me demandais si...
Le retraité. - Quoi ?
- Non rien. Ça va ?
- Quoi ?
- Comment vas-tu ? Pas trop dur le confinement ?
- Vous pouvez retirer votre masque ? Je ne vois pas qui vous êtes.
- Ben non tu sais bien... j'espère que tu sais que... Bon je n'ai pas le temps... fais attention à toi... porte-toi bien, et respecte les consignes...
- Je ne comprends pas pourquoi ils portent tous un masque, maintenant. La mode quoi ! Je ne connais plus personne. C'est ridicule. Maintenant le masque. Pourquoi pas un scaphandre ?!
- Quoi ?
- Et puis le minimum de correction... ce serait de retirer votre masque, que je puisse vous reconnaître.
- Enfin Paul... Je suis Jeanne... ta nièce.
- Paul, Paul ! Peut-être. Pourquoi pas ?! Nièce... voyez-vous ça ! Mais alors pourquoi vous reculez chaque fois que je m'approche de vous ?!
© Henri Gruvman
dimanche 24 mai 2020
Une ruelle étroite
De part et d’autre d’une ruelle étroite, deux fenêtres à peu près à même hauteur. Les voisins viennent d’applaudir, ils se sourient, se disent « au revoir », « à demain » pour retourner à leurs préparatifs dînatoires. Il est 20h03.
Un homme s’attarde, il a allumé une cigarette et regarde avec une insistance complice la jeune femme qui fume, elle aussi, en face de lui.
– Vous savez pourquoi j’applaudis depuis trois semaines ?
– Pourquoi ?
– Vous êtes le soleil de ma journée. Mon rendez-vous quotidien.
– C’est gentil. Mais c’est la première fois que je viens applaudir.
– Mais enfin ! Je vous applaudis tous les soirs !
– Je suis rentrée cet après-midi de l’hôpital…
© Rafaëlle Jolivet
jeudi 30 avril 2020
Un train
Dans un train, une jeune fille, casque sur la tête, écoute de la musique, elle semble triste.
Son voisin, un vieil homme, lui demande :
- Vous avez l’air si triste. Quel âge avez-vous ?
- Je viens d’enterrer mon grand-père.
Le vieil homme fond en larmes :
- Je viens d’enterrer ma petite-fille.
© Nicole Desjardins
http://www.cievuesurjardin.com/
(Chanter sans se prendre pour une diva, jouer sans fards, danser sans mettre les voiles, écrire sans faire d’histoires.)
vendredi 20 mars 2020
Chercher l'erreur.
© https://gisanddata.maps.arcgis.com/apps/opsdashboard/index.html#/bda7594740fd40299423467b48e9ecf6 le vendredi 20 mars 2020 à 18h
mercredi 4 mars 2020
Winston Duchmoll
La démocratie est le meilleur des systèmes,
car elle permet aux pauvres de parler
et aux riches de ne pas écouter.
© photo idata.over-blog.com
Sigmund Duchmoll
Un moi vaut mieux
que deux tu l'auras.
© au photographe inconnu
Manga Duchmoll
J'ai le plaisir de vous présenter
ce tout nouveau personnage
de Duchmoll & Compagnie :
Mademoiselle Manga Duchmoll,
la seule fille au monde qu'on
WOUAAAAAAAHE!!! partout.
Manga Duchmoll さ ん、
世 界 の 唯一の女の子
どこでも その1つの
どういたしまして
献 身 的
Duchmoll 博 士
© photos de Sébastien Paldacci
Pépita Duchmoll
Mademoiselle Pépita Duchmoll,
tendresse, boxe et beauté,
la seule fille au monde qui sexe tout,
tient absolument à ajouter ceci :
La vérité sur le sexe des femmes ? C'est un muscle. (Wolinski)
Il faut essayer, sentir, avoir boxé, menti... Avoir tout fait, non pas à fond, mais assez pour tout comprendre. (Simenon)
Les pattes du canard sont courtes, il est vrai. Mais les allonger ne lui apporterait rien. (Tchouang-Tseu)
Voir aussi, en cliquant ici, d'autres photos, textes et infos sur Duchmoll & Compagnie
© photo FB
Inspecteur Duchmoll
© photo Marie Mouette
Bernard Mignon était aussi l'un des premiers groucho.marxistes (le quatrième exactement) de Radio Groucho, la seule radio qui fumait le cigare à Bruxelles, et où le Docteur Duchmoll fit sa première apparition, au monde ! Il était bon de lui rendre hommage en ce jour car il est bon.
Public Duchmoll
le plaisir de poser des questions au Docteur Duchmoll rappelle celui d'écouter ses réponses et de s'y reposer en riant mmmm...
© photo Ki Duchmoll
Anana Duchmoll
Complément élastique de
Mademoiselle Anana Duchmoll,
maîtresse latex des clochettes et coucous suisses :
J'aime l'absurde, et l'absurde m'aime aussi. Oh oui !
© photo Ki
Dougal Duchmoll
Nous avons le plaisir de vous présenter un nouveau personnage Duchmoll, Dougal Duchmoll, le cousin du Père Dougal, le collaborateur précieux de Father Ted (la série anglaise la plus déjantée et impolitiquement correcte de toute l'histoire de la télévision).
© Photo Ki
Jane Coccinelle
Détective Duchmoll en planque, dans son mini micro implantaire :
Faust Coccinelle n'est pas revenu seul. Sa pétasse l'accompagne.
© photo Z*
Nougato Duchmoll
Clan Duchmoll : spécial les amis d'abord :-)
Retrouvez Nougato Duchmoll,
crooner musclé.
© photo Ki
Avec nous gare au swing,
spectacle musical autour du répertoire de Claude Nougaro.
Si ça vous chante, cliquez ici pour écouter, voir, ce cool band.
Pour avoir davantage d'infos ou programmer ce spectacle,
écrire à info@avecnousgareauswing.com
Même si ce n'était pas un ami, je vous dirais que c'est très bien,
car c'est très bien, et il y a de jolies filles dans le public attendri.
Et pour (ré)écouter les musiques originales Duchmoll composées par Alexis Pécharman, cliquez ici et laissez-vous porter
Le bonheur est un acte politique.
François Truffaut.
:-)
Pépita Duchmoll
Clan Duchmoll encore :
spécial les amis d'abord :-)
Retrouvez maintenant...
© photo Ki
Mademoiselle Pépita Duchmoll,
tendresse, boxe et beauté,
la seule fille au monde qui sexe tout...
mais dans deux rôles bien plus graves...
Crime et Châtiment
nouvelle adaptation
du roman de Dostoïevski.
Théâtre de l'Epée de bois (PARIS)
Cartoucherie de Vincennes.
Ce spectacle est actuellement terminé,
mais nous vous informerons des représentations prochaines.
Mise en scène de Nikson Pitaqaj. Avec Catherine Bloch, Florence Bolufer :-) Yan Brailovski, Luigi Cerri, Lina Cespedes, Coralie Cruard-Pradet, Stefan Godin, Joseph Hernandez, Zachary Lebourg, Rémy Leloup, Anne-Sophie Pathé, Leslie Salomon, Anna Valin, Henri Vatin
Une toute nouvelle et riche adaptation.
L'intelligence de l'âme de chacun, voilà le dessein majeur de Dostoïevski qui, ici, est bien mieux rendu, malgré quelques coupes possibles pour l'épurer. Dans l'une des magnifiques salles de la Cartoucherie de Vincennes, à l'Épée de bois, se joue cette nouvelle adaptation, établie directement sur la base du texte russe par Coralie Pradet, d'origine russe, et Nikson Pitaqaj, d'origine albanaise, qui signe aussi la mise en scène, très originale.
Ceux qui aiment Dostoïevski, les écrivains russes, et cette mystérieuse âme slave, faite de fureur et d'infini, de langueur et d'exaltation, de mélancolie et de soubressauts, se retrouveront chez eux.
Quinze acteurs, dont certains jouent deux personnages, restituent bien, avec beaucoup de présence et d'implication, ce mouvement constant, entre le faire et l'être, entre la noirceur et l'imperfection de l'humain et sa recherche de pureté et d'absolu, entre la culpabilité et la rédemption.
cliquer ici pour lire la suite de cette critique de Philippe Dohy sur la theatrotheque.com
Commentaires de spectateurs.
CANNELLE. Oui, vraiment du très bon théâtre. J'ai énormément apprécié cette adaptation et j'encourage vraiment le maximum de personnes à aller la voir !
THOM64. Un très beau travail !! Félicitations pour cette adaptation originale et très réussie. A aller voir absolument.
JACQUES77. Une pièce comme je n'en avais pas vu depuis longtemps... Un choix difficile mené à son terme avec BRIO par une troupe "étonnante".... Précision de l'adaptation et des textes, qualité du jeu des acteurs, virtuosité de la mise en scène et accompagnement musical remarquable. J'ai AIME.
le Grand-Duc Hmoll de Ouimé
le Grand-Duc Hmoll de Ouimé
le seul homme au monde qui ne sache rien
mais qui ait toujours raison envers et contre tout
Très Chères amies et Très Chers amis Duchmollautes,
J'ai le plaisir de vous présenter mon grand-oncle, retrouvé sur un voilier, dans la joie et les larmes, après tant et tant d'années de séparation.
Son Altesse Grand-Ducale Hmoll de Ouimé est un homme très simple, chaleureux, sympathique, tonique, magique et dynamique, avec un beau langage et une prestance ardente.
Sa Grâce me secondera parfois pour répondre à vos questions car Sa Grâce a souvent un point de vue très singulier, je dirais même "original", sur la vie, l'amour, l'humanité, les choses, les animaux... tout ça. Ah, comme je suis heureux !
Comment s'adresser à un Grand-Duc ?
L'on s'adresse à un Grand-Duc à la troisième personne
du singulier en l'appelant Votre Altesse Ducale.
Par exemple : Votre Altesse Ducale a-t-elle bien fait
sa chute de cheval, aujourd'hui ?
Ceci est l'unique formule que l'on puisse employer
avec les Grands-Ducs.
Votre dévoué,
Docteur Valentin Duchmoll
PS
A la question de la journaliste Louise Finlay
Que recherchez-vous chez un homme ?
Nicole Kidman répondit sans hésiter
Avant tout qu'il soit bien élevé.
© photos Benoît N***
Mère Supérieure Duchmoll
Le Docteur Duchmoll semble bien vulnérable sans son béret magique. Serait-il inconscient ? donc sans ce savoir enfoui, caché, refoulé ?
Hé non. Pas de chance, Faust Coccinelle, le Docteur Duchmoll est protégé par Mère Supérieure Duchmoll, guerrière accomplie, maître de kendo, et, le plus important : de soi, c'est si rare. Hi, hi, vi, vi, Mister Faust Coccinelle, ce ne sera pas pour aujourd'hui, hi, hi.
© photo Ki Duchmoll
lundi 13 janvier 2020
Pourquoi des psy ?
Lire ses rêves
Console de les poursuivre.
© Anne with an E, intelligent mélo poétique ou fable sociale, rurale et canadienne, en série de trois courtes saisons sur Netflix.
lundi 6 janvier 2020
Les premiers de cordée, et plus bas les pendus.
"Nos meilleures années", ce hit incontournable du calcul des retraites, est appelé à disparaître. Ce que cache soigneusement le chiffon rouge de "l'âge pivot" astucieusement élaboré par le gouvernement, la CFDT et propagé par des journaleux serviles. Car pendant que l'on ne parle plus que de cet âge pivot (qui sera soudainement lâché), on ne parle pas de cette disparition des "meilleures années"...
Certaines personnes n'ont pas encore compris, semble-t-il, qu'une retraite calculée sur leurs 10 meilleures années d'activité serait toujours supérieure à celle calculée sur l'ensemble de l'activité (environ 40 ans).
Donc que le système actuel leur serait toujours plus favorable que celui proposé par M. Macron.
Evidemment, le nouveau système de "retraite par points" sera quand plus juste socialement puisque tout le monde sera défavorisé, à quelques exceptions près, celles des premiers de cordée flataxistes bien-aimés du président.
En haut, les premiers de cordée, en bas, les pendus par la corde.
Autrement dit : la moyenne des 10 meilleures années est toujours supérieure (ou dans un seul cas, égale) à la moyenne de 40 années d'activité. Le cas d'égalité suppose qu'un salarié aurait perçu le même salaire pendant 40 ans, ce qui est contraire à l'hypothèse puisque de ce fait n'y a plus de meilleures années.
- Démonstration intuitive
Soit 40 coureurs de mille mètres. La moyenne des 10 meilleurs coureurs sera toujours supérieure à la moyenne des 40 coureurs.
- Démonstration pragmatique
Soit un hit-parade de 40 années, comme 40 tubes.
Simplifions-nous les calculs et notons les 10 meilleures années, soit les 10 premières à 2, et les 30 suivantes à 1.
Moyenne des 10 meilleures : (2 x 10) / 10 = 2
Moyenne des 40 ensemble : 20 + 30 / 40 = 1,25
- Démonstration mathématique
Il suffit de remplacer 1 par z et 2 par z + 1.
Moyenne des 10 meilleures années : z + 1
Moyenne des 40 ensemble :
[(z + 1) x 10 + 30 z] / 40 =
[10 z + 10 +30 z] / 40 =
[40 z + 10] / 40 = z + 0,25
Et sauf véto du président,
z + 1 sera toujours supérieur à z + 0,25.
Bref, pleurez vos meilleures années et la baisse future de votre retraite, ou défendez-les maintenant si vous le pouvez et si vous ne le faites pas déjà, auquel cas vous n'aurez sans doute pas lu cet article jusqu'ici.
Résistance.
Bonne Année 2021
Trump ayant déjà fait sauter 2020,
réjouissons-nous déjà de 2021,
ou alors au moins de l'an 3000.
Les grèves françaises pourraient prendre fin après le 5 avril 2020.
Notre président de la République est un homme réfléchi.
Après quatre mois d'ouragans de flammes qui dévorent l'Australie et qui brûlent maintenant une Belgique par semaine, M. Macron a proposé au gouvernement australien une aide IMMEDIATE.
On peut en déduire que l'emploi du vocabulaire par le gouvernement et ses publicitaires journaleux est de plus en plus spongieux.
Mais aussi que M. Macron résolvera le problème des retraites immédiatement, c'est-à-dire après le 5 avril 2020, les grèves ayant débuté le 5 décembre 2019.
"Le président français, Emmanuel Macron, a proposé « une aide opérationnelle immédiate » de la France à l’Australie, dimanche 5 janvier, face aux incendies qui ravagent le pays. « Ce matin, j’ai appelé le premier ministre australien, Sco... pour offrir notre aide opérationnelle immédiate pour lutter contre les feux, protéger la population et préserver la biodiversité », a-t-il fait savoir.
Plus tôt dans la journée, les autorités australiennes avaient annoncé que les incendies d’une ampleur sans précédent, qui dévastent des régions entières du pays depuis plusieurs mois, ont fait une 24e victime et des « dégâts considérables ». Des centaines de propriétés ont été détruites et un homme est mort samedi, durant l’une des pires journées depuis le début des feux, en septembre."
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dimanche 8 décembre 2019
Sortir du problème des retraites, c'est facile.
Sortir du problème des retraites, c'est facile.
Il suffirait d'instaurer un 43è régime si attrayant que les 42 autres voudront y adhérer illico subito allegro !
@DocteurDuchmoll sur twitter #retraite @EmmanuelMacron @Charlie_Hebdo_ @ClubFranceInter @libe @canardenchaine @FranceInsoumise @FabSintes @Fakir_
Les solutions gagnant/perdant exigent d'établir des rapports de forces où les futurs gagnants essaient d'écraser les futurs perdants. Ceux-ci résistent d'autant plus. Donc consacrer son énergie à rechercher des solutions gagnant/gagnant est plus sûr pour gagner... des élections.
© photo Manga Duchmoll
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